Le CHU de Toulouse est prêt pour faire face à l'épidémie de coronavirus. Une situation qualifiée de drôle de guerre par le directeur général. Du personnel a été formé, des lits de réanimation sont prêts. "La vague" de malades est attendue dans les jours qui viennent.
Hôpitaux et cliniques de l'ex région Midi-Pyrénées sont prêts. Une vaste organisation a été mise en place pour faire face à l'épidémie de coronavirus. La vague de malades va arriver. Le CHU de Toulouse a fait le point ce vendredi 27 mars.
Depuis quelques jours, les médecins des hôpitaux de Toulouse sentent la vague arriver. Celle qu'ils vont devoir affronter sans savoir réellement quelle en sera l'ampleur. Est ce que les effets du confinement vont permettre à la région de pouvoir faire face au coronavirus mieux qu'ailleurs ? Difficile à dire.
Les signes inquiétants sont là
Mais les signes des difficultés à venir sont là. Les patients qui arrivent désormais à l'hôpital sont des personnes dont l'état se dégrade assez rapidement."Ce sont effectivement des patients beaucoup plus lourds, confirme Vincent Bounes le patron du SAMU 31, ils arrivent avec des difficultés respiratoires". En quelques jours, l'activité du smur et des ambulances a été multipliée par 2.
En une semaine le nombre de patients en réanimation a été multiplié par 5.
Concernant les personnes hospitalisées hors réanimation, elles sont 4 fois plus nombreuses.
"Ce sont des patients qui ont tous besoin d'oxygène et qui pourraient rapidement être pris en charge en réanimation", précise Pierre Delobel.
Pour le chef de service des maladies infectieuses, si on se calque sur ce qui se passe ailleurs et avec les effets du confinement le pic n'est pas encore atteint :
la phase ascendante de l'épidémie dans la région va probablement durer encore une ou deux semaines. Il y aura ensuite un ralentissement mais cela ne veut pas dire une diminution, cela montera moins vite. Le nombre de cas va continuer à augmenter de façon importante dans les prochains jours.
Des patients parfois jeunes mais avec des fragilités
Parmi les cas les plus graves en réanimation, le plus jeune patient a 22 ans, il a été admis dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 mars et présente une comorbidité ; "un autre a 30 ans avec de lourds antécédents", précise Béatrice Riu, responsable de la réanimation polyvalente à l'hôpital Purpan à Toulouse."Les fragilités peuvent être liées soit à de l'immuno dépression, soit à des pathologies cardiovasculaires ou à des antécédents de pathologies pneumologiques", explique le médecin.
la moyenne d'âge des autres patients c'est 55/65 ans avec peu de comorbidité parfois un peu d'hypertension artérielle.
Les deux premiers patients de réanimation ont été extubés après 15 jours de ventilation.
L'organisation pour éviter la saturation
Le CHU de Toulouse conduit avec l'ARS (Agence Régionale de Santé) le pilotage territorial sur l'ex région Midi-Pyrénées (avec la partie ouest du département de l'Aude en plus) permettant de garantir les filières d'accès des patients atteints du coronavirus, explique Marc Penaud, le directeur général."Toutes les cliniques et hopitaux qui disposent de réanimation sont prêts pour les patients atteints du coronavirus et pour les autres pathologies (neurovasculaire, polytraumatismes..).
Le CHU de Toulouse reste le recours final pour les pathologies les plus graves (cancers, chirurgie cardiaque lourde, grossesses à haut risque, néonatologie, greffés..)".
Le directeur du CHU rapelle :
on peut recevoir plus de 400 patients Covid sur les deux sites, celui de l'hôpital Purpan et celui de Rangueil. La réanimation peut accueillir 195 personnes.
Ainsi le SAMU de Toulouse est déjà intervenu à Carcassonne. "Des patients ont été amenés au CHU de Toulouse pour permettre à la réanimation de Carcassonne de garder ses capacités opérationnelles", explique Vincent Bounes, le directeur du SAMU 31.
"Pour les soins critiques un système de régulation a été mis en place", explique Béatrice Riu, responsable de la réanimation polyvalente à l'hôpital Purpan à Toulouse.
L'objectif est d'essayer de ne pas mettre des établissements sous tension. On assure cette régulation H 24 ; l'idée c'est de répartir sur le territoire si possible au plus près du domicile du patient mais il se peut que dans le futur, on soit obligé de réaliser des transferts pour éviter la mise sous tension d'un établissement.
Prêts pour la drôle de guerre
L'épidémie est arrivé plus tard qu'ailleurs en Occitanie permettant aux hôpitaux de se préparer. Des formations ont été réalisées en urgence, le nomnbre de lits de réanimation a été augmenté, du matériel a été mis à disposition notamment grâce à des appels aux dons. Le directeur général du CHU de Toulouse explique :On est dans une drôle de guerre, il est certain que la bataille arrive, le nombre de cas augmente et on sait que cela va continuer. On a encouragé le plus de gens possible à s'isoler en attendant. 3700 formations ont été dispensées ces dernières semines dont 1500 en simulation, cela fait partie des activités de préparation. Toutes les compétences seront requises la semaine prochaine pour venir sur le terrain.
Concernant le vécu du personnel, Béatrice Riu explique qu'il y a une grande solidarité et que les soignants sont fiers.
"Quand il rentrent chez eux, dit-elle, ce sont un peu les héros, ils reçoivent de partout des mots d'encouragement de leur famille, etc... Il y a une fierté à venir travailler. Et la frustration elle est presque pour le soignant qui reste chez lui. Puisque l'on attend la vague, on a prévu une montée en charge et dans cette montée en charge, il y a ceux qui aujourd'hui sont à la maison.
Pour l'instant l'épuisement ne se fait pas ressentir, ils ont besoin d'être là, de participer."