Ce 14 mai 2024, deux agents pénitentiaires ont été tués et blessés dans l'attaque d'un fourgon, au péage d'Incarville dans l'Eure. À la suite de quoi l'intersyndicale pénitentiaire a lancé un blocage des prisons. La maison d'arrêt d'Albi et celle de Seysses ont répondu à l'appel.
A la suite de l’attaque d’un fourgon pénitentiaire qui a fait deux morts mardi 14 mai, dans l’Eure, de nombreuse prison répondent à l’appel de blocage du syndicat Ufap-Unsa Justice. Devant la maison d’arrêt d’Albi, une vingtaine de personnes est venue manifester son mécontentement dès le lever du jour.
Parmi elles, Estelle Augusto, surveillante aux escortes judiciaires du Pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej) d’Albi : "Aujourd’hui, on est en deuil. On veut marquer ce jour-là car ce qu’il s’est passé hier est monstrueux. On a été de la chair à canon. Il est hors de question que nous subissions cela, martèle-t-elle. On oscille entre la tristesse pour nos collègues et leur famille, et la colère parce que tout ça aurait pu être évité."
Selon elle, les problèmes de sécurité au niveau des escortes judiciaires soulevés depuis des mois, voire des années, ne sont pas entendus. "C’est un manque de moyen, mais aussi de volonté et c’est minimiser la sécurité des personnels. On est dans une politique du chiffre et ce sont aussi les économies qui les ont tués", assène la surveillante.
"Les missions à deux, terminé"
Du côté du centre pénitentiaire de Seysses (Toulouse), les sentiments sont partagés et les revendications identiques. "On ressent beaucoup de tristesse, mais au-delà de ça, c’est la colère parce que tout le monde savait que ça allait arriver. Et malgré nos demandes de personnel et formation, et nos alertes, rien n’a été fait, se désole Frédéric Le Stanc, secrétaire adjoint union régionale de Toulouse Ufap-Unsa Justice. Nous avons averti que ça allait arriver, même si on espérait que ça n’arrive jamais. Ce qui devait arriver, arriva."
Il espère que des négociations s’ouvrent au niveau national et que la chancellerie écoute les propositions des organisations syndicales. Parmi elles, le développement des visioconférences qui permettraient d’éviter le déplacement des détenus, ou que les magistrats se déplacent afin d’éviter les déplacements dans les tribunaux. Mais il est également important de développer le nombre de personnels en termes d’escortes. "Les missions à deux, terminé, sortir des détenus pour aller signer des papiers, terminé. On n’en veut plus de tout ça", ajoute Estelle Augusto, surveillante aux escortes judiciaires du Prej d’Albi.
Boucliers balistiques et armes d'épaule
Pour Frédéric Le Stanc, il est également nécessaire d’avoir des véhicules blindés, mais aussi banalisés, afin d’éviter d’être pris à partie, comme cela est arrivé hier. Il souhaite également que les agents soient dotés de boucliers balistiques et d’armes d’épaules. "On attend que l’ensemble de ces propositions soient réalisées par la chancellerie pour que l’on fasse notre travail dans la sécurité. Malgré l’évènement, au vu de la situation que connaît le milieu, avec la surpopulation carcérale, le manque de personnels et la multiplication des missions, un mouvement se serait déclenché. On ne peut pas continuer de travailler dans des conditions inacceptables, ce n’est pas possible", conclut le secrétaire adjoint.
Devant le centre pénitentiaire de Seysses, 120 personnels sont présents depuis six heures ce matin, afin de faire faire réagir le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti. Mobilisation également devant la prison de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées.
Une minute de silence a été observée à 11h, ce mercredi 15 mai 2024, dans toute l'administration pénitentiaire et juridictions de France au lendemain de la terrible attaque.