L’adjointe au maire de Toulouse et ancienne députée LR de Haute-Garonne, Laurence Arribagé, a été condamnée à Paris pour dénonciation calomnieuse. Elle avait tenté de déstabiliser la campagne électorale de Corinne Vignon, députée LREM, qui se dit très satisfaite de cette décision. Réaction.
Laurence Arribagé a été condamnée à cinq ans d'inéligibilité ce lundi 29 janvier 2024 par le tribunal correctionnel de Paris. L'actuelle adjointe au maire de Toulouse en Haute-Garonne est reconnue coupable de recel de dénonciation calomnieuse, violation du secret professionnel et prise illégale d'intérêts. Réaction de Corinne Vignon, la députée LREM, contre qui les attaques étaient dirigées.
France 3 : Comment réagissez-vous à cette condamnation ?
Corinne Vignon : Je suis très clairement soulagée. Une enquête a été faite et a été très bien faite. Je pense que la justice a lu tous les documents puisqu'il y avait des preuves, des SMS. Donc la justice a fait son œuvre et c'est une bonne chose.
France 3 : On ne sait pas si elle va faire appel mais elle va être contrainte de démissionner...
Corinne Vignon : Oui effectivement, le jugement est exécutoire donc Madame Arribagé ne sera plus élue de la Métropole ni de la mairie de Toulouse. Ce n'est de mon point de vue qu'une juste sentence. Avec ce jugement, la justice a dit qu'était fini le temps des copains, le temps des coquins et qu'il était temps de remettre les choses en place. Lorsqu'on est élu de la République, on a un devoir d'exemplarité. Or ce complot contre moi, vous l'avez bien compris, a été mis en place pour garder le pouvoir. Ce complot a été déjoué, la justice a fait son œuvre.
France 3 : Vous pouvez nous rappeler le contexte des législatives de 2017, ce qui s'est passé ?
Corinne Vignon : C'était assez étonnant cette histoire puisqu’alors qu'au premier tour, il y avait environ 20 points d'écart entre Madame Arribagé et moi-même, tout à coup, en 24 heures, arrive une affaire comme quoi je fais du travail dissimulé, que j'ai fraudé au niveau des impôts, etc. Très clairement ça m'est tombé dessus de façon complètement inopinée parce que je ne comprenais pas ce qui me tombait dessus.
Bien sûr, je ne suis pas complètement stupide, je sais bien que le monde politique est capable de tout, était capable de tout... Suite à ça, j'ai tout de même été élue au deuxième tour et il y a eu une enquête judiciaire et au bout de trois mois. J'ai été lavée de tout soupçon mais c'est simplement au bout de trois ans que j'ai porté plainte puisque j'ai été convoquée par le SRPJ, la police financière, qui avait toutes les preuves du complot dont j'ai été la victime.
Ils ont fait leur travail, largement documenté avec des preuves, avec tout, tous les écrits entre ces trois personnages. Suite à ça, j'ai porté plainte. Ensuite, l'affaire a été dépaysée à Paris. Le juge d'instruction a décidé de renvoyer au parquet parce que lui aussi avait l'air convaincu de l'affaire.
France 3 : Il y a un mois, c'était le procès, plus de 14h d'audience, vous étiez convaincue qu'elle serait condamnée ?
Corinne Vignon : On n'est jamais convaincue. Ceci dit, j'ai bien compris pendant l'audience qui a duré 14 heures que les juges avaient parfaitement étudié le dossier et qu'ils étaient clairs dans leurs affirmations, ils avaient parfaitement étudié toutes les preuves, comme je vous l'ai dit, ce sont des preuves écrites : SMS, mails, etc... Donc j'avais senti tout de même que les juges n'allaient pas être trop cléments.
Bien sûr, les avocats de la partie adverse avaient demandé la relaxe mais le procureur avait été très clair et ce qu'il demandait était très fort et je suis assez étonnée que le procureur ait été suivi quasiment à 100%.
France 3 : C'est un poids en moins pour vous ?
Corinne Vignon : Oui c'est un poids en moins. J'ai énormément souffert de cette affaire, énormément. J'étais ancienne maire et même les citoyens de ma commune pensaient que j'avais volé les impôts, etc. Il y avait un esprit de suspicion terrible, ça me collait à la peau. La presse, les médias avaient relayé cette affaire... Et même si j’avais été largement blanchie au bout de trois mois, vous savez c'est un entrefilet dans la presse et les gens ne le perçoivent pas. Donc j'ai été vue dans la population comme étant une voleuse, une menteuse, etc. Vraiment c'est une souffrance terrible.
Aujourd'hui, je me sens lavée, je me sens blanchie, je me sens sereine. Je ne me réjouis pas de ce qui arrive à ces personnes mais on va dire que c'est juste. Et quelque part, c'est le retour de boomerang. Vous savez, l'ancienne politique... c'est souvent... il y a eu des époques, le monde des barbouzes. Là la justice met un coup d'arrêt à ce genre de pratiques. Qu'on soit élu de la République, qu'on soit chef d'entreprise, qu'on soit haut fonctionnaire, la justice est au-dessus et il n'y a pas de raison que ces personnes bénéficient d'un favoritisme quel qu'il soit.
France 3 : Est-ce que ça peut jouer sur vos relations de travail avec Monsieur Moudenc ou d'autres membres d'Horizon, des proches de Madame Arribagé... ?
Corinne Vignon : Non parce que j'ai toujours eu d'excellentes relations avec Monsieur Moudenc. Maintenant lui devra se prononcer parce qu'il y aura des changements j'imagine à la maire de Toulouse et à la Métropole puisque le jugement est exécutoire et que Madame Arribagé ne va plus pouvoir être élue à partir de ce soir ou demain.
Donc ça ne va rien changer mais intérieurement, je suis apaisée parce que je suis blanchie, je suis lavée de toutes ces accusations contre moi qui ont duré des années.