"Pour une allocation d'études versée à tous les étudiants", le président de l'Université de Montpellier en faveur d'un revenu universel étudiant

Philippe Augé signe une tribune demandant l'instauration d'une allocation d'études pour tous les étudiants. Le président de l'Université de Montpellier répond à nos questions sur cette idée de "réforme de grande ampleur".

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La tribune est parue dans le journal Le Monde, mardi 19 septembre. 14 présidents d'Université l'ont signée, dont Philippe Augé pour Montpellier et Emmanuelle Garnier pour Toulouse Jean-Jaurès.

  • Pourquoi avez-vous décidé de signer cette tribune ?

Premièrement, pour faire entendre au gouvernement que la dernière réforme des bourses n'est pas suffisante selon nous. Elle est dans la continuité des "mesures d'urgence" proposées par le gouvernement, à l'instar du repas à un euro, alors que la période d'inflation que nous connaissons nécessite une réforme d'ampleur, surtout pour les étudiants, qui sont les plus touchés. Nous avons besoin d'une vraie expérimentation, et de franchir le cap d'une réelle aide globale et pour tous. Cette allocation d'études, semblable à un revenu universel, serait un vrai coup de pouce pour nos étudiants.

Nous avons besoin d'une vraie expérimentation, et de franchir le cap d'une réelle aide globale et pour tous

Philippe Augé, président de l'Université de Montpellier

  • Quelle forme cela prendrait, et sous quelles conditions ?

L'allocation se situerait autour des 800 euros par mois, cela reste à affiner. Il y aurait, évidemment, des garde-fous, il ne s'agit pas de distribuer de l'argent aveuglement. Cela pourrait par exemple être conditionné à la réussite aux examens. Disons peut-être un redoublement permis par cycle, c'est-à-dire un en licence et un master (plus rare) si on prend l'exemple de l'université. En bref, cette allocation serait accompagnée d'un cahier des charges pour l'étudiant. Le but serait de créer un contrat social avec nos jeunes.

Le lieu d'habitation est le cœur du débat.

Philippe Augé, président de l'Université de Montpellier
  • Le risque n'est-il pas d'attribuer à chacun un montant unique, alors que les situations peuvent être très différentes selon les étudiants ?

La vraie question, c'est le logement. C'est la plus grosse dépense pour les étudiants. Alors il faudrait peut-être octroyer l'aide à chaque jeune quittant le foyer familial, à l'instar du Danemark, cela reste en effet à affiner. Toujours est-il qu'il faut arrêter de conditionner les aides étudiantes aux revenus des parents. C'est le fonctionnement des bourses actuelles, et c'est injuste pour certaines familles privées d'aides à quelques euros près. Il faut conditionner cette allocation à chaque situation. Et je le répète, le lieu d'habitation est le cœur du débat.

  • Cela ne crée-t-il pas une inégalité entre étudiants bénéficiaires de l'aide, et jeunes travailleurs ?

C'est en effet le plus gros risque. Mais il faut selon moi changer de paradigme et enfin considérer les études comme une activité à part entière. Beaucoup trop d'étudiants sont en échec car ils sont obligés de travailler à côté de leurs études. Cette mesure pousserait les étudiants à la réussite, et pousserait même certains jeunes issus de familles précaires à s'inscrire en études supérieures, plutôt que de travailler après le bac. Cette allocation serait un investissement sur notre jeunesse et sur leur réussite.

  • Se pose enfin la question du financement ?

C'est un débat qu'il faut mener, cette tribune a le mérite de l'ouvrir. 800 euros par étudiants, c'est un coût, nous le savons. Mais n'oublions pas qu'avec cette aide, les étudiants consommeront, ce qui alimente les recettes fiscales. Et les métiers qu'ils occupent actuellement pour financer leurs études se libéreront pour d'autres. Et je le répète, c'est un investissement, à longs termes certes, sur notre jeunesse.

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