Un jeune avocat palestinien, qui a étudié à l'université de Toulouse Capitole (Haute-Garonne), tente de regagner la France. Avec sa femme et leurs deux enfants, il fuit des conditions de vie insoutenables, depuis que la guerre entre Israël et l'Hamas a éclaté, le 7 octobre 2023. Une de ses anciennes camarades a ouvert une cagnotte pour l'aider à rejoindre Toulouse.
Tareq Abusadah a 25 ans. Avocat, marié, père de deux garçons et palestinien. À la fin de l'année 2023, sa vie bascule lorsque la guerre entre Israël et le Hamas éclate. Il vivait dans la ville de Kahn Younès, au sud de la bande de Gaza et enseignait à l'université. Il y a trois mois, son quartier passe en zone rouge et il est obligé de quitter son domicile en urgence, avec sa femme Shaymaa, et leurs fils de huit mois et trois ans.
Il prévient alors son amie toulousaine, Chloé Azema, et lui fait part de sa situation. Ils avaient étudié ensemble à l'université du Capitole, entre 2021 et 2022. C'est ici que Tareq a obtenu son master de droit international, avant de repartir pour Gaza où il passe finalement l'examen du barreau. "Il ne voulait pas repartir tout de suite, raconte Chloé Azema. Il a postulé pour un doctorat, mais il n'a pas obtenu la place."
Le bouleversement de la guerre
Les deux anciens camarades restent en contact. "On s'envoyait des messages tous les mois, pour se donner des nouvelles, tout allait bien de son côté", explique Chloé. Dans les semaines qui ont suivi le 7 octobre, la jeune femme s'inquiète, elle tente de contacter son ami, en vain. Silence radio pendant deux mois. "Je n'avais plus aucun espoir" avoue-t-elle. Mais le 15 décembre, Tareq lui fait enfin signe. À cet instant, le jeune père n'envisage pas de partir.
Mais quelques semaines plus tard, il finit par confier à son amie que "la situation est devenue insupportable". Sa famille et lui vivent sous une tente, dans un camp avec d'autres gazaouis. "Avec ses deux enfants en bas âge, le quotidien est difficile. Il ne peut plus travailler, l'université a fermé", raconte Chloé Azema.
Le coût du passage de la frontière
Sauf qu'on ne quitte pas le territoire palestinien facilement. Deux conditions doivent être réunies : une raison officielle et administrative, ainsi qu'une très grosse somme d'argent. Tareq décide alors de postuler à nouveau pour un doctorat à l'université de Toulouse Capitole, pour obtenir un visa étudiant. Le 5 avril, il soumet son projet de thèse et attend toujours une réponse. "Avec deux autres anciennes camarades, nous avons sollicité notre ancien directeur de master, qui lui a envoyé une invitation officielle pour qu'il puisse quitter le territoire, mais rien n'assure que sa femme et ses enfants peuvent le suivre dans ce cas précis", souligne Chloé Azema.
Pour financer son retour en France, Chloé et ses camarades décident, avec Tareq, d'ouvrir une cagnotte pour récolter l'argent nécessaire. "Le passage de la frontière est abominablement cher, assure Chloé. Les autorités égyptiennes réclament 5000 dollars US par adulte et 2500 dollars par enfant."
Mon ancien étudiant Tareq Abusadah est coincé à Gaza avec sa famille, et il souhaite rejoindre la France. Trois de ses anciennes camarades ont créé une cagnotte. Si vous pouvez l'aider, je vous en serais très reconnaissant. https://t.co/8K9xjJnoHs
— Mathieu Carpentier (@CarpentierUT1) May 2, 2024
Une détresse partagée
L'objectif : rassembler 25 000 euros. "C'est le minimum pour qu'ils puissent passer la frontière et rejoindre ensuite le territoire français", explique Choé Azema. Tareq doit aussi pouvoir payer ses frais de scolarité. "On ne roule pas sur l'or mais on fera tout pour l'aider." La jeune femme assure que beaucoup de Gazaouis font des cagnottes pour sortir du pays. "J'ai trouvé une page Instagram qui partage, au compte-gouttes, des cagnottes. Devant moi, en attente, il y en a 2000 autres."