Dans sa nouvelle étude, l'Unef s'alarme de l'explosion du coût de la vie étudiante qui s'aggrave d'année en année. En moyenne, les étudiants ont dû dépenser 595 euros de plus que l'an passé.
C'est du jamais-vu. En dix-neuf ans d'enquêtes sur le coût de la vie étudiante, jamais l'Unef n'avait connu une hausse de cette ampleur. Pour l'année scolaire 2022-2023, les étudiants ont dû débourser 11 640 euros en moyenne, soit une augmentation de 6,4% par rapport à l'année dernière, selon l'étude du syndicat étudiant dévoilée par Le Parisien ce lundi 14 août.
Sans grande surprise, ce sont les dépenses alimentaires qui tirent la facture vers le haut. Comme le reste de la population, les étudiants doivent faire face à une inflation galopante (+4,5% pour les prix à la consommation). Pour se nourrir, un étudiant dépense en moyenne 3 655 euros : c'est 14% de plus que l'an dernier.
Maintien du repas à un euro, mais pas pour tous
Alors qu'un étudiant sur deux assurait sauter un repas en 2021, les associations étudiantes s'inquiètent de voir une recrudescence du phénomène. Même si le gouvernement a annoncé le maintien du repas à un euro pour les boursiers à la rentrée prochaine, les syndicats étudiants estiment que la mesure aurait très bien pu être conservée pour l'ensemble des étudiants. La mesure avait été rejetée à l'Assemblée nationale en février dernier à une voix près. Aujourd'hui, les non-boursiers doivent s'acquitter de 3,30 euros pour leur repas. D'autant que la plupart des restaurants universitaires sont fermés les soirs et les week-ends.
Dans les grandes villes comme Toulouse, avec ses 120 000 étudiants, le choc est difficile. Comme d'autres associations et organisations, l'Agemp (l'association générale des étudiants de Midi-Pyrénées) réalise, en partenariat avec la Banque de France, des distributions alimentaires. Juliette Caron, la présidente de l'Agemp, note une hausse des bénéficiaires : "On s'attend malheureusement à ce que ça explose à la rentrée."
La facture d'électricité lui aussi pèse plus lourdement sur la facture globale des étudiants. Comptez 340 euros (+10%). D'autant que les logements étudiants sont "bien souvent" des passoires énergétiques, précise l'Unef. En Occitanie, plusieurs étudiants se sont déjà plaints de conditions dégradées dans leurs logements du CROUS. Le 21 juin 2023, le gouvernement avait annoncé que 12 000 logements de résidences étudiantes seraient rénovés d'ici à la fin du quinquennat.
Longtemps la résidence étudiante la plus vieille, mais aussi la plus vétuste, de Toulouse, le Crous Daniel Faucher a fini d'être rénové il y a deux ans. Pour Juliette Caron de l'Agemp, il faut à la fois rénover, mais aussi construire de nouveaux logements sociaux pour les étudiants qui peinent à se loger. "Aujourd'hui, il nous manque des logements. À Toulouse, on reçoit encore des mails d'étudiants qui n'en ont pas du tout." Sans compter que celles et ceux qui ne bénéficient pas de logement du CROUS font face à des loyers prohibitifs, selon le syndicat qui réclame un encadrement des loyers dans les zones en tension.
Les aides n'ont pas augmenté même face au coût de la vie
Les aides, elles, n'ont pas bougé. Une situation que la présidente de l'Agemp, Juliette Caron dénonce : "Les politiques publiques nationales et locales mettent en danger les étudiants, leurs études, leur santé et donc leur futur." Elle vise notamment la réforme du système de bourse. "Il faudrait que les bourses soient défamiliarisées et ne pas dépendre du revenu des parents, mais aussi plus équitablement réparties selon les territoires."
Si le gouvernement a indiqué en mars que 500 millions d'euros seront dédiés aux étudiants boursiers à la rentrée prochaine, les syndicats étudiants estiment cela insuffisant. Cette enveloppe doit permettre à 35 000 nouveaux étudiants d'accéder au statut de boursier et de revaloriser les aides de 140 000 étudiants déjà boursiers.
Pour l'Unef, cet investissement ne suffira pas à compenser les dernières années qui ont vu les aides pour les étudiants chuter et qui se ressent dans le nombre de boursiers : entre 2020 et 2022 on compte 73 000 boursiers en moins.