Coronavirus : une députée du Gard reprend son métier d'infirmière au CHU de Nîmes

La députée du Gard Annie Chapelier, infirmière de métier, a repris cette semaine son activité au CHU de Nîmes, après trois ans d’absence. Ces trois premières journées de travail lui ont permis de faire le point sur la situation à l’hôpital et sur les mesures urgentes à prendre. 

Elle avait abandonné son métier au printemps 2017 lorsqu’élue députée LREM du Gard, elle avait quitté le CHU de Nîmes pour l’Assemblée Nationale. Depuis lundi, Annie Chapelier a réintégré le centre hospitalier pour aider à la prise en charge des malades. Beaucoup, parmi ses nouveaux collègues, ne savaient d’ailleurs même pas qu’elle était parlementaire.


Des soignants qui ne comptent pas leurs heures


Elle y a retrouvé des soignants qui, depuis le début de l’épidémie, ne comptent pas leurs heures. Elle-même a effectué cette semaine trois journées de 12h au bloc opératoire puis dans un service de réanimation auxquelles s’ajoute le temps passé à transmettre les dossiers des patients à l’équipe chargée de la relève.

Ils font un travail admirable. C’est une démonstration d’humanité. Il faut voir à quel point ils sont impliqués. Certains dorment dans une caravane pour ne pas contaminer leurs familles. Cette atmosphère, je ne l’ai pas du tout retrouvée à l’Assemblée.

Annie Chapelier dit avoir du mal à partir le soir, sans la certitude de retrouver le lendemain des malades qui, pour certains, sont des cas avérés de Codiv 19. La plupart sont des personnes âgées à la santé déjà fragile. Mais les tests manquent pour traiter tous les patients fébriles mais aussi les personnels soignants. Et les recommandations encore énoncées cette semaine sur les gestes à pratiquer au nom de la sécurité sanitaire dépendent en grande partie de la gestion des stocks et des budgets.
 

Des lits supplémentaires et des renforts en personnels


Des lits supplémentaires ont tout de même pu être ajoutés. Dans son service, leur nombre est passé de 6 à 20. Avec le report d’opérations non urgentes, des personnels ont pu être délocalisés et des renforts ont été enregistrés. Mais pour l’instant, l’Occitanie en général et le Gard en particulier ne font pas partie des régions les plus touchées.

L’organisation mise en place au CHU est exemplaire, malgré d’incroyables lourdeurs administratives et des restrictions budgétaires. A Nîmes, on a eu la chance pour le moment de ne pas connaître de déferlante de cas. Nous sommes prêts à accueillir une nouvelle vague.


Les personnels soignants ne se demandent même pas si les heures supplémentaires leur seront payées. La priorité est ailleurs. Mais la députée regrette que, malgré cette implication et ce dévouement, les salaires soient toujours aussi bas, autour de 1400 euros pour les aides-soignants.
 

La députée ne croit plus aux promesses


Elle constate que la grève des services d’urgence, lancée il y a plus d’un an, n’a pas amélioré pour autant la situation. La visite du Président de la République mercredi à l’hôpital militaire de Mulhouse est une "occasion manquée" dit-elle. En plus d’une prime exceptionnelle pour tous les personnels mobilisés, Emmanuel Macron y avait annoncé un plan massif d’investissement une fois cette crise passée.

Ces promesses seront vite oubliées. Au même titre que les agriculteurs, les professions para médicales sont parmi les moins bien rémunérées, les moins bien considérées, les plus critiquées et pourtant essentielles. Mais elles n’ont pas le pouvoir de nuisance d’autres secteurs comme les transports ou l’éducation.
 

Des propositions sans suite


Annie Chapelier est aussi présidente d’un groupe d’étude sur les professions para médicales. De sa propre initiative, elle a rédigé un rapport après avoir consulté tous les corps de métiers concernés pour faire des propositions en matière de formation ou de statut. Elle l’a remis aux deux ministres de la santé successifs, Agnès Buzyn puis Olivier Véran, sans aucun retour. "Ce rapport finira comme les autres dans un tiroir".

Au mois de janvier, la députée du Gard avait démissionné du groupe LREM, disant ne plus se reconnaître dans "un mouvement hors-sol".  Elle regrette que les compétences issues de la société civile, sollicitées dans ce but après l’élection présidentielle, soient aujourd’hui oubliées. "C’est un échec total". Elle espère que la crise forcera les élus à changer les choses. "Ils sont les seuls à en avoir le pouvoir", selon elle.
 
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