Une étude réalisée à Toulouse par le service de virologie de l'hôpital Purpan mesure les effets des différentes contraintes imposées ces derniers mois aux citoyens pour ralentir la propagation du coronavirus. Du port du masque au couvre-feu, on arrive à ralentir le nombre de nouveaux cas positifs.
Depuis plusieurs mois les contraintes se succèdent pour tenter de freiner la propagation du coronavirus. A Toulouse, le masque a été imposé aux citoyens dans certains quartiers puis sur toute la commune, le préfet a ensuite imposé les fermetures de bars et restaurants le soir. Ensuite est venu le couvre-feu puis le confinement.
Des restrictions parfois difficiles à accepter pour certains et pourtant elles sont efficaces. Chloé Dimeglio, biostatisticienne au service virologie de l’hôpital Purpan a étudié l’impact de ces mesures. On ne peut encore évaluer l'impact du confinement sur la dynamique du virus car il faut au moins 10 jours pour voir une évolution. En revanche, on peut évaluer l'impact des mesures précédentes. Les courbes présentent l’évolution du nombre de nouveaux cas positifs par jour et à quel moment intervient le pic.
Les mesures ont, selon cette étude, permis de décaler le pic de trois mois et de réduire le nombre de nouveaux cas positifs de 75%.
Avec la première mesure (le 5 août) qui imposait le masque dans certaines rues de Toulouse, le nombre de nouveaux cas "n’est plus que de 10 000" avec un pic qui se décale dans le temps au 2 décembre (courbe rouge)
Le 21 août le masque est devenu obligatoire partout dans Toulouse, on voit qu’avec cette mesure la courbe descend encore à 8 500 nouveaux cas maximum. (courbe verte)
Avant le couvre-feu, le préfet avait notamment imposé la fermeture des bars à 22 heures et des restaurants à minuit (le 26 septembre), c’est la courbe violette. On voit que l’intensité se dégrade nettement avec un maximum de 5 000 nouveaux cas par jour au 22 janvier.
Enfin avec le couvre-feu décrété le 16 octobre (courbe bleu clair) l’impact est moindre mais non négligeable ; on voit que le pic se décale encore dans le temps. On atteindrait sans mesure supplémentaire un nombre maximum de 4200 nouveaux cas au 10 février.
"Montrer que ces mesures ont un réél impact"
Ces mesures, on le voit sur le graphique, ne sont pas encore suffisantes car l’objectif est d’éviter la saturation dans les services de réanimation. Le seuil de saturation pour cette étude a été fixé à 2 100 nouveaux cas covid positifs par jour. "Ce qui correspond à 200 lits de réanimation à Toulouse au CHU et dans le privé", explique Chloé Dimeglio. "C’est un seuil théorique, précise la chercheuse, potentiellement il peut être légèrement augmenté mais on ne peut pas le faire évoluer énormément.""Avant de publier cette étude, nous l’avons diffusé au niveau de notre CHU, indique la biostatisticienne ; c’est le rôle de la modélisation de suivre l’évolution du virus pour anticiper au mieux les capacités hospitalières. Mais on estime aussi que c’est informatif pour un public non spécialisé. Publier nos travaux a aussi pour but que la population se rende compte que ces mesures ont un réel impact et mieux on respectera ces mesures plus on évitera des contraintes supplémentaires".