Témoignages. "A la fin du mois, je n'ai plus rien" la file d'attente des étudiants à l'aide alimentaire s'allonge et la crise s'aggrave

Publié le Écrit par Clara Robert-Motta

Alors que les étudiants doivent faire face à une situation de plus en plus précaire, des associations s'organisent pour leur venir en aide. À Toulouse (Haute-Garonne), 450 étudiants viennent chaque semaine chercher un panier alimentaire antigaspi gratuit grâce à une association. Ils témoignent.

La queue n'en finit pas dans cette petite rue du centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne). Salima et Marie sont venues bien avant l'heure de collecte et elles ont quand même dû se placer de l'autre côté du bloc d'immeubles.

Comme tous les lundis à 18 h 30, les deux jeunes étudiantes attendent patiemment d'arriver aux Halles de la transition qui accueillent une distribution de paniers alimentaires pour les étudiants.

Le succès de ces collectes en dit long sur la précarité étudiante. Depuis le début de l'année, l'association responsable de cette collecte, Linkee, qui est présente dans plusieurs grandes villes de France, a distribué plus d'1,5 million de repas aux étudiants, contre 1 million sur toute l'année 2022. Pour Toulouse, c'est 23 000 repas en cinq mois. Le principe est simple : récupérer les invendus des commerçants et traiteurs pour le redonner, sans condition de ressources aux étudiants. 

Plus de la moitié des étudiants sautent des repas pour économiser

Pour les 450 étudiants qui bénéficient de ces paniers, majoritairement composé de fruits et légumes, c'est une bouffée d'air frais. Elia, elle, ne mange qu'une fois par jour. Le taux d'étudiants qui sautent des repas comme elle aurait même augmenté cette année. Selon la dernière étude de l'association, 54 % des étudiants interrogés sautent des repas pour des raisons financières, contre 43 % en 2022.

Outre l'argent non dépensé, Hélène loue cette collecte pour son côté pratique. Malgré le fait que cette étudiante de 23 ans ait décroché une alternance cette année, Hélène continue de venir aux collectes. "Entre le travail et les cours, je n'ai pas forcément le temps de faire les courses dans la semaine. Venir chercher fruits et légumes ici m'enlève une charge mentale."

Sans ces paniers de fruits et légumes réguliers, Dan-Pierre et Léon ne savent pas s'ils auraient acheté autant de produits frais. "Ça nous fait quand même 60 à 70 euros de courses en moins par mois. Si on n'a pas les moyens de faire ce genre de courses, on mangerait moins bien. En plus, ça nous oblige à cuisiner, on adore ça", rigolent les deux étudiants en colocation. 

Il faut dire que l'alimentation est une des dépenses qui passent en dernier. Le prix du loyer reste la première et la plus importante ligne d'un budget étudiant. À Toulouse, un studio coûte en moyenne 495 euros. Même en colocation, le budget reste important. Pour sa petite chambre en colocation, Salima doit dépenser 380 euros. Pour elle qui ne vit que d'une bourse, il ne reste après ça qu'une centaine d'euros pour son budget alimentation.

Carte des solidarités alimentaires en Occitanie

En Occitanie, 40 000 étudiants sont aidés financièrement par le Crous. Mais parfois, cela ne suffit pas, et tout le monde n'y a pas accès. Priscilla, elle, peine à joindre les deux bouts. Elle ne touche plus de bourse cette année et vit de ses économies qui disparaissent à vue d'œil. "J'ai fait une demande d'aide ponctuelle. Mais ils se basent sur le revenu de mes parents, et ça ne correspond pas à une réalité. Mes parents perçoivent ce qu’ils perçoivent, mais ça ne signifie pas que l’aide qu’ils peuvent m’apporter suit et correspond à mes besoins."

L'association tente d'éviter que les collectes ne soient stigmatisantes pour les jeunes qui y ont recours. Linkee assure que la plupart des étudiants ici n'avaient jamais osé se rendre à une distribution alimentaire auparavant. Souvent, les bénévoles sont encore bénéficiaires de l'aide, à l'image de Lorenzo, 18 ans. "Lorsque je suis venu la première fois pour récupérer mon panier, je me suis dit qu'autant attendre, il valait aussi bien que j'aide".

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