Le tour de vis sur la rémunération de l'intérim médical, entré en vigueur le 3 avril 2023, provoque déjà quelques fermetures de services dans les petits hôpitaux. Mécontent de cette mesure, le syndicat national des médecins hospitaliers remplaçants dresse la liste des services impactés. En Midi-Pyrénées, 8 services sont fermés ou pourraient fermer faute de personnels.
C'était à craindre : le plafonnement des salaires des médecins intérimaires met certains services hospitaliers dans le rouge. Annoncé depuis des mois, le tarif des médecins intérimaires a été fixé à 1 390 euros brut pour une garde de 24 heures. Sa mise en vigueur ce 3 avril 2023 a entraîné une vague de protestation chez les médecins remplaçants.
Arrêter l’intérim cannibale
Le recours aux soignants remplaçants est une pratique régulière. Certains services ne fonctionnent que grâce à ces médecins. C'est le cas à l'hôpital de Cahors dans le Lot. Ils sont 40 % chez les anesthésistes, 10 % pour les urgentistes et jusqu'à 60 % dans le service de chirurgie orthopédique.
Thierry Debreux, le directeur du Samu du Lot explique : "je ne suis pas contre l'intérim. Être payé 1 200 à 1 400 euros net pour 24 h, ça ne me choque pas. Mais c'est la surenchère qui n'est pas normale."
Car certains médecins spécialistes n'hésitent pas à se faire payer entre 3 000 et 5 000 euros pour 24 heures de garde. Un chantage au travail que le ministre de la Santé juge comme de "l'intérim cannibale" allant jusqu'à appeler ces soignants des "mercenaires".
En réponse à ce plafonnement, certains médecins ont décidé de faire grève et de refuser les missions.
Le bloc de Rodez, la réa d'Albi, la maternité de Millau
Le Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers (SNMRH), hostile à "tout plafonnement" des tarifs de l'intérim a recensé des centaines de services "menacés de fermeture imminente".
Huit services hospitaliers situés en Midi-Pyrénées figurent dans la liste :
- le bloc opératoire de Rodez (Aveyron)
- la maternité et le service pédiatrique de Millau (Aveyron)
- le bloc opératoire et le service orthopédie de Cahors (Lot)
- la réanimation d'Albi (Tarn)
- le bloc opératoire de Montauban (Tarn-et-Garonne)
- le bloc opératoire de Castres (Tarn)
Contacté par France 3 Occitanie, l'hôpital de Cahors réfute, pour l'instant, toute fermeture de service dans son établissement. Dans l'Aveyron, le centre hospitalier de Rodez s'est organisé tant bien que mal pour pallier le manque d'anesthésistes :
60% des opérations sont déprogrammées mais pour l'instant le bloc opératoire n'est pas fermé.
Pascal Mazet, CGT Santé de l'Aveyron
Les internes appellent à la grève
Et comme si ça ne suffisait pas. Le principal syndicat d'internes en médecine, l'Isni, a appelé ce 4 avril 2023 à une journée de grève le 28 avril pour dénoncer les conditions de travail dans les hôpitaux, et réclamer des hausses de salaires.
Ils refusent de "servir de variable d'ajustement" pour compenser le manque de médecins remplaçants.
"Nous avons des solutions"
François Braun se veut rassurant. "Nous avons des solutions pour les trois premières semaines d'avril", a affirmé le ministre de la Santé, assurant que "les plannings sont remplis" et qu'"il n'y a pas de service qui va fermer de façon sèche".