Ce lundi 9 septembre est une journée décisive pour les urgences hospitalières. La ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé son "plan d'action" pour tenter de mettre fin à une crise qui dure depuis 6 mois. Les personnels grévistes donnent leur avis sur les nouvelles mesures.
Manque de personnel, de moyens et de reconnaissance, les griefs des personnels des urgences ne cessent de s'accumuler depuis le début du mouvement. L'hôpital public étouffe et les personnels aussi.
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn a pris ce lundi une douzaine de mesures pour faire face à la crise qui secoue les services hospitaliers depuis 6 mois.
Elle plaide pour une grande réforme axée sur l'organisation et le financement des services d'urgences et consacre plus de 750 millions d'€ entre 2019 et 2022 pour la "refondation des services d'urgences"
Une plaisanterie
Après l'annonce de la ministre, nous avons recueilli la réaction de Pauline Salingue (CGT ), secrétaire du CHSCT de l'hôpital Purpan à Toulouse.
Des moyens conséquents, c'est précisément ce que les grévistes appellent de leurs voeux."750 millions d'€, c'est une plaisanterie ! Il y a encore des patients qui décèdent dans les services. Alors si vous ne mettez pas les moyens humains et matériels ça ne peut pas bien se passer"
Mais le compte n'y est pas : rien que sur le CHU de Toulouse, le budget annuel de fonctionnement s'élève à 1.4 milliards d'€.
"Personne n'a envie d'attendre 12 heures aux urgences"
Interrogée sur le filtrage en amont de l'hôpital qui permettrait de désengorger les urgences, la représentante syndicale répond :"Partout il existe des déserts médicaux. Si les gens n'ont pas un médecins à moins de 50 km de chez eux, ou la possibilité de consulter un médecin en dehors des créneaux 9 h - 17 heures du lundi au vendredi, évidemment que les gens vont continuer à aller aux urgences. Et ce n'est pas par plaisir qu'ils s'y rendent. Personne n'a envie de passer 12 heures dans une salle d'attente. Alors la petite musique qui sous-entend que les gens se précipiteraient aux urgences, c'est très désagréable".
"Rendez-nous les lits qui ont fermé"
Au CHU de Toulouse, selon la CGT, 300 postes sur un effectif de 11.000 personnels para-médicaux ont été perdus depuis 2013, alors que la population toulousaine s'accroit de 10 à 15.000 habitants par an.
Le nombre de services des urgences a été divisé par 5, le nombre de passages a été lui, multiplié par 2.
" Donnez-nous des soignants dans les services d'urgences, rouvrez les hôpitaux qui ont fermé, rendez-nous les lits qui ont été fermés, après on pourra discuter, tout le reste c'est du vent".
249 services d'urgences en grève
Le mouvement débuté il y a 6 mois dans un hôpital parisien a contaminé les urgences dans de nombreux établissements.Aujourd'hui près de 250 services sont en grève en France tout en continuant à assurer les soins.
A Montauban (Tarn-et-Garonne), le service des urgences explose.
En grève depuis le mois de juin, les personnels réclament des moyens supplémentaires pour faire face à ces carences.
La réponse de l'administration de l'hôpital étant insuffisante pour calmer les infirmier(e)s et les brancardiers : le mouvement s'enkyste et les personnels sont toujours en souffrance.
Sans attendre les nouvelles mesures de la ministre, la CGT a déjà appelé à une journée d'actions mercredi 11 septembre.
Une manifestation est prévue à 14 heures devant l'Hôtel Dieu de Toulouse.