Le 26 septembre, les vingt-trois soignants de l'équipe de jour des urgences du CHU de Toulouse se sont mis en arrêt maladie, entraînant la fermeture du service pendant deux jours, une première. L'intersyndicale réclame des moyens humains et financiers immédiats.
"On est une usine à créer des malades. On fabrique des épuisements professionnels, des pathologies du dos, des épaules, des coudes, on a nos collègues qui sont en train de partir en lambeaux." Pour Julien Terrié, manipulateur en radiologie et secrétaire de la CGT du CHU de Toulouse, la crise sans précédent connue par le service des urgences de l’hôpital Purpan est le résultat de plusieurs années d'usure physique et mentale pour les urgentistes, et plus largement pour les professionnels de la santé.C’est des mois et des mois de mépris pour les personnels, de leur santé, de leur parole, de leur éthique et de leur savoir-faire, c’est ça qui est en train d’exploser aujourd’hui.
Les urgences fermées, une première
Le 26 septembre, les vingt-trois agents de journée des urgences du CHU de Toulouse se sont mis en arrêt de travail ou en arrêt maladie, entraînant la fermeture du service pendant deux jours.Un cas unique dans l'histoire de l'hôpital, qui pourrait toutefois devenir récurrent selon les organisations syndicales. Le service, qui accueille 250 à 300 personnes par jour, a dû réorienter les patients déjà présents vers des lits d'aval, et rediriger les nouveaux arrivants vers l'hôpital Rangueil ou vers des cliniques privées.
"Ce ne sont pas les organisations syndicales qui ont décidé de ce mode d’action, précise Isabelle Pron, aide-soignante, du syndicat SUD. Ce sont les personnels qui se sont dit "ce n’est plus possible. On a peur, on est fatigué, on n'est pas écouté, donc on n'y retourne pas."
152 lits fermés pour cause de sous-effectif
La fermeture des urgences s'est également répercutée sur les autres services. Selon la CGT, 152 lits sont actuellement fermés sur le site de Purpan (dont 72 en traumatologie), soit environ 8% du nombre total de places normalement disponibles. Une situation dûe à un sous-effectif chronique, d'après les syndicats, qui dénoncent la suppression de 264 postes depuis 2014, et qui redoutent l'arrivée de l'hiver."On va très vite rentrer dans une saison un peu plus critique, avec des personnes âgées souffrant de pneumopathie, explique Isabelle Prono. Comment la direction envisage de nous faire passer cette période ? Ces pics d’activité on les connaît, mais il n'y a aucune anticipation."
Les syndicats demandent 1500 postes supplémentaires
Alors que le mouvement de grève national dans les hôpitaux dure depuis plusieurs mois, les personnels soignants disent attendre des annonces concrètes de moyens et de recrutement. A Toulouse, les syndicats ont interpellé l’Agence Régionale de Santé, le conseil de surveillance de l’hôpital, mais aussi le ministère dans une lettre ouverte, pour demander des moyens "exceptionnels" pour le CHU de Toulouse, où ils réclament l'ouverture de 1500 postes.Ça peut se faire sous plusieurs formes, mais la plus rapide, c’est l’exonération de la taxe sur les salaires, selon Julien Terrié. C’est un impôt que paie l’hôpital qui peut être exonéré tout de suite par la ministre, et on peut récupérer 40 millions d’euros cette année. On peut aussi compenser ou annuler la dette du CHU de Toulouse, qui paie 60 millions d’euros par an. Donc on aurait 100 millions d’euros afin de créer des solutions de financement pour l'hôpital.
Dans son plan d'action dévoilé le 9 septembre dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn déclarait vouloir consacrer 750 millions d'euros sur trois ans pour restructurer les services d'urgences au niveau national. Une "plaisanterie" selon la CGT, alors que le budget du seul CHU de Toulouse s'élève à 1,4 milliard d'euros.