L’évacuation "musclée" des étudiants de l'IEP ce mardi 30 avril par les forces de l'ordre à Toulouse suscite une polémique. Les policiers ont fait usage de leur matraque devant des jeunes qui n'étaient pourtant pas agressifs. Plusieurs enseignants de Sciences-Po dénoncent cette intervention sur les réseaux sociaux.
Fallait-il ou non utiliser les matraques pour évacuer les étudiants devant l'Institut d'Etudes Politiques de Toulouse ce mardi 30 avril ? La polémique enfle et certains enseignants de l'IEP prennent position.
Évacués à coups de matraque
Comme à Paris, le conflit israélo-palestinien s’est invité à Sciences Po Toulouse. Un appel à rassemblement avait été lancé ce mardi après-midi. Ils étaient une centaine pour afficher leur soutien au peuple de Gaza. Et malgré la fermeture des portes par la direction, une cinquantaine de jeunes sont restés dedans jusqu'à leur expulsion.
Evacuation ce soir du blocage de sciences po Toulouse...Next... pic.twitter.com/JLu4c4ec4F
— Mylène Micoton (@HeleneBire) April 30, 2024
Une expulsion "Musclée" devant les appareils photos et les caméras des journalistes présents. C'est sous les coups de matraque des forces de l'ordre que sont sortis les occupants. "Police partout, justice nulle part", ont scandé les manifestants en quittant les lieux.
Des enseignants scandalisés
Le partage de ces images a aussitôt provoqué une vague de réactions. Fallait-il en arriver là ? Pourquoi une telle évacuation, alors que les jeunes eux-mêmes affirmaient "ne pas vouloir bloquer l'établissement" ?
🚨La police réprime brutalement le rassemblement en solidarité avec la Palestine à Science po Toulouse !
— Le Poing Levé Toulouse (@LePoingLeveTls2) April 30, 2024
Soutenir la Palestine n’est pas un crime ! Nous ne nous tairons pas ! 🇵🇸✊#SciencesPo #Colombia pic.twitter.com/ztl43m2TJ8
Au lendemain de cette opération, plusieurs professeurs de l'Institut d'Etudes Politiques toulousain s'interrogent ouvertement sur les réseaux sociaux. C'est le cas de Delphine Espagno, enseignante-chercheuse, qui réclame dans un tweet des explications à la direction de l'établissement.
"Un déni de démocratie"
Delphine Espagno qui nous précise ce mercredi : "jamais les forces de l'ordre n'ont été envoyées à Sciences Po Toulouse, même lorsque l'école a été occupée pendant plusieurs semaines d'affilée.". Elle voit dans cette opération "un déni de démocratie".
À cette heure, nous, personnels de l'établissement, n'avons pas reçu la moindre explication de sa direction sur l'entrée des forces de l'ordre et le pourquoi des coups de matraque. Une pensée pour les étudiants, et ma désolidarisation totale à cette décision https://t.co/tJNgQz8THI
— jerome vicente 🇺🇦 (@jeromevh) April 30, 2024
Dès ce mardi soir, plusieurs enseignants ont pris position sur le réseau X pour dénoncer l'absence d'information, l'usage disproportionné de la force "et se désolidariser" de leur direction à l'image de Jérôme Vicente, lui aussi professeur à Sciences Po.
Du rififi en interne
Des enseignants qui attendent désormais de savoir clairement qui a pris la décision de faire intervenir les forces de l'ordre : "Je suis scandalisée", affirme Delphine Espagno. "L'université c'est un lieu de dialogue, de liberté d'expression, pas de censure et surtout pas en employant la violence".
L’@UTCapitole ne baissera jamais les bras lorsqu’il s’agit de lutter contre le racisme, l’antisemitisme et toutes formes de discriminations. Toute la communauté est unie dans ce combat.
— hugues kenfack (@hugueskenfack) May 1, 2024
Dans un tweet publié sur le réseau X, le directeur de l'Université toulouse Capitole s'est exprimé sur l'affaire ce mercredi 1er mai. Hugues Kenfach y affirme que la faculté "ne baissera jamais les bras lorsqu’il s’agit de lutter contre le racisme, l’antisemitisme et toutes formes de discriminations".