Comment bien le mettre ? Où le jeter ? Est-il efficace ? A combien de degrés faut-il le laver ? Les questions que l'on se pose sur le masque sont nombreuses. Un médecin hygiéniste y répond.
A partir du 11 mai, date prévue du déconfinement des Français, le port du masque sera obligatoire dans les transports en commun, les taxis ne disposant pas d'une protection en plexiglass et dans les collèges. Un commerçant pourra refuser l'accès à un client qui ne serait pas muni d'un masque. Le port du masque fait partie des trois gestes barrières à respecter pendant cette crise sanitaire avec le lavage régulier des mains et la distanciation sociale d'un mètre. Mais les Français ne sont pas habitués à porter cette protection. Le médecin hygiéniste au CHU de Toulouse, Xavier Verdeil, répond aux questions que l'on se pose dans cette interview.
Combien de types masques existe-t-il ?
Il existe trois types de masques.
Les plus connus sont les masques chirurgicaux destinés à un usage sanitaire médical.
Il y a ensuite les masques dont la dénomination qui est entrée dans le langage courant est : "FFP2". Dans notre langage médical, on les appelle : "appareils de protection respiratoire". Ce sont des masques sanitaires à usage médical pour la protection de la personne qui le porte dans des activités particulières, médicales. Ces masques "FFP2" sont assez connus car visuellement ils se présentent de façon différente. Alors que les masques chirurgicaux sont plats, les "FFP2" sont en coque ou en bec de canard.
Le troisième type de masques porte plusieurs appellations : "les alternatifs" (par rapport aux deux autres catégories), "à usage non médical" ou "non sanitaire", "barrière", "tissu", ou "grand public". Ce sont donc les masques barrières en tissu, destinés à la fois à certains professionnels qui ne nécessitent pas de recourir à des masques chirurgicaux, et à la fois au grand public, aux personnes dans la rue. Il s'agit de masques ayant passé la phase de tests de filtration et de perméabilité respiratoire.
Les masques grand public en tissu sont-ils suffisants ?
Ils suffisent pour un usage quotidien classique. Le niveau de protection de la personne qui le porte dépend des personnes qu’elle rencontre, de si elles portent également un masque ou pas. Si plusieurs personnes qui se rencontrent sont masquées, la protection est renforcée. Par analogie c'est la même chose que pour la vaccination : plus les gens sont vaccinés, moins les risques de contamination sont élevés.
Quelle est la durée de vie d'un masque ?
La durée de vie préconisée par les fabricants pour les masques chirurgicaux et pour ceux en tissu est de 4 heures. En plus de cela, il doit être changé s'il est mouillé ou souillé par des projections, éternuement ou toux de la personne qui le porte.
Peut-on utiliser un masque chirurgical plusieurs fois ?
Non. Ce sont des masques à usage unique donc pour une personne, un usage, et pendant au maximum 4h en une seule fois. Une fois quitté, le masque doit être éliminé. Le risque si on le garde, c'est qu'il soit souillé par des gouttelettes de la personne qui le porte à l'intérieur. Si on le touche, on se contamine les mains et les surfaces. Et le fait de le quitter et le déposer quelque part créer le risque qu’il soit manipulé, touché par un autre individu.
Quels sont les bons gestes à adopter pour mettre et retirer son masque ?
Avant de mettre son masque il faut se frictionner les mains avec une solution hydroalcoolique ou se les laver avec du savon. Prendre ensuite un masque propre, et le positionner d'abord sur le haut du nez, puis le déplier pour couvrir jusqu’au menton. Le masque doit remonter sur l’arête du nez, et il ne doit pas laisser le menton exposer. Il doit être placé sous le menton. Certains masques permettent un ajustement. Il faut le plaquer sur le visage.
Quand on le retire on fait une hygiène des mains.
Que fait-on d'un masque une fois qu'on l'a retiré ?
Lorsqu’on quitte son masque en tissu on le protège dans un sac plastique avant de le laver si on ne lance pas la machine immédiatement. Le lavage se fait à 60° pendant 30 minutes. Ensuite il faut le sécher au sèche linge, au sèche cheveux ou en le repassant avec un fer à repasser. Le nombre de lavages recommandé est inscrit dans la notice du fabriquant, ça dépend des masques. Après le nombre de lavages maximum, il faut jeter son masque en tissu dans une poubelle ménagère classique.
Les masques chirurgicaux eux, doivent être jetés dans la poubelle directement, puis il faut à nouveau se laver les mains. Il ne faut pas les jeter sur l’espace public, on commence à en voir.
Les masques en tissu fabriqués par des particuliers sont-ils efficaces ?
Ceux que l'on achète dans les pharmacies ou dans les grandes surfaces sont des masques en tissu qui répondent aux tests de filtration et de perméabilité. Il existe une liste de fabricants habilités.
Quand on se procure des masques en tissu auprès de particuliers c'est plus délicat. On ne peut pas être sûr qu'ils aient obtenu les tests parce qu'il ne s'agit pas de distributeur. On aura donc du mal à affirmer qu'ils sont conformes.
Doit-on changer de masque si on doit boire ?
Si vous avez la nécessité de boire, vous pouvez détacher un élastique d’un côté, boire et le remettre.
Porter un masque soi-même suffit-il à se protéger du coronavirus ?
Il y a trois niveaux de protection avec les masques.
Si on est en contact avec une personne Covid + et que l'on porte un masque en tissu ce n'est pas optimal, la protection est même faible. S'il secrète des postillons, on est faiblement protégé car le masque évite les projections de celui qui le porte.
La personne Covid + doit porter un masque pour une meilleure protection.
La protection la plus renforcée, la plus forte est quand un masque est portée par deux personnes.
Plus il y a de gens masqués, moins le virus peut circuler.
Il est quand même nécessaire de garder la distance d'un mètre, même quand les deux personnes portent un masque.
Doit-on respecter toutes les barrières en même temps, le seul port du masque ne suffit-il pas ?
Il faut respecter toutes les trois barrières à savoir le port du masque, la distanciation, et l'hygiène des mains. Si on ne respecte pas l'une de ces barrières, on est en sur risque ou en défaut. Dans les métros par exemple, il est important de respecter la distance entre les voyageurs, même s'ils sont tous masqués.
Si on a des difficultés à respecter les trois gestes barrières, on peut compléter par un quatrième comme un écran en plexiglass par exemple. Dans les supermarchés certains clients n'ont pas de masque, ou ne respectent pas la distanciation sociale. Les caisses se sont donc munies d'écrans en plexiglass. C’est une quatrième mesure qui permet d’éviter les défauts ou les défaillances des trois autres.
Recommandez-vous de porter un masque tout le temps, est-il obligatoire ?
Si on est susceptible de croiser d’autres personnes il faut porter un masque. La seule exception est lorsque l'on se balade seul. Dans un environnement urbain, le port du masque protégera celui qu’on va rencontrer. La protection sera mutuelle si les deux personnes sont masquées.
En l’état actuel des connaissances et de la circulation du virus, la prudence voudrait donc que l'on porte un masque dans les zones urbaines. Le terme employé par le gouvernement est "port de masque systématique". Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas obligatoire. En maternelle par exemple il sera interdit pour les enfants car ils vont jouer avec, mais obligatoire pour le personnel enseignant. Au primaire c'est laissé à l’appréciation des établissements mais obligatoire pour les collèges. Les recommandations varient d’une collectivité à l’autre, et d’un âge à l’autre. Dans les transports en commun, les taxis, c'est obligatoire. Les commerces, eux, pourront demander le port du masque à leurs clients mais ça ne peut pas être l’Etat qui l’exige.
Que faire pour éviter la buée quand on porte des lunettes ?
C'est un problème d’ajustement au niveau de l’arête du nez, il n'y a pas de solution miracle. C'est un problème de hauteur du masque au niveau du nez. Pour la protection en milieu hospitalier, quand on porte des lunettes de protection au-dessus des lunettes de vue ça engendre le même type d’inconfort. Pour y remédier la visière est apparue, elle permet d'éviter cet inconvénient d’inconfort. La visière permet d’éviter les défaillances des autres mesures barrières. Elle est à utiliser en remplacement des lunettes, elle ne remplace en aucun cas le port du masque, ne protégeant que le haut du visage et donc la contamination par les yeux. Mais le virus se transmet lorsque les mains entrent en contact avec la bouche, le nez ou les yeux. L'hygiène des mains est le geste le plus recommandé. Il faut éviter de porter ses mains au visage, sachant qu'on le fait en moyenne une fois par minute. Le fait de porter un masque va aussi éviter de toucher le nez et la bouche.
Que faire si on a envie de toucher son masque ?
Il faut éviter de manipuler le masque, les premiers jours ça peut créer des inconforts, on a tendance à le toucher. C’est une question d’habitude.
Quand on le touche il faut se faire une hygiène des mains.