Disparu depuis quelques années, le syndicat étudiant d'extrême droite, la Cocarde semble reprendre du terrain. Une percée de courte durée à Toulouse, sous l'impulsion et le soutien du Rassemblement National en faisant scission avec l'UNI (l'union nationale interuniversitaire).
Lundi 18 mars, à l'université Toulouse Capitole, plusieurs militants du syndicat étudiant d'extrême droite, pourtant disparu en Haute-Garonne, La Cocarde, distribuent des tracts. Le mouvement soutenu publiquement par le Rassemblement National semble renaître de ses cendres, en faisant scission avec l'UNI (l'union nationale interuniversitaire)
Bien que de courte durée, la percée du syndicat n'étonne pas Rémi Blottin, élu au Crous Occitanie et Vice-Président de l'Association Générale Etudiante de Midi-Pyrénées (AGEMP) : "Ils sont symboliques d'une montée de l'extrême droite dans nos universités. Elles sont le reflet de la vie politique française, ce n'est pas étonnant. En revanche, pour l'instant, la Cocarde, au niveau national, n'a pas eu suffisamment de votes lors des élections pour être représentative des étudiants." Un soulagement pour Rémi Blottin : "Ils portent des valeurs qui vont à l'encontre de celles des universités, et du Crous."
Raphaël Montazaud, militant à l'UNEF (union nationale des étudiants de France), est du même avis : "On est au courant depuis quelque temps de leur intention de revenir sur le terrain, c’est une volonté du collectif jeune du Rassemblement National. Dans ce cas-là, c'est surtout une initiative politique de récupération d’un syndicat."
Un soutien assumé du Rassemblement National
Le syndicat étudiant La Cocarde, fondé en 2015 à l'université Panthéon Assas à Paris, avait disparu depuis quelques années à Toulouse. Le mouvement semble vouloir aujourd'hui reprendre, sous la présidence de Fabio Serra, jeune militant issu du Rassemblement National. Mais la Cocarde étudiante dispose aussi du soutien assumé de Nathan Gazzoli, délégué départemental du Rassemblement National Jeune Haute-Garonne. Le jeune homme a décidé de s'exprimer dans une vidéo postée sur X (anciennement Twitter).
🔴 Je soutiens la @cocardeTlse !
— Nathan Gazzoli (@N_Gazzoli) March 18, 2024
Elle saura porter la voix des étudiants patriotes dans nos universités contre les forces d’extrême gauche et les faux patriotes ! 🇫🇷 pic.twitter.com/Kt2VNbyLBu
Contacté par téléphone, il réaffirme : "La volonté de relancer la Cocarde à Toulouse est mienne. Lorsque j'étais étudiant, j'en étais le président et malheureusement le mouvement s'est ensuite terminé. Aujourd'hui, Fabio Serre m'a fait part de sa volonté de prendre la présidence de la Cocarde et de continuer le mouvement à Toulouse."
D'anciens militants venus de l'organisation de droite UNI
Pour Raphaël Montazaud, cela ne fait pas de doute, les militants de la cocarde seraient pour la plupart issus de l'UNI (l'union nationale interuniversité), classée à droite. Il affirme : "Ce que l'on constate à Toulouse, comme à Albi ou Montauban, c'est surtout ce que ce sont des jeunes du Rassemblement National, anciennement affiliés à l'UNI (union nationale interuniversitaire) qui ont décidé de se scinder pour reprendre la cocarde." Une provenance assumée par Nathan Gazzoli.
Mais du côté de l'UNI, le son de cloche n'est pas le même. Pour Mathis Gachon, responsable national de l'UNI, le sujet est clos : "Ce sont de simples divergences en interne, l'UNI reste et demeure la seule force à droite. À Toulouse, la Cocarde n'existe plus."
Pourtant, selon Raphaël Montazaud, certains membres de l'UNI n'hésitent pas à se rallier à des groupuscules plus extrêmes : "L’UNI est polyforme, elle est à la fois composée de républicains, de personnes de groupes beaucoup plus dures, comme le GUD, ou alors génération Zemmour. Et localement, comme à Albi, ce sont des militants du groupuscule d'extrême droite Patria Albigès, anciens appuis de l'UNI, qui aujourd'hui soutiennent la Cocarde."
Un mouvement rapidement dissipé
Selon Nathan Gazzoli, ce lundi, suite à la diffusion des tracts, des militants de l'opposition auraient agressé un jeune militant, ce qui aurait suspendu le mouvement de façon temporaire : "Nous avons décidé de nous arrêter un temps, car un de nos militants a été agressé. Cela ne veut cependant pas dire que nous nous arrêtons là. Dans les prochaines semaines, nous souhaitons continuer à nous faire entendre."
Suite à cela, la page X, anciennement Twitter et Instagram du mouvement toulousain naissant ont été supprimées. Nathan Gazzoli, lui, continue à afficher publiquement son soutien à La Cocarde. Un soutien relayé par de nombreuses personnalités du Rassemblement National.
Mon soutien et mon affection à @Tao_LP_RNJ et ses camarades du @RNJHauteGaronne en première ligne face à l’ultra gauche et ses milices.
— Laure Lavalette (@LaureLavalette) March 19, 2024
L’impunité prendra bientôt fin. https://t.co/cynYO7g29U
Du côté des militants de gauche, l'agression semblerait incohérente, Raphaël Montazaud attend des preuves : "Aujourd’hui, je demande qu’on me prouve la matérialité de l’agression, ce que je sais, c’est que les militants ont été pacifiques. Lorsque les militants de la cocarde se sont sentis mal à l’aise, ils sont allés se réfugier vers les agents Tisséo et puis tout le monde s’est dispersé."
Les divergences continuent désormais sur les réseaux sociaux, où le vice-président étudiant de l'université Toulouse Jean Jaurès, a vu son adresse postale être publiée : "Je suis moi-même ciblé, mon adresse s’est répandue sur les réseaux sociaux, je suis menacé par des choses qui ne me concernent pas, car je suis rentré à Toulouse hier à 17 h de Paris. Je n’y étais pas.", conlut-il d'un air agacé.