Alors que quinze millions de masques chirurgicaux ont été diffusés à l'échelle nationale, les médecins généralistes à Toulouse exigent d'être équipés de masques filtrants FFP2, réservés aux centres hospitaliers. Problème : les livraisons ne se feront que dans 3 ou 4 semaines.
De l'aveu même du chef de l'Etat jeudi "une épidémie est de toute façon inexorable". Des propos qui confirment que le stade 3 de la crise du coronavirus sera très certainement atteint "dans quelques jours, voire une ou deux semaines maximum". A Toulouse (Haute-Garonne) comme ailleurs.
Un passage au stade 3 que tout le système de santé va devoir encaisser, y compris les médecins généralistes qui seront en première ligne de cette épidémie.
Pas assez protégés
Or beaucoup d'entre eux tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs jours. Si 15 millions de masques chirurgicaux ont déjà été distribués sur l'Hexagone, ils exigent, comme à Toulouse, d'être équipés au plus vite de masques FFP2, des masques filtrants, plus protecteurs, réservés aux personnels hospitaliers essentiellement dans les services spécifiques tels que la réanimation."Le masque chirurgical arrête seulement les gouttelettes lorsqu'un patient tousse. Mais il ne nous protège pas suffisamment. Or le FFP2 couvre plus le visage, il est plus étanche et nous protège mieux des projections, nous explique un médecin généraliste toulousain. En cas d'exposition à des cas graves, nous n'avons pas les équipements et les protections suffisants pour l'instant ".
Un enjeu de taille
L'association SOS médecins 31 confirme que les équipements spécifiques en cas de phase 3 ne sont toujours pas arrivés. Avec une équipe de 20 médecins qui couvre de jour comme de nuit l'ensemble de l'agglomération toulousaine, soit plus de 800 000 personnes, ces praticiens sont particulièrement exposés.Un délai de livraison qui inquiète bon nombre de praticiens. Et l'enjeu est de taille. Assurer une protection personnelle aux médecins généralistes susceptibles de soigner des patients atteints de Covid-19 et ne pas devenir un facteur de propagation.Aujourd'hui nous utilisons une double protection, explique le président de SOS Médecin 31, Cyrille Chaugne. Si un patient souffre de toux et de fièvre, on lui fait porter un masque chirurgical tout comme le médecin qui l'ausculte, mais si nous passons en phase 3 de l'épidémie, à savoir que le coronavirus circule largement sur le territoire, nous risquons d'être confrontés à des cas plus graves. Nous avons donc commandés des masques FFP2, plus protecteur, mais qui ne nous seront livrés que d'ici 2 à 4 semaines.
"Nous n'avons pas vraiment d'explication sur ces délais de livraison, poursuit le président de SOS médecins. Mais on s'adapte. On a changé nos procédures. Si nous passons au stade 3, nous changerons notre système de consultation pour éviter que des patients se croisent au maximum et nous attendons une autorisation pour mettre en place de la télé-médecine sur des cas ne présentant pas de gravité".
Plus de tri en amont
La prise en charge du patient dans ce contexte de crise épidémique est effectivement en train d'être discutée à l'agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie en lien avec tout le système de santé.Ce qu'il faut se sont des diagnostics plus poussés en amont. Les critères de gravité vont être réévalués pour ne pas les retrouver en consultation, nous explique Stéphane Oustric, le président du Conseil de l'Ordre des médecins 31 qui se veut rassurant.
Car les médecins seront bel et bien en première ligne en cas de phase 3. L'agence régionale de santé travaille au jour le jour sur la prise en charge du patient en fonction de l'évolution de la situation pour trouver les meilleures solutions. "Il faut effectuer plus de tri, privilégier le maintien à domicile et éviter de trop exposer les généralistes à des patients contaminés Covid-19, poursuit le président de l'ordre des médecins de Haute-Garonne. Nous serons prêts à gérer cette épidémie."
Pas assez de stock
En attendant beaucoup de praticiens souhaiteraient recevoir ces masques FFP2 dans leurs cabinets médicaux au plus vite. Un moyen de rassurer tout le monde aussi. Mais les livraisons sont loin d'être acquises.
L'Etat n'a plus la réserve stratégique dont il disposait il y a encore quelques années.
De plus ces masques filtrants FFP2 sont massivement importés de Chine, là où les usines tournent au ralenti à cause du coronavirus.