Chevaux fatigués, arthrose, "en incapacité de servir" : la brigade équine abandonnée au profit du deux-roues

Lancée en 2011 par l'ancien maire PS de Toulouse Pierre Cohen, la brigade équestre qui comptait alors 5 chevaux et 8 cavaliers ne patrouillera plus. La municipalité actuelle préfère aujourd'hui équiper les policiers municipaux de vélos pour se rendre dans les zones vertes.

Les cavaliers policiers de la brigade équestre de Toulouse (Haute-Garonne) ont mis les pieds-à-terre. La dernière sortie a eu lieu en octobre 2023 et depuis, les chevaux ne sortent plus et se préparent à une retraite paisible.

Les vélos plutôt que les chevaux pour la même mission

C'en est fini de cette originalité voulue par Pierre Cohen, l'ancien maire socialiste de Toulouse. C'était aussi une idée de Jean-Pierre Havrin, l'ancien adjoint à la sécurité visé en son temps par les fameux propos de Nicolas Sarkozy sur les dérives de la police de proximité "qui n’est pas là pour organiser des matchs de rugby".

En service depuis 2011, il ne restait plus aujourd'hui que 4 chevaux vieillissants et 2 cavaliers municipaux toujours volontaires. "La décision a été prise fin octobre, reconnaît Emilion Esnault, adjoint à la sécurité dans l'équipe de Jean-Luc Moudenc. Il y a la fatigue et l'usure des chevaux. Ils ont de l'arthrose et ne sont plus en capacité de servir." 

Les chevaux vont donc profiter de leur retraite, remplacés par des vélos. Leur mission était essentiellement de patrouiller sur les espaces verts, des zones d'accès difficile à Toulouse : Pech David, la Ramée, Sesquière, la coulée verte côté est, bordures du Touch, etc. Les besoins sont toujours là mais la municipalité préfère équiper ses policiers avec des vélos. "Ce que demandent les Toulousains, c’est de la réactivité et de l'efficacité. Les vrais enjeux sont là." Et l'élu toulousain de poursuivre : "Le vélo c'est le compromis idéal : les policiers peuvent réagir rapidement et se rendre sur place plus vite qu'en voiture, ils roulent à vitesse modérée et la population peut facilement les interpeller. On a 30 vélos qui tournent pour aller dans ces zones, dont 5 vélos électriques pour les zones montantes comme Pech David."

La ville compte aujourd'hui 390 policiers municipaux, 430 d'ici 2026.

Quel bilan pour cette brigade ?

En 2011, il y avait 170 agents de la sécurité publique dans la ville rose. Six cavaliers avaient été recrutés en plus de deux policiers qui avaient postulé en interne. Quant aux montures, elles venaient tout droit d'Espagne pour la plupart, d'une écurie spécialisée à Rosas (Catalogne, Espagne). Selon la mairie, la convention signée avec l'école vétérinaire de Toulouse pour l'entretien, l'hébergement et la nourriture des chevaux coûtait aussi 30.000€/an.

Leurs missions au départ, c'était de patrouiller dans les zones vertes comme au centre-ville pour veiller à la circulation, au stationnement et à la tranquillité publique en général. On les voyait aussi plus particulièrement dans certaines occasions comme les fêtes de Noël ou encore lors de rares visites présidentielles.

"Ces brigades n'étaient plus vraiment adaptées et nécessitaient beaucoup de logistique. Ils résidaient à l'école vétérinaire de Toulouse. Il fallait donc parfois les déplacer dans des remorques. Ils ne pouvaient pas patrouiller plus de 2 à 3h, il fallait ensuite arrêter. Pour un jour de sortie, il fallait une demi-journée de soin et de prise en charge." Emilion Esnault et la ville de Toulouse ont donc décidé de stopper là cette expérience.

Selon l'équipe en place, le bilan est assez maigre : 768 sorties ces 4 dernières années soit 1 tous les 2 jours. Côté activité répressive, la ville a enregistré seulement 2 mises à disposition (interpellation pour un délit commis) en 4 ans et 1 PV par jour en moyenne. D'autre part, ces zones vertes étant surtout fréquentées le soir ou les week-ends, il n'était pas toujours possible de sortir les chevaux dans ces occasions.

Quid alors du lien différent entre police et population que peut créer l'animal ? "Le vélo est aussi un vecteur très fort, selon Emilion Esnault. Les enfants viennent voir, la police est plus accessible. C'est pareil avec la moto. Nous avons une vingtaine de motos régulièrement déployées lors des dispositifs Raid Prox' Aventure. C'est l'occasion de travailler le lien avec la population lors de ces ateliers. Des classes scolaires viennent et il y a des centaines de participants".

Les cavaliers policiers trouveront d'autres moyens de locomotion. Quant aux 4 chevaux, l'un d'entre eux ira chez une ancienne cavalière de la police et les autres sont à la recherche d'un logis ou d'une pension pour profiter de leur retraite. 

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