Coronavirus : le groupe Lafayette appelle le gouvernement "à laisser les pharmacies vendre des masques en tissu"

Des pharmaciens, en colère, souhaitent braver l'interdiction qui leur est faite de vendre des masques chirurgicaux à la population. Le groupe toulousain Lafayette se veut plus mesuré. Il demande au gouvernement d'anticiper le déconfinement en autorisant la mise en vente de masques en tissus.

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La commande pour les 152 officines du groupe toulousain de pharmacie Lafayette est déjà prise : plusieurs millions de masques en tissus, homologués et lavables, fabriqués par un industriel français du textile.
 
Les pharmacies n'ont pourtant pas l'autorisation de vendre ou de donner des masques à des patients, même sur prescription. Dans un décret daté du 3 mars, l'ensemble de ces fournitures est réservé aux seuls personnels de santé.
 


"Aucune volonté d'engager un bras de fer avec l'Etat. Ce n'est d'ailleurs pas concevable dans une période aussi complexe", assure Hervé Jouvé, président du groupe des pharmacies Lafayette. Nous avons seulement décidé d'anticiper le déconfinement du 11 mai en nous approvisionnant."
 

Une situation ubuesque

Une anticipation qui peut être perçue comme une façon de ne pas laisser le choix au gouvernement. Car depuis plusieurs semaines, la colère gronde chez les pharmaciens. La situation est jugée "ubuesque". "Les pharmacies accompagnent les soignants, font respecter les gestes barrières, imposent le gel hydroalcoolique à leur entrée et assurent un lien social, notamment avec les personnes âgées. Nous sommes au coeur du dispositif et pourtant on nous interdit de vendre des masques", déplore le président du groupe Lafayette. 

Au point que la Federgy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie, et l'Union des groupements de pharmaciens d'officine (UDGPO) ont récemment annoncé à leurs adhérents vouloir contourner l'interdiction gouvernementale en vendant, sans délai, des masques chirurgicaux à la population. 
 

Un enjeu économique

Une ligne loin d'être partagée par Hervé Jouvé qui se veut plus mesuré : " Il y a une incompréhension. Nous comprenons cette volonté de conserver les masques chirurgicaux pour les médecins, les infirmiers. Mais le gouvernement doit aussi comprendre que tous les jours il y a une forte demande des patients pour également en obtenir. Nous permettre d'en vendre, c'est aussi une façon d'avoir un traçabilité du produit, comme nous le faisons avec les médicaments, et d'éviter les contrefaçons. Avec cette commande de masques en tissu, nous avons pris le pari que le bon sens reprendra le dessus."  
 Donner le feu vert aux pharmacies permettrait de faire d'une pierre, deux coups. Renforcer la distribution des masques à compter du 11 mai mais également apporter une petite bouffée d'oxygène financière à un secteur dont le chiffre d'affaire "a signficativement baissé" depuis le début du confinement.
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