Odile et Robert Villalva sont retraités et vivent à Fourquevaux près de Toulouse depuis plus de 25 ans. Pendant le confinement lié à la crise du covid 19, la vie n’a pas été simple pour le couple. Le dispositif de soins dont bénéficiait Odile, atteinte de la maladie d’Alzheimer, s’est arrêté net.
Plongé dans le sommeil depuis deux mois, le village de Fourquevaux s’éveille peu à peu. Depuis le 11 mai dernier, la vie semble reprendre son cours. L’école élémentaire est à nouveau ouverte, les voix et les rires des enfants claquent dans l’air et viennent briser un silence pesant; les voitures circulent à nouveau et les habitants, prudents, recommencent à sortir.
Pour fêter le premier jour du déconfinement Odile et Robert, sont allés jusqu’au lac de Saint-Ferréol en voiture et ça leur a fait "un bien fou"!
Il est sa boussole, son fil d’ariane. Quand un mot lui échappe, Robert le lui souffle, quand Odile bute sur un lieu, une date, naturellement Robert précise. Comme un interprète il accompagne Odile dans les conversations et préserve le lien entre elle et les autres, sans jamais l'exclure, Odile peut rester dans la danse.
Bienveillant. Il lui sert de guide, de jour comme de nuit sans jamais la brusquer. Depuis 5 ans, Odile est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Agée de 86 ans elle est encore très alerte mais elle a cependant besoin de soins pour atténuer les symptômes de la maladie.
Avec la crise du coronavirus et le confinement, les séances d’orthophonie et de kinésithérapie qui rythmaient la semaine se sont interrompues. Une rupture brutale dans le quotidien d'Odile.
Cela n’a pas été facile tous les jours pour Robert qui a pallié cette difficulté, "comme il a pu". L’annonce du déconfinement l’a un peu soulagé même si tout est loin d’être réglé.
Les difficultés d’un aidant en période de confinement
Odile et Robert sont mariés depuis 53 ans, il y a des regards qui en disent long sur la complicité de ce couple de retraités. Odile était professeur d’Anglais et Robert, chef du bureau des sports de la ville de Muret. Ils sont venus s’installer à Fourquevaux en 1994 et habitent une ancienne métairie au milieu des champs. Robert l’avoue : "il y a pire comme lieu de confinement".Une vie bien remplie rythmée par des naissances, 4 filles et 13 petits-enfants qu’ils ne voient malheureusement peu ou plus depuis le début du confinement.
Les enfants habitent loin et même si l’une de leurs filles a pu se libérer quelques jours au début, Robert, âgé de 77 ans s’est souvent retrouvé seul à tout gérer.
"Les quatre séances de kinésithérapie et d’orthophonie par semaine ont été annulées pendant le confinement, plus de taxi non plus pour la transporter, tout le dispositif s’est arrêté net et cela l’a beaucoup perturbée. Elle a un peu régressé, l'orthophoniste l'aide beaucoup!
se confie Robert avec beaucoup de délicatesse.
Depuis sa maladie, Odile est dans les pas de Robert. Impossible pendant le confinement de l’amener faire les courses, Odile ne comprenait pas pourquoi :
explique Robert à Odile pendant notre conversation.tu avais du mal à rester enfermée, tu avais du mal à comprendre que c’était interdit de sortir, tu étais agressive, très agitée.
"J’ai bénéficié d’une formation destinée aux aidants que j'ai effectuée à la fondation Alzheimer, mais il y a eu des jours difficiles. Moi aussi j’ai des problèmes de santé, une maladie cardiaque et ce n’était pas de tout repos, il a fallu gérer les courses, la cuisine même si ma fille me remplissait quelquefois le congélateur et le ménage aussi car l’aide ménagère ne venait plus non plus, ça fait beaucoup".
"Et puis nos enfants et nos petits enfants nous manquent, c’est important pour elle de garder ce lien affectif et pour mes enfants aussi"!
rajoute Robert Villalva
Déconfinement et espoirs mesurés
"Tout n’est pas encore rentré dans l’ordre, les séances chez le kinésithérapeute et l’orthophoniste ne sont pas encore mises en place, les cabinets commencent à peine à rouvrir et cela prendra du temps. Ce ne sont plus les mêmes conditions d’accueil et cela peut être perturbant aussi pour Odile. Le vendredi elle allait aussi à la "halte répit" de Fourquevaux mais pour le moment rien n’a repris sauf nos promenades"!Malgré tout, le déconfinement est arrivé comme une bouffée d'oxygène pour ce couple de retraités :
Quelques inquiétudes persistent cependant : "le pic d'épidémie n’a pas été atteint, nous sommes des personnes à risques il faut rester vigilant, nous ne sommes pas à l’abri d’un reconfinement".le premier jour du déconfinement nous sommes allées en voiture au lac de Saint-Ferréol, on a fait une grande balade, ça nous a fait un bien fou!
A la fin de notre entretien, Robert se confie tout bas et avoue regretter ses escapades sportives :
Mais ce soir, Robert semble très heureux, l’une de ses filles vient passer le week-end chez eux, "un petit moment en famille qui va faire du bien à tous"!ce qui manque le plus, ce sont mes sorties au club d’athlétisme de Muret. Je suis le président d’honneur et j’aide souvent le week-end lors des manifestations sportives. Mais ça, malheureusement ce n’est pas prêt de reprendre, c’était en quelque sorte ma récréation, mon petit moment à moi, ma bouffée d’air frais.