Le projet de RER à Toulouse (Haute-Garonne) est au point mort alors que 5 communes de l'agglomération ont voté à l'unanimité pour. Le sujet est débattu jeudi 20 octobre à la métropole toulousaine. L'union de la gauche est à l'origine de la consultation.
Le RER toulousain, c'est une idée qui circule depuis déjà 4 ans. Le problème, seule l'idée circule, les wagons eux sont à l'arrêt. Le maire de l'Union (Haute-Garonne) avait lancé le projet en 2018 avec les 5 branches de l'étoile étudiée. Un an plus tard, l'association Rallumons l'Etoile propose une version quelque peu modifiée. Depuis, concrètement, rien.
Or 5 communes de l'agglo ont voté à l'unanimité la mise en œuvre du projet porté par l'association. Ce jeudi, c'est au tour de Toulouse Métropole de se prononcer sur ce vœu, proposé par l'union des élus de gauche.
Des transversales directes
Quel est le projet ? Le principe du RER n’a rien à voir avec le RER parisien qui permet de traverser la capitale grâce à des lignes souterraines, sans changement et avec un nombre de stations limité. Le RER toulousain passe par l'aménagement des lignes SNCF existantes de manière partielle, afin de désaturer la gare centrale de Matabiau (comme l'indique la carte).
Enjeu : permettre aux usagers de traverser Toulouse sans changer de train qu'ils habitent en ville ou dans l'agglo. Moyens : création de gares et augmentation de la fréquence des trains, jusqu'au quart d'heures en heures de pointe. Amplitude horaire : de 6h à minuit avec amélioration des correspondances (TER, bus, métro) au niveau des gares. Tarif : unique pour RER, bus, métro, Téléo.
L'association propose la création d'une ligne RER A (en rouge) sans travaux en optimisant l'existant de Castelnau-d'Estrétefonds à Baziège avec un cadencement à l'heure au minimum, tout en profitant des terminus existants à Castelnaudary et à Matabiau. Objectif : améliorer la desserte en transport en commun du Nord et du Sud-Est de l’agglomération.
Asphyxie de la métropole
Cette première ligne démontrerait l’intérêt de lignes traversantes sur les autres branches de l’étoile. Rallumons L'Étoile milite, par exemple, pour une optimisation de la ligne C (déjà existante et en orange sur la carte) entre Arènes et Colomiers avec davantage de trains le soir et aux heures creuses. La ligne pourrait être prolongée jusqu'à Brax dans un second temps.
Premier promoteur du projet, l'Union fait partie des cinq communes (avec Cugnaux, Vacquiers, Balma et Pibrac), qui ont voté à l'unanimité pour la création de ce "RER à la toulousaine". Pour son maire, Marc Péré, "il y a une asphyxie croissante de toute l'agglomération toulousaine dans ses axes principaux, à commencer par sa rocade, sans parler des axes Muret-Toulouse ou Pibrac-Toulouse. Elle est totalement saturée".
5.000 voitures de plus par an
"Avec 10.000 habitants de plus chaque année et environ 5.000 voitures, on va droit à l'asphyxie totale. Ça joue contre l'attractivité et crée des dangers. Le projet de 3ème ligne de métro ne résout en rien les problèmes que rencontrent les gens qui doivent circulent en première, deuxième et troisième couronne".
"On ne peut pas rejeter un tel projet comme l'a fait Jean-Luc Moudenc cet été, poursuit l'élu. Le RER concerne tous les habitants de la couronne toulousaine mais aussi les 50.000 Toulousains qui travaillent en banlieue et s'y déplacent chaque jour. Développement du métro et RER sont des projets complémentaires".
90% en voiture
Selon une étude sur le sujet menée par l'Insee en 2020, Toulouse et les communes de son agglo accueillent chaque jour 129.000 personnes qui viennent travailler, alors qu'elles ne vivent pas sur la zone. Un chiffre qui ne cesse de croître selon l'institut. Moins de 10% d'entre elles utilisent les transports en commun pour aller de chez elles à leur lieu de travail.
Pour Marc Péré la ZFE (Zone à Faible Emission) exclut, en outre, les gens qui n'ont pas les moyens de s'acheter une voiture moins polluante. Il y a donc urgence, explique-t-il, à s'inspirer de villes comme Bordeaux ou Strasbourg : Région et métropole se sont associées dans ces agglomérations pour développer des lignes de transport cadencées utilisant le réseau ferroviaire pour traverser rapidement les deux villes.
Pollution et réchauffement climatique
"Il faut prendre ce chemin dans un souci de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique, d'autant que ces aménagements prennent une dizaine d'années. Mais on est las, au bout de 4 ans de voir qu'il n'y a pas de volonté politique. Chacun se renvoie la balle : la Région, Tisséo, la métropole".
Jean-Michel Lattes, vice-président de Toulouse Métropole et président de Tisséo, a fait savoir mercredi 19 octobre en Comité syndical de Tisséo qu'il avait écrit à la Région pour demander la mise en place d'une table ronde avec les différents acteurs sur ce dossier. Sollicité par nos soins, il n'a pas donné suite et préfère s'exprimer à l'issue du vote sur le vœu concernant le RER toulousain, qui a lieu jeudi 20 octobre au sein du conseil métropolitain.