Un rapport présenté à l'Académie de médecine par le professeur Yves Ville, chef du service d'obstétrique de l'hôpital Necker à Paris, pointe "des maternités où il ne faudrait pas accoucher". 111 seraient concernées en France, dont 21 en Occitanie et, parmi elles, 11 ont un niveau d'équipement minimal.
Faute d'effectifs soignants suffisants, "une réduction accrue du nombre de maternités" est nécessaire, selon un rapport présenté à l'Académie de médecine qui juge "illusoire de soutenir" celles réalisant moins de 1.000 accouchements par an. Cette réduction serait de 20 à 25% au plan national.
Leur "regroupement" avec les grandes maternités voisines "supprimerait 111 implantations" sur les 452 sites actuellement en activité en métropole. Déjà 30% des maternités en France ont fermé depuis 2 000.
Dernières en date, la polyclinique Saint-Louis à Ganges, dans l'Hérault, qui ne pratique plus d'accouchements depuis le 20 décembre 2022 car il manque deux gynécologues. Autre exemple : la clinique du Pont de Chaume à Montauban.
52% des maternités d'Occitanie menacées ?
En Occitanie, 21 maternités pratiquent moins de 1 000 accouchements par an. Soit, 52% des 40 établissements de notre région. Cinq sont même sous la barre des 500 naissances annuelles. Mais celles plus particulièrement visées dans le rapport cumulent deux handicaps, peu d'accouchements et un équipement minimal pour les nouveau-nés, dites maternité de niveau 1. Elles sont 11 en Occitanie (surlignées en jaune dans la liste suivante).
15 sont des maternités publiques et 6 sont des cliniques privées.
- Saint-Jean-de-Verges (Ariège) Public (977 accouchements en 2021)
- Saint-Lizier (Ariège) Public (176)
- Narbonne (Aude) Public (897)
- Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) Public (485)
- Millau (Aveyron) Public (344)
- Saint-Affrique (Aveyron) Public (169)
- Bagnols-sur-Cèze (Gard) Public (723)
- Nîmes (Gard) Privé Polyclinique Kennedy (977)
- Muret (Haute-Garonne) Privé Clinique d'Occitanie (509)
- Saint-Gaudens (Haute-Garonne) Public (503)
- Saint-Jean (Haute-Garonne) Privé Clinique de l'Union (841)
- Auch (Gers) Public (930)
- Sète (Hérault) Public Hôpital Saint-Clair (504)
- Sète (Hérault) Privé Polyclinique Sainte-Thérèse (628)
- Cahors (Lot) Public (759)
- Mende (Lozère) Public (420)
- Tarbes (Hautes-Pyrénées) Public Centre hospitalier de Bigorre (948)
- Tarbes (Hautes-Pyrénées) Privé Polyclinique de l'Ormeau (777)
- Lavaur (Tarn) Public (743)
- Montauban (Tarn-et-Garonne) Public Centre hospitalier (986)
- Montauban (Tarn-et-Garonne) Privé Clinique Croix Saint-Michel (762)
L'idée est donc d'en faire des accueils de prénatalité et d'accompagnement de la grossesse puis de suivi après la naissance. Mais les accouchements auraient lieu dans de grandes structures hospitalières très équipées pour toutes les complications médicales, niveau 2, 2A et 3.
Les zones rurales et de montagne sacrifiées ?
Une éventuelle réorganisation sur le modèle préconisé par le rapport dégraderait grandement l'accès à l'accouchement des futures mamans. Notamment en zone rurale et en matière de temps de parcours pour se rendre à la maternité.
Dans certains départements, comme le Lot, le Gers et la Lozère, il n'existe déjà plus qu'une seule maternité. Là, rien ne changerait.
Dans les Pyrénées-Orientales, le Tarn-et-Garonne et les Hautes-Pyrénées, le scénario est presque identique. Car s'il y a bien deux maternités dans chacun des ces départements, (trois dans les Pyrénées-Orientales, si l'on compte celle de l'hôpital transfrontalier de Puigcerdà, en Espagne), elles sont installées au même endroit, dans la ville préfecture.
Selon ce rapport, la fermeture des maternités de type 1 (les moins biens équipées) ne rallongerait que très peu le temps de parcours pour aller accoucher. 89% des naissances auraient lieu à trente minutes ou moins de la maternité la plus proche. Les naissances à plus de quarante-cinq minutes d'une maternité représenteraient alors seulement 3%, et seulement 0,9% pour celles à plus d’une heure de trajet.
Quel avenir pour le rapport ?
L'Académie de médecine n'a pas encore voté en séance plénière ce document rédigé sous la houlette du gynécologue Yves Ville, chef du service d'obstétrique de l'hôpital Necker à Paris. Mais ses conclusions, dévoilées dans Le Parisien, tranchent dans le vif.
Ses auteurs estiment qu'"une politique adaptée en matière de périnatalité devrait s'appuyer sur une réduction accrue du nombre de maternités" et jugent qu'il faut trouver une solution pour les centres qui réalisent moins de 1.000 accouchements par an, car 80% d'entre eux sont en sous-effectif permanent. Ce qui représente, selon le rapport, un danger potentiel pour les patientes et pour les nouveau-nés.