"C'est une injustice pour les enseignants et les étudiants" : l’université Paul-Valéry Montpellier 3 est dernière de France des subventions dédiées aux personnels

Dans un classement daté de lundi, la faculté de Lettres de Montpellier arrive dernière de France en termes de subventions pour charge de service public (SCSP), un financement alloué par l'État pour rémunérer le personnel universitaire. Une inégalité et des conséquences sur les étudiants que dénonce la présidente de l'Université.

"C'est une double injustice, pour les enseignants et pour les étudiants." Anne Fraïsse, présidente de la faculté de lettres de Montpellier, tempête. Et pour cause : lundi 20 novembre 2023, l'Université Paul-Valéry Montpellier 3 (UPVM3) est arrivée en dernière position du classement publié par AEF Info, qui positionne les universités selon le montant de leurs SCSP (subventions pour charge de service public).

Or, une vaste partie du budget annuel des facultés françaises se joue derrière cet acronyme indigeste... La dernière place détenue par Montpellier ne présage rien de bon pour son université de sciences humaines.

Des disparités flagrantes

Les SCSP, versées par l'État, représentent une source de revenus capitale pour les universités publiques. À Montpellier par exemple, les SCSP forment 86 % du budget de la faculté de lettres.

"Je savais que nous rencontrions des difficultés, mais j'ignorais tout des différences de subventions qui pouvaient exister entre établissement." En découvrant le classement de l'AEF Info, Anne Fraïsse était abasourdie. Avec une SCSP de 3821 euros perçue en 2022, l'UPVM3 se place bien en dessous de la moyenne nationale accordée par les subventions, située à 6720 euros. En comparaison, la même année, six universités ont reçu une SCSP supérieure à 9000 euros.

Les subventions sont pourtant censées être distribuées de façon égalitaire.

Anne Fraïsse, présidente de l'Université Paul-Valéry Montpellier 3

"Qu'est-ce que ça veut dire ? Que nos étudiants en histoire ou en psychologie sont moins méritants que ceux d'autres universités ?… À l'arrivée, les étudiants auront tous le même degré d'études de toute façon." La présidente ne se l'explique pas : "les subventions sont pourtant censées être distribuées de façon égalitaire."

Des enseignants "épuisés"

En six ans, l'Université Montpellier 3 est passée de 18 878 à 21 653 étudiants. Mais la SCSP allouée par l'État n'a pas suivi la hausse. Au contraire même, les subventions accordées en 2022 sont tombées à 82,5 millions d'euros, contre 88,4 millions en 2016.

Cumulée à des SCSP inférieures à celles des autres établissements publics, cette baisse des subventions pèse sur les enseignants. "Aujourd'hui, nous ne comptons plus que 500 encadrants... Et on nous demande encore de fermer des postes. Depuis des années, notre communauté vit un manque criant de personnel et un sous-encadrement financier", atteste Anne Fraïsse, qui fait état d'un déficit de 15 millions d'euros dans le budget de l'UPVM3 en 2023.

Aujourd'hui, nous ne comptons plus que 500 encadrants... Et on nous demande encore de fermer des postes.

Anne Fraïsse

Quelles conséquences pour les étudiants ?

La dégradation du corps enseignant est flagrante à la faculté de lettres de Montpellier, où certains départements sont encadrés à moins de 40 %. Une situation qui se répercute intrinsèquement sur la qualité de l'enseignement dont bénéficient les étudiants de la faculté.

"Le manque de titulaires se ressent surtout en première année, une phase pourtant déterminante dans le parcours des jeunes", souligne Anne Fraïsse. En 2017, le ministère de l'Enseignement supérieur indiquait que 31 % des étudiants inscrits en L1 renonçaient aux études au cours de leur première année. Une tendance qui pourrait continuer de grandir en raison des classes surchargées et du manque de temps dont disposent les enseignants pour préparer leurs cours, provoquant une perte de sens dans l'esprit des étudiants.

Le manque de titulaires se ressent surtout en première année, une phase pourtant déterminante dans le parcours des jeunes

Anne Fraïsse

Des conséquences liées à la question des subventions que la présidente compte bien mettre au clair : "il faut que l'on apporte une réponse à l'ensemble des étudiants et du personnel, pour expliquer cette réelle maltraitance administrative."

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