Suite à l'évacuation à coups de matraque de plusieurs dizaines d'étudiants, par des policiers, de la cour de l'université de Toulouse Capitole (Haute-Garonne), mardi 30 avril 2024, le choc subsiste. Le rassemblement en soutien à la Palestine avait été organisé par un syndicat de Sciences Po Toulouse, qui réclame un dialogue avec sa direction.
Dans les couloirs de Sciences Po Toulouse (Haute-Garonne), l'heure est au calme des examens. Pourtant, les événements du 30 avril ont marqué les esprits. Une cinquantaine d'étudiants ont été évacués de force, de la cour de l'université du Capitole, sous les coups de matraque des policiers. Une intervention enclenchée par la direction de la faculté. "Nous sommes très choqués, déclare Loïc, membre du syndicat étudiant le Souffle. La répression de mardi dernier nous oblige à continuer la mobilisation et espérer qu'elle soit massive. Tous les étudiants doivent y prendre part."
Si les étudiants restent engagés, aucune occupation n'est envisagée. "On sait que beaucoup d'étudiants sont stressés par rapport aux examens, on ne souhaite pas les déranger", assure Loïc.
"On ne se sent pas écoutés"
Aujourd'hui, les étudiants ont deux principales revendications. Ils demandent la fin du partenariat de Sciences Po avec deux universités israéliennes. "Ces universités sont complices du génocide en cours, affirme Loïc. Elles participent à l'apartheid depuis des années en offrant des services techniques et scientifiques. Et elles appliquent elles-mêmes cette discrimination."
Surtout, les jeunes réclament un dialogue avec la direction pour évoquer l'évacuation musclée de lundi. "C'est inacceptable que les policiers entrent dans l'établissement universitaire, s'érige Loïc. L'université est censée protéger le débat politique et la confrontation d'idées." Ils demandent des excuses et des explications. "Il y a une vraie désillusion, regrette Estelle, également membre du Souffle. On ne sent pas écoutés. On ne peut apparemment pas débattre sur tous les sujets, alors que nous sommes dans un lieu qui doit être gardien de la liberté d'expression."
Un usage de la force qui inquiète
Un professeur de l'IEP confie que "même si rien n'interdit explicitement le recours aux forces de l'ordre, ce n'est pas un bon moyen pour intervenir, sans négociations au préalable. La mesure est forte juridiquement et symboliquement". Il juge nécessaire que les étudiants, la direction et les professeurs échangent sur cette"possible banalisation du recours aux forces de l'ordre dans les établissements d'enseignement supérieur".
Pierre Bernat, coprésident de la section toulousaine de la Ligue des droits de l'homme et membre de l'Observatoire toulousain des pratiques policières, l'assure : "Il y a une volonté politique de briser le mouvement de soutien à la Palestine. Dès que quelque chose est organisé autour de la question, il est impossible d'en parler." Il parle d'une "sur-réaction" qui s'inscrit dans l'interdiction puis l'encadrement extrême des manifestations précédentes et d'un usage de la force de la part des policiers "très inquiétant".
En attendant un entretien avec leur direction, les étudiants de l'IEP se sont rassemblés en fin d'après-midi, ce vendredi 3 mai, pour "décider de la poursuite de la mobilisation", en tentant de préserver une liberté démocratique. "Même si nous sommes en partiel lundi et mardi prochains, nous allons continuer à nous mobiliser", précise Loïc. Les étudiants ont relisté leurs revendications : " Nous demandons toujours la fin du partenariat avec l'université et des excuses de la part du direteur de Sccience po et du président de l'université Toulouse capitole", résume l'étudiant.