Champs de cannabis, trafic de ferraille, voitures brûlées, les raisons des incendies à répétition dans un quartier nord de Toulouse

Au nord de Toulouse, dans le quartier Ginestous plusieurs incendies ont lieu ces dernières années. Il y a quelques jours, lundi 4 septembre, un espace naturel non loin de la rue des Mésanges s'est embrasé. Une maison a été brûlée, plusieurs habitants évacués et des élèves des établissements scolaires confinés.

Lundi 4 septembre un violent incendie a eu lieu dans la rue des Mésanges, dans le nord de Toulouse, dans le quartier Ginestous. Il a débuté dans un espace naturel et s'est propagé jusqu'à la limite de la commune de Fenouillet (Haute-Garonne), attisé par des vents forts.

Une maison a été brûlée et plusieurs autres évacuées. Les écoles de Fenouillet ont aussi été confinées pour des raisons de sécurité. Au moins huit personnes ont été intoxiquées par les fumées, dont des sapeurs-pompiers. Pas moins de 30 hectares ont été parcourus dans cette zone entourée de champs et de végétations sèches, entre ville et campagne.

Face à l'importance du feu, un Canadair a été demandé sur place, il n'a pas pu venir en raison des nombreuses lignes à hautes tensions autour.

Plusieurs feux dans cette zone par le passé

Ce n'est pas la première fois que des incendies se produisent dans cette zone où se situe un poste électrique et une voie de chemin de fer. En août 2022 déjà, un feu de chaume avait eu lieu dans la rue des Mésanges, un lotissement où logent plusieurs familles de gens du voyage. Le sinistre s'était propagé à des pneus et des bouteilles de gaz.

Un mois plus tard, le 21 septembre, c'est une vingtaine de carcasses de voitures qui a pris feu. L'incendie s'est ensuite étendu dans un champ voisin, d'herbe et de broussailles, à proximité d'un camp de gens du voyage.

Une quinzaine de pompiers sont sur place pour éteindre le sinistre. ©Fréderic Fraisse - FTV

Les pompiers avaient à l'époque déployé 3 engins dont 2 camions-citernes sur les lieux afin d'éviter que le sinistre ne se propage au poste électrique de Ginestous. Dans cette zone il y a aussi le passage de la voie ferrée et un centre de recyclage.

Interrogé par France Bleu Occitanie, Mathieu Lucchini, directeur de cabinet du maire de Fenouillet, une commune juste à côté de ce quartier s'est exprimé sur cet incendie. Selon lui il ne s'agit pas d'un acte criminel mais plutôt d'un feu de déchets verts qui aurait mal tourné. Il évoque les appels récurents à la police municipale de Fenouillet pour ces motifs dans ce quartier nord de Toulouse. 

Le directeur de cabinet du maire de Fenouillet, parle " d'une zone complexe ", limitrophe, pour les interventions des forces de l'ordre. " Il y a cette limite très fine entre police nationale et municipale de Toulouse et police municipale de Fenouillet et gendarmerie nationale. (...) La complexité de gestion du dispositif demande une sacrée réflexion".

La ville de Toulouse a de son côté un avis plus tranché sur les possibles origines des feux. 

Trafic de drogues et de ferrailles

Interrogé sur l'origine de ces feux dans cette zone, Olivier Arsac maire de quartier de Ginestous-Sesquières explique : " il y a des incendies de voitures, elles sont carbonisées dans cette zone car elles servent dans des cambriolages ou dans des actes de délinquance. Quand ce n’est pas ça, ce sont les brûlages de câbles, il y a une vraie économie de la ferraille qui n'est pas dans les règles.

Il y a dans cette zone de nombreux dépôts sauvages, des carcasses de voitures et des pneus, comme on peut le voir sur la carte satellitaire de Google Maps.

Une source policière confirme également les nombreuses interventions pour les motifs précédent dans ce secteur pour des feux plus ou moins importants. " Les deux foyers de l'incendie de lundi se situent au niveau de l'endroit où les gens du voyage récupèrent le cuivre ", précise la source policière.

Dans ce quartier, il y a aussi depuis environ 5 ans des trafics de drogue. "C'est une zone un peu à part, sur laquelle se greffe par-dessus, une vraie plaque tournante du trafic de drogue. Le maire du quartier ajoute : De temps en temps le GIGN intervient dans cette zone pour aller chercher des gros trafiquants, des grossistes. Il est arrivé qu'il y ait des incendies liés à des implantations de champs de cannabis, ce sont des règlements de compte entre eux. "

"La balle est dans le camp de l'état"

Le maire du quartier affirme que les services de la collectivité signalent de nombreuses difficultés dans cette zone lors des nettoyages de voiries. Les interventions sont privilégiées le matin. Il pointe l'impuissance de la municipalité face à ces problématiques. "Un moment donné, ce n'est plus de notre ressort, le problème est suffisamment d'ampleur : social, de sécurité, de risque majeur, cela touche à des problématiques qui relèvent plus de la préfecture."

Au printemps dernier il a décidé d'organiser une visite avec ses équipes et celles de la sous-préfète pour sensibiliser l'état à cette question. Il précise : " la stratégie de la collectivité c'est de travailler en partenariat avec eux pour régler ces problèmes, mais seul nous ne pouvons pas. Nous avons besoin de l’appui de l'Etat, je ne peux pas faire sans." Rien de concret n'a été mis en place, selon lui, pour le moment afin de solutionner la situation.

"On fait ce qu'on peut avec nos compétences en attendant les initiatives de la préfecture. La balle est dans leur camp."

Olivier Arsac

Maire du quartier

Et si le maire du quartier ne chiffre pas beaucoup de plaintes dans ce quartier où il y a très peu d'autres habitations, "le problème est préoccupant". Il chiffre les incendies importants comme celui de lundi à un par an, conditionnés aux conditions climatiques et à la végétation sèche alentour. Le gestionnaire RTE du poste électrique de Ginestous atteste de plusieurs sollicitations pour des incendies dans cette zone. Contactée, la préfecture de Haute-Garonne n'a pour le moment pas donné de retours à nos sollicitations.

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