Contrats non renouvelés faute de budget, des élèves sans professeurs : "nous ne sommes pas concernés" clame l'académie de Toulouse

Des élèves sans cours et des professeurs sans contrat, c'est le terrible constat que posent certains syndicats de l'Education nationale. Les besoins sont là mais les moyens ne suivent pas. Résultats : plusieurs académies ont décidé de ne pas reconduire les contrats de certains professeurs pour janvier 2025. Le rectorat de Toulouse répond que l'académie n'est pas concernée.

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Des professeurs du premier et du second degré qui ne sont pas titulaires voient leur contrat s'arrêter en cette fin d'année et ne pas être renouvelé pour la suite de la scolarité. Selon le SNES-FSU, cela concerne au moins les académies d’Aix-Marseille, Lyon, Reims, Nantes.

Contractuels non renouvelés : l'académie de Toulouse épargnée ?

Ceci ne concerne évidemment pas les enseignants titulaires mais tous ceux recrutés sur une durée précise, principalement des étudiants niveau licence. Ces professeurs du premier ou du second degré non-titulaires voient leur contrat interrompu ou non renouvelé cette fin d’année. La cause ? Plus de budget disponible.

Jointe par téléphone, l'académie de Toulouse affirme : "nous ne sommes pas concernés par cette situation. Nous avons recruté 40 contractuels dans le premier degré en Haute-Garonne. On continue à embaucher au fil de l’eau dans le second degré, particulièrement en Lettres et en Maths. Depuis les vacances de la Toussaint, nous avons recruté 107 professeurs du second degré, dont 53 en décembre."

Selon Yvon Manac'h, proviseur du lycée général Clémence Royer de Fonsorbes et secrétaire académique du Syndicat National des Personnels de Direction de l'Éducation Nationale, "lors d'une réunion le rectorat nous a en effet confirmé que les professeurs remplaçants ne seraient pas concernés, j'ai d'ailleurs pu en prendre un, mais les services civiques oui."

Pourtant du côté du syndicat SNES-FSU, le constat n'est pas le même : "Nous avons été alertés hier jeudi, précise Pierre Priouret, secrétaire général SNES-FSU pour l'académie de Toulouse. Nous sommes en train de répertorier tous les cas et les situations. À notre connaissance, il y a au moins 2 professeurs contractuels concernés sur l'académie."

D'autres académies plus touchées

La situation est bien plus délicate ailleurs. Dans un collège de l’académie d’Aix-Marseille c'est le cas d'un professeur d'arts plastiques qui remplace un collègue en arrêt maladie. Les élèves n'avaient pas eu de cours depuis la rentrée. Le journal Le Parisien raconte que son contrat courait jusqu'au 6 décembre mais la principale de l'établissement lui indique au début du mois qu'il devrait être prolongé. Seulement voilà, le contrat n'a finalement pas été reconduit par le rectoral, malgré les besoins. Violent pour les élèves et brutal aussi pour le professeur qui se retrouve ainsi privé de ressources.

Selon les syndicats, il y aurait déjà 27 cas de contractuels non reconduits dans cette académie, laissant des élèves sans professeur. Et souvent sans que les chefs d'établissement en soient avertis. Dans l'académie de Lyon, on parle d'une quinzaine de cas.

Une situation qui rend sceptique Pierre Priouret, secrétaire général académique du SNES-FSU. "L'idée du tweet c'était surtout pour nos collègues de se tourner vers nous pour qu'on puisse évaluer l'ampleur du phénomène qu'on n'avait pas détecté jusqu'ici."

Des raisons budgétaires

Même si le gouvernement est tombé, "Aucune consigne n’a été donnée par la ministre" selon la rue de Grenelle. Le ministère aurait donné des instructions et des rallonges budgétaires pour régler la question des contractuels non renouvelés. Certes, le projet de loi de finances prévoyait la suppression de 4 000 postes d’enseignants mais le gouvernement Barnier a été censuré avant que la loi ne soit votée.

En 2024, le budget du ministère a été amputé de 683 millions d’euros de crédits (dont 478 millions d’euros consacrés à des dépenses de personnels) dans un premier temps puis en juin et septembre 2024. En tout, les coupes budgétaires se situeraient entre 1,3 et 1,4 milliard d'euros. Certaines académies se retrouveraient donc sans ressources suffisantes pour reconduire ces professeurs.

"Le problème, c'est que c'est un problème de contractualiser de la fonction publique, poursuit Pierre Priouret à Toulouse. Ça marche si on est concurrentiel sur le marché de l'emploi. La fonction publique ne propose plus tout à fait des contrats suffisamment attractifs. Ce n'est pas une problématique nouvelle. On a eu plusieurs fois l'occasion d'expliquer au recteur que recruter des contractuels, c'était la solution du pis-aller. Ça permet quand même de ne pas recruter les gens et de les payer moins. La meilleure garantie d'avoir des remplaçants quand on en a besoin, c'est quand même de les avoir embauchés avant, et d'avoir réglé le problème pour 40 ans en leur donnant un statut."

Toutes les matières sont impactées : EPS, arts plastiques mais aussi les mathématiques, le français, l'espagnol ou l'anglais. Les lycées professionnels sont les plus touchés. La justification des rectorats est souvent la même : budget restreint. Certains professeurs ont compris quel était leur sort en ne pouvant pas accéder aux outils numériques. Pas même un rendez-vous ou un coup de fil.

L’entourage d'Anne Genetet déclare que l'ex-ministre a "demandé aux recteurs de cesser ces licenciements en attente de consulter toutes les situations". On en saura un peu plus dès que le prochain budget aura été voté. En attendant, une réunion sur la problématique des contractuels non remplacés est prévue au rectorat de Toulouse le 19 décembre.

330 000 professeurs à recruter d'ici 2030

La situation n'est pas prête à s'arranger. Beaucoup de professeurs vont partir à la retraite. "La Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (DARES) qui dépend de France Travail a évalué le nombre de professeurs à recruter. De 2019 à 2030, ce n'est pas moins de 330 000 professeurs qu'il faudrait embaucher et nous sommes déjà en retard", précise Pierre Priouret.

Seulement voilà, le métier n'est plus attractif et le niveau de salaire toujours insuffisant au vu des études. C'est bien pire encore pour les lycées professionnels où il faut débaucher des personnes en activité professionnelle. Le ministère a d'ores et déjà fait le choix de diminuer le nombre de postes ouvert au concours dans les disciplines déficitaires. Selon le SNES-FSU, 232 postes de moins (-4,53%) sont ouverts aux CAPES externes par rapport à la session précédente 2024.

La France vient de se doter d'un Premier Ministre ancien locataire du Ministère de l'Education Nationale en la personne de François Bayrou. Remplacement de professeurs, frais de déplacements, heures supplémentaire, les sujets de préoccupation ne manqueront pas pour désamorcer les tensions qui s'annoncent dans l'Education Nationale.

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