Les urgences du Centre Hospitalier Ariège Couserans (CHAC) seront de nouveau "filtrées" pendant trois jours ou nuits en février. Ce n'est pas la première fois. Ce qui devait être limité dans le temps devient chronique. En cause : le manque de médecins.
La direction du Centre hospitalier Ariège Couserans parle de "régulation" ou de "filtrage". Les syndicats et des médecins évoquent carrément une fermeture. Ce qui est certain, c'est que le patients ne pourront plus se présenter spontanément aux urgences pendant trois jours ou nuits en ce mois de février.
Le dimanche 5 février, la nuit du 14 au 15 février et celle du dimanche 26 au 27 février, ils devront passer par le 15.
Une pénurie de médecins
En novembre 2021, les urgences de l'hôpital de Saint-Girons ont du faire appel à des infirmiers de la réserve sanitaire afin de pouvoir rouvrir. La situation s'est normalisée du côté du personnel para-médical. En revanche, c'est le manque de médecins qui pousse la direction à basculer en mode "dégradé". Et ce n'est pas la première fois depuis ces six derniers mois qu'une régulation est mise en place. Toujours pour la même raison.
Nous avons deux médecins urgentistes 24 heures sur 24. Quand il en manque un, il n'est pas toujours possible de le remplacer.
Direction du CHAC
Du côté des syndicats, l'annonce d'une nouvelle période de "régulation des entrées" est donc tout sauf une surprise.
L'inaction de la direction pointée par la CGT
Représentant de la CGT au CHAC, Arnaud Sevin estime qu'il n'y a rien de "nouveau" dans l'annonce faite par la direction de l'hôpital de Saint-Girons.
Cet été, on nous a dit que c'était exceptionnel et qu'il fallait fermer les urgences par manque de personnel. Septembre, octobre, novembre, décembre sont passés et on est toujours dans la même problématique.
Arnaud SevinCGT-CHAC
Le syndicaliste s'interroge toutefois sur l'action de la direction. Arnaud Sevin se demande si "la direction et l'ARS (ndlr : Agence Régionale de Santé) cherchent vraiment une solution".
Un mal inévitable ?
Médecin généraliste en Ariège, Philippe Calleja regrette la situation des urgences. Il n'est pas forcément critique sur le principe d'une régulation. "On module les entrées et on réoriente en fonction des pathologies, c'est un système cohérent qui permet de réduire la pression" souligne le praticien.
Mais il insiste surtout sur une forme de fatalité, à savoir l'impossibilité de trouver des médecins urgentistes.
C'est une fermeture. Comment on fait ?
Philippe Calléja - médecin généraliste en Ariège
Directeur du SAMU 31 et vice-président en charge de la Santé au Conseil régional, Vincent Bounes précise que la régulation à l'entrée des urgences se généralise dans tous les départements d'Occitanie. Pour le médecin et élu régional, "c'est le résultat de 30 ans de choix politiques désastreux, il n'y a plus assez de soignants. C'est mathématique. Il y a une inadéquation entre le besoin et l'offre de soins".
C'est terrible à dire mais je ne vois pas d'autre solution. On est dans une phase de creux de la démographie médicale.
Vincent BounesProfesseur de médecine et vice-président en charge de la Santé au Conseil régional
Vincent Bounes estime qu'il faudra attendre au moins cinq ans avant que l'on sorte d'un "creux" démographique.