La nouvelle est brutale, telle une chute en pleine course ou une blessure durant l’effort. Les championnats d’Europe d’athlétisme, prévus à Paris du 25 au 30 août 2020, sont annulés. Le glas d’une saison estivale, annoncée pourtant prometteuse.
Djilali Bedrani, 26 ans, champion de France du 3000 mètres steeple, subit une nouvelle désillusion. Elle survient quelques jours après le report des Jeux Olympiques de Tokyo, pour lesquels il était qualifié. Cinquième et meilleur européen aux derniers championnats du Monde, le Toulousain pouvait légitimement, viser le titre continental au mois d’août, devant son public.
Grande déception pour l'athlète
Joint par téléphone, l’athlète du club toulousain le S.A.T.U.C. réagit : « je suis déçu. Pour une fois que les championnats d’Europe sont organisés à Paris. C’était une chance pour nous de défendre nos couleurs à domicile. Dans la situation actuelle, la santé passe avant tout. C’était la décision à prendre, mais j’aurai aimé que l’Euro soit reporté d’un an et non pas annulé. »Dans un communiqué, la Fédération Française d’Athlétisme, explique que l’option du report en 2021, était trop risqué sur le plan financier. « Ce choix permet de se tourner vers les Jeux Olympiques de Paris 2024 »… « en assurant aux athlètes de l’équipe de France une meilleure préparation à cette échéance majeure.»
Les organisateurs de cet Euro d’athlétisme 2020 précisent : « le choix a été guidé par une logique de responsabilité, c’est une façon de contribuer à la lutte contre la pandémie ».
Rappelons que le Tour de France et le tournoi de Roland Garros, événements planétaires, sont eux pour l’instant simplement reportés. Les enjeux financiers n’ont rien de comparables avec ceux de l’athlétisme, pourtant premier sport olympique.
Les élus fédéraux ne sont pas à la hauteur des athlètes et des entraîneurs de l’équipe de France,
Sébastien Gamel, entraîneur de Djilali Bedrani
L’entraîneur de Djilali Bedrani, ne digère pas l’annulation, pure et simple, des championnats d’Europe d’athlétisme. Selon lui, la décision est avant tout politique. Les athlètes n’ont pas été assez pris en compte.« Nos dirigeants sont résignés. Sans ambition. Je n’écarte pas la priorité sanitaire, bien entendu, mais les enjeux économiques et politiques passent avant tout. De l’incompétence, pas de combat » martèle l’entraîneur et insiste: « je suis très déçu de nos dirigeants fédéraux, des gens en qui j’avais confiance. Les élus ne sont pas à la hauteur des athlètes et des entraîneurs de l’équipe de France. »
Ces dernières semaines, Djilali Bedrani s’est préparé au Kenya puis à Font-Romeu pour mettre toutes les chances de son côté, être fin prêt pour l’été.
« Avec Djilali, nous rêvions qu’il soit champion d’Europe à Paris » explique son coach Sébastien Gamel. « Entendre la Marseillaise, dans ton pays, avec l’équipe de France… cela fait dix ans qu’il s’entraîne pour ça! Quand je vois tous les efforts qu’il a fait, c’est dur. On aurait pu reporter l’événement. »
L’entraîneur d’athlétisme s’inquiète aussi pour les sans-grades
« Il faut qu’à l’avenir, le système change, que les aides soient moins élitistes. Il va falloir permettre à plus d’athlètes de s’en sortir. Beaucoup vivent avec le RSA, le revenu de solidarité active. Au-delà de la crise sanitaire, des personnes vont perdre leur emploi. »Faute de compétition en perspective, Djilali Bedrani, n’est pas en vacances pour autant. Un coureur de demi-fond doit entretenir sa forme en permanence. Le déconfinement prévu mi-mai, devrait lui permettre de retrouver son stade de l’île du Ramier. Le natif de Toulouse se projète déjà sur 2021. Djilali espère défendre l’an prochain, ses chances à Tokyo jusqu’à la finale olympique. Se remettre d’une désillusion, franchir les obstacles et les rivières, un parcours bien connu du champion de 3000 mètres steeple.