La demande de bilans allergologiques explose au CHU de Toulouse (Haute-Garonne). Des patients qui veulent être sûrs de ne pas avoir de contre-indications allergiques pour se faire vacciner contre le Covid. Des requêtes neuf fois sur dix inutiles et qui alourdissent le travail du service pneumologie et allergologie toulousain, en pleine vague épidémique.
Laurent Guilleminault, pneumologue et allergologue au CHU de Toulouse, lance un appel : Vous avez de l'asthme, une rhinite allergique, une allergie alimentaire, une allergie au venin de guêpe ou d’abeille ? "Vous pouvez-vous faire vacciner contre le covid." Vous avez déjà été vaccinés et avez eu une réaction, une éruption cutanée ou d’œdème du visage ? "Vous pouvez faire votre rappel. C’est un effet secondaire classique. En général, une personne sur cinq peut faire ce type de réaction. C’est bénin. L'ensemble de ces personnes peuvent se faire vacciner sans problème. C’est une certitude."
Un rappel à l'ordre du spécialiste toulousain. Son service fait face depuis la fin de l'année à un boom de demandes de bilans allergologiques "alors que bon nombre n'en a pas besoin".
90% des cas non-concernés
Chaque jour, une dizaine d'examens de ce type sont réclamés. Des patients racontant avoir pris un médicament enfant et avoir subi une éruption cutanée. "Ils demandent alors à faire un bilan afin d'être sûrs qu'ils tolèrent bien le vaccin Covid. Il n’y a pourtant pas de liens. Dans 90 % des cas, nous leur répondons par courrier qu'il n'y a pas de contre-indication à se faire vacciner" rapporte Laurent Guilleminault.
Il n’y a en effet que deux contre-indications à la vaccination anti-Covid pour les personnes allergiques. Et elles sont rarissimes. "Les patients qui ont la nécessité de venir nous voir et de faire un bilan sont ceux qui sont allergiques au polyéthylène-glycols, qui est un excipient du vaccin, ou ceux qui ont fait un choc anaphylactique couplé à une éruption cutanée dans les 30 minutes qui suivent la vaccination."
Selon l'allergologue, ces situations sont "extrêmement rares". Les anaphylaxies au vaccin ne représentent qu'"un cas sur un million de personnes vaccinées."
La peur du vaccin anti-Covid
Mais le médecin le reconnaît, l'an dernier à la même époque, il y a eu un "emballement" de la part de "patients comme des spécialistes" après les résultats d'études sur le vaccin anti-covid évoquant deux cas en Angleterre et six cas aux Etats-Unis : "Il y a eu des craintes mais désormais, avec le recul, on sait que les personnes allergiques peuvent être vaccinées."
Il y a aussi ces injonctions contradictoires. Des personnes ayant fait des réactions à d'autres vaccins, comme celui de coqueluche, par exemple, à qui on a dit qu'il ne fallait pas qu'ils se fassent à nouveau vacciner mais qui sont aujourd'hui dans l'obligation de le faire si elles veulent obtenir un Pass sanitaire. "Il n'y a pourtant pas de liens entre la vaccination infantile et la vaccination contre le covid" assure le Docteur Guilleminault.
Mais la peur du vaccin n'est pas sans conséquence. "En pneumo-allergologie, nous prenons en charge les patients covid. Cela commence à devenir complexe en termes d’organisation" estime le pneumologue-allergologue qui, à force, va finir par devenir lui-même allergique à ces demandes de bilans.