Canicule. Record battu à Toulouse avec 42.3° : "un jour on dépassera probablement les 50° en 2050 " selon un prévisionniste

Au début de l'après-midi du mercredi 23 août, les records de températures explosent dans le sud. A Toulouse, le thermomètre a dépassé son record et atteint 42.3°. Avec cette vague caniculaire qui traverse le pays, nous avons posé 4 questions à Pascal Boureau, prévisionniste de Météo-France de 1982 à 2020. Comment peut-on avoir plus de 40 degrés à Toulouse et pourquoi ?

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Les records s'enchaînent en cet après-midi du mercredi 23 août. A 17 heures les records étaient battus : Montauban à 42 °C (contre 41,7°C il y a 20 ans),  Albi Le Sequetre à 42°C (contre 41,4°C il y a 20 ans,  Millau à 40,3°C (contre 38,1°C en août 2020),  Auch à 41,3 °C (contre 40,9°C il y a 20 ans) et Toulouse  à 42,3 °C (précédent record : 40,7 il y a 20 ans).

Des températures suivies attentivement par Pascal Boureau. Ancien prévisionniste de Météo-France à Toulouse de 1982 à 2020, il était en charge des prévisions et de la climatologie de la Haute-Garonne et de la région Midi-Pyrénées.

Désormais élu au Conseil départemental chargé de la transition écologique, il nous décrypte le phénomène en cours. 

Qu'est-ce qu'une vigilance rouge ?

"Le seuil de la vigilance orange est de 36 degrés dans la journée, en étant à 40, on est très largement au-dessus même s'il n'y a pas de seuil précis pour la vigilance rouge. Cela tient au fait que ça dure depuis plusieurs jours et que cela atteint vraiment des sommets.

La vigilance rouge est à l'appréciation des pouvoirs publics, de la préfecture mais aussi les retours des hôpitaux et de tous les systèmes de soins pour signaler "un phénomène exceptionnel".

Cela peut affecter même des gens en bonne santé, il peut y avoir des impacts sanitaires liés à ces chaleurs extrêmes.

En Haute-Garonne, il y a eu des vigilances rouges pour les tempêtes ou le vent. Mais pour la canicule, c'est la toute première fois."

Pourquoi Toulouse monte à 42 degrés ?

"Dépasser 40 degrés à Toulouse, c'est rarissime. Si l'on atteint comme prévu 42 degrés cet après-midi et demain, ce seront des valeurs records.

On a des nuits qui restent très chaudes. La température minimale de la nuit dernière était à 25 degrés, c'est exceptionnel. Habituellement, en cette saison, c'est plutôt autour de 17, 18 degrés. Donc 25 de minimum c'est énorme.

Du coup, dès que le soleil donne, la température remonte très très vite. En plus, il n'y a pas de vent, donc la surchauffe s'accentue de jour en jour."

C’est une situation extrême ?

"Et c'est cela qui a déclenché la vigilance rouge. Il y a non seulement des valeurs dépassant largement les 40 degrés prévus pour aujourd'hui et demain. Mais c'est aussi le continuum, depuis le 8 août, on est nettement au-dessus de 30 degrés.

On touche du doigt la vraie tendance du changement climatique tel que prévu par les experts du Giec. Des canicules, des vagues de chaleur de plus en plus fréquente, de plus en plus intense et sur une période de l'année de plus en plus large, de juin à septembre quasiment.

Cet épisode caniculaire est vraiment révélateur car c'est aussi la vague de chaleur intense la plus tardive jamais enregistrée. Après le 20 août, ce n'était jamais arrivé."

Quelle sera la tendance dans le futur ?

"Malheureusement, il est probable qu'un jour, on dépasse les 45 degrés. 50 degrés en 2050, c'est fortement probable parce que l'on continue à rejeter beaucoup de Co2 et de méthane.

Il y a des impacts que l'on appelle des rétroactions positives comme le dégel du permafrost. Le méthane reste dans l'atmosphère et augmente la quantité de gaz à effet de serre.

Et puis, la climatisation, puisque les climatiseurs rejettent de la chaleur à l'extérieur. Pour rafraîchir l'intérieur, il faut rejeter la chaleur donc cela accentue encore plus le réchauffement, en particulier dans les villes.

Une étude de Météo-France, qui date de quelques années, faisait apparaître à Toulouse une augmentation de la température de 3 degrés liée à la climatisation dans le centre-ville. C'est un vrai problème mais se passer de la climatisation, c'est quand même particulièrement difficile. C'est un effet "cercle vicieux"."

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