Plafonnement de l’intérim médical : des craintes de fermetures temporaires de services à l’hôpital de Cahors

Le 3 avril prochain, la loi santé Rist qui prévoit le contrôle des rémunérations des médecins intérimaires à l'hôpital sera appliquée. Une mesure mise en place pour "lutter contre l’intérim cannibale." L'hôpital de Cahors (Lot) se prépare à faire face à un manque de médecins qui refuseraient de travailler dans ces conditions.

Depuis la crise Covid, le recours aux soignants intérimaires ne cesse d'augmenter. En 2021, le coût de l’intérim médical pour les hôpitaux français s’est élevé à 359 millions d’euros, selon le ministère de la Santé. Alors que l’hôpital public manque de bras, certains professionnels de santé intérimaires profitent de la situation pour faire monter les enchères.

Jusqu'à 5 000 euros la garde de 24 h

C'est une minorité, mais certains médecins spécialistes n'hésitent pas à se faire payer entre 3 000 et 5 000 euros pour 24 heures de garde. Un chantage au travail que le ministre de la Santé juge comme de "l'intérim cannibale" allant jusqu'à appeler ces soignants des "mercenaires".

Jusque-là repoussé, car très impopulaire, l'article 33 de la loi Rist sera appliqué dès le 3 avril 2023. Il prévoirait le plafonnement à 1200 euros par 24 heures. 

À l'hôpital de Cahors : 40 % des anesthésistes sont des intérimaires

A l'hôpital de Cahors dans le Lot, les effets de cette mesure risquent de se faire sentir sur l'organisation des services. L'établissement a très souvent recours à l'intérim médical. 40 % chez les anesthésistes, 10 % pour les urgentistes et jusqu'à 60 % dans le service de chirurgie orthopédique. 

La direction de l'hôpital n'a pas souhaité nous communiquer le montant total dédié chaque année à la rémunération de ces médecins intérimaires. 

Thierry Debreux, le directeur du Samu du Lot, confirme que l'hôpital fonctionne grâce à ces médecins. Sans ces soignants, la structure ne pourrait pas prendre en charge correctement les patients. Le directeur du Samu avoue avoir été parfois "obligé" de payer le prix fort pour faire venir un anesthésiste :

L'été dernier, on ne trouvait personne. On a donc eu recours à un anesthésiste qui a été payé 3000 euros pour 24h de garde. C'est ça ou on fermait les blocs.

Thierry Debreux, directeur du Samu du Lot

Le directeur du Samu ajoute : "je ne suis pas contre l'intérim. Être payé 1 200 à 1 400 euros net pour 24 h, ça ne me choque pas. Mais c'est la surenchère qui n'est pas normale." Pourtant, certains médecins ne voudront pas travailler dans ces conditions. Thierry Debreux s'attend à essuyer quelques refus au moment de boucler les plannings d'avril. 

Obligation de fermer des services

Si des médecins manquent à l'appel, l'hôpital lotois risque de devoir fermer certains services. 

On est tous dans l'attente de la nouvelle grille salariale. Pour assurer la permanence des soins sur le planning d'avril, j'ai 10 plages d'intérimaires à couvrir. Si ce n'est pas possible, on sera contraint de fermer des services comme les urgences pendant 2,3 jours.

Thierry Debreux, directeur du Samu du Lot

Alors pour éviter que les praticiens hospitaliers peinent à finir leurs plannings, le ministre de la Santé a demandé aux agences régionales de santé (ARS) d'animer des concertations locales, territoire par territoire, avec les préfets et les élus pour affiner les diagnostics, établissement par établissement.

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