L'inquiétude grandit dans les Ehpad de Haute-Garonne. 60% des établissements du département sont concernés par le coronavirus. La mortalité y a bondi au cours du mois de septembre.
L'appréhension ne s'exprime pour le moment qu'à bas bruit. Derrière les portes des Ehpad de Haute-Garonne, derrières celles de l'Agence régionale de santé où dans les établissements hospitaliers, les chiffres du Covid de ces dernières semaines dans les structures de Haute-Garonne provoquent beaucoup d'inquiétude.
60 % des maisons de retraite du département, soit 77 sur 131, sont ou ont été touchées par le coronavirus. "46 sont des situations actives ou en cours. 18 clusters sont en cours d'analyse" révèle le directeur de la délégation départementale de l'Agence régionale de santé en Haute-Garonne, Laurent Poquet.
28 morts en un mois
Mais le plus préoccupant concerne le nombre de décès au cours de ces dernières semaines. 28 personnes âgées sont mortes en Haute-Garonne au cours du mois de septembre. "Autant que sur les 4 mois de la première vague, souligne le responsable de l'ARS qui précise aussitôt : "le coronavirus est la cause mais pas seulement. L'âge très avancé de ces résidents et de fortes comorbidités peuvent être aussi des explications. Quoi qu'il en soit l'ARS est extrêmement vigilante concernant ces données."#Toulouse #COVID Maison de Retraite Bastide Médicis, 23 anciens atteints du COVID et maintenant 24, quand vous apprenez qu'une sœur qui s'inquiète de la non hospitalisation de sa sœur est renvoyé sur la fille qui serait sa tutrice alors que celle-ci est sous tutelle
— Philippe GRANGIER (@PhilippeGRANGI1) September 23, 2020
Selon nos informations, trois Ehpad situés sur Toulouse seraient plus particulièrement impactés. Lundi 28 septembre, 6 personnes de la maison de retraite Sainte Monique, située dans le quartier de la Patte d'Oie à Toulouse, étaient touchées par la maladie. 2 résidents de plus de 90 ans sont décédés à l'hôpital. "Le Covid est arrivé chez nous par l'intermédiaire d'un personnel soignant intérimaire, explique en toute transparence le directeur-général de l'Anras en charge de la structure, Andrès Atenza. Malgré tous les gestes barrières et les mesures sanitaires, il suffit d'une petite erreur pour que nous nous retrouvions en difficulté."
Eviter le glissement mortel
Pour endiguer l'épidémie, l'établissement a été sectorisé et les résidents malades installés dans un secteur dédié au Covid. S'appuyant sur l'expérience des mois de mars et d'avril dernier, il a été décidé de ne pas couper Sainte Monique de l'extérieur. Aucun confinement dans les chambres n'a été imposé et les visites ont été maintenues. "Elles sont néanmoins encadrées souligne Andrès Atenza, de 13 à 18 heures sur rendez-vous".L'éloignement et l'isolement ont été parfois plus mortels que le Covid-19. "Dans ces conditions, on se laisse mourir de tristesse. C'est un phénomène de glissement incontrôlable. Cela a été pour nous une épreuve. Il faut savoir faire preuve d'humanité."
"Veut-on prendre soin des gens fragiles ?"
Un constat partagé par Laurent Poquet : "Tout cela est très traumatisant. Il faut attirer l'attention des familles sur le fait de continuer à respecter les gestes barrières. Il faut que chacun d'entre nous continuons à la plus grande prudence". Andrès Atenza ne veut pas, comme il le dit, de "guerre intergénérationelle". Pour lui, "Il y a eu un relachement total durant cet été. Nous nous sommes sentis tout puissant et nous nous retrouvons dans un département en rouge. Il faut en effet cohabiter avec le virus mais en France nous avons 18 millions de gens fragiles. La question aujourd'hui est de savoir si l'on veut prendre soin de ces personnes !".Les professionnels de santé assurent que la prise en charge des patients sera plus réactive mais ils se préparent à une situation extrême. Le directeur de l'Agence régionale de santé de Haute-Garonne prévient : " si nous ne faisons rien, nous avons la certitude que la vague actuelle sera plus haute que la première".