Coronavirus : "la situation est catastrophique pour les sans abris", le cri d'alarme des travailleurs sociaux à Toulouse

Les travailleurs sociaux de Toulouse dénoncent l'abandon "pur et simple" des personnes vivant à la rue. Ils demandent le respect par l'Etat du droit fondamental à l'hébergement, en cette période d'épidémie de coronavirus qui frappe la France.

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"Les gens sont paniqués, c'est très très tendu partout".

Annabelle Quillet est l'une des travailleuses et travailleurs sociaux toulousains qui tirent la sonnette d'alarme. "Il y a une semaine, nous avons dénoncé l'abandon pur et simple des personnes à la rue. Et rien ne bouge", explique-t-elle.Dans un communiqué, le GPS (groupement pour la défense du travail social) auquel Annabelle Quillet appartient indique qu'aucune place d'hébergement supplémentaire n'a été ouverte à Toulouse, malgré certaines annonces.


Une situation explosive

Les centres d'hébergements habituels sont certes passés à une ouverture 24 heures sur 24 mais cela est loin d'être suffisant. D'autant que tous les lieux ne sont pas adaptés à recevoir et à confiner des dizaines et des dizaines de personnes, dans le respect des gestes barrières et de la "distanciation sociale". 

"Nous l'avons dit et redit : les gymnases ne sont pas la solution. Déjà, en période hivernale, ce n'est pas l'idéal, mais là... Au gymnase Cosec de la Reynerie, quatre personnes présentaient hier [dimanche 22 mars] des symptômes fiévreux. Elles ont été transférées au centre de desserrement de la Patte d'Oie. Mais au gymnase, c'est intenable", explique Annabelle Quillet. "La violence que ces personnes subissent commence à se manifester. Confiner des personnes dans des gymnases, dans des gros collectifs, c'est un comble !". 


Le 115 sous haute tension 

Les travailleurs sociaux sont très inquiets. Pour le 115, la situation est elle aussi intenable. Le standard est assailli et les agents subissent cette violence engendrée par la peur : "les personnes à la rue appellent, paniquées, et il n'y a pas de place pour elles. Nous demandons le respect du droit fondamental à l'hébergement. Il est urgent d'héberger toutes les personnes qui appellent". 

Le GPS rapporte l'absurdité de certaines prises en charge : par exemple, un homme vivant à la rue a été diagnostiqué par les médecins des urgences avec une suspicion de covid 19 positif. Il n'est pas dépisté. On lui demande de se confiner totalement pendant 14 jours. Il est finalement orienté sur un hôtel, "où de nombreuses personnes non malades sont déjà confinées".

Un SDF qui vivait dans son camion s'est vu retirer son véhicule pour défaut d'assurance. Il aurait en outre écopé d'une amende pour non-confinement et ne serait pas le seul dans le cas, assure le GPS.


Des centres d'accueil privés de protection

Autre problème majeur souligné par le GPS, la fermeture de tous les accueils de jours et de la Halte de Nuit destinée à accueillir les plus précaires des sans abris, "qui laisse les personnes dans des situations de vulnérabilité extrême : elles n'ont notamment plus accès à leurs traitements et ne se rendent pas toutes sur le seul lieu de distribution de nourriture ou d'accès à l'hygiène encore ouvert. Ces personnes se retrouvent totalement isolées. Certains accueils de jours pourraient rouvrir s’ils avaient les moyens de protection nécessaires : gants, masques, gel hydroalcoolique".

Environ 1 850 personnes sont hébergées, en famille, dans des hôtels mais se retrouvent isolées et ont une difficulté d’accès à la nourriture. Certains hôteliers ne sont pas sûrs d'arriver à maintenir l’ouverture si leurs salariés sont de moins en moins nombreux. "C'est une autre inquiétude", explique Annabelle Quillet, "et que se passera-t-il si des cas de coronavirus sont détectés dans ces structures ?"


Quelles solutions ?

Des solutions, il y en a, assurent les travailleurs sociaux de Toulouse, qui en ont déjà proposées aux pouvoirs publics. Beaucoup de lieux actuellement fermés pour cause de confinement pourraient accueillir les personnes à la rue. C'est le cas de l'ancienne clinique Saint-Jean-du-Languedoc, affirme le GPS, parfaitement adaptée à la situation d'urgence puisque les SDF pourraient être accueillis et confinés dans le respect des règles sanitaires imposées par les représentants de l’État. 

D'autre part, et comme l'a préconisé le ministre de la ville et du logement Julien Denormandie le 18 mars dernier, des hôtels peuvent être réquisitionnés. "A Toulouse, rien n'a été fait...", se désole Annabelle Quillet.

Les membres du GPS demandent à ce que les représentants de l’Etat entendent leurs appels et prennent la mesure de l’importance de protéger une population déjà fragilisée.
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