Le ministère de l'agriculture vient de notifier son "dispositif de restructuration de la réduction définitive du potentiel viticole" à la commission européenne. Une enveloppe de 120 M€ pour arracher des vignes avec des aides allant jusqu'à 4 000 € à l'hectare. Des annonces qui interrogent et font vivement réagir certains viticulteurs.
Hier 19 septembre le ministère de l'agriculture a déclaré soumettre à la Commission européenne un dispositif d’arrachage destiné à soutenir la filière viticole. Selon le ministère, il s'agirait d'un "premier volet de réponse aux difficultés structurelles rencontrées par le secteur viticole". La commission doit désormais valider ou pas cette proposition.
4 000€ par hectare de vignes arrachés
En début d'année, le gouvernement lançait une enquête auprès de l’ensemble des viticulteurs pour leur permettre d’indiquer leurs intentions tant pour ce qui concerne la volumétrie des surfaces qu’ils souhaiteraient le cas échéant arracher, que les modalités d’arrachage privilégiées (temporaires ou définitives). À l’époque, il annonçait une enveloppe de 150 M€. Désormais, elle n'est plus que de 120 M. Ce qui ne va pas manquer de faire réagir les viticulteurs.
Ce plan prévoit une aide à l'arrachage définitif pouvant atteindre 4 000 euros par hectare, ce qui permettrait théoriquement de couvrir l'arrachage de 30 000 hectares. Une aide conditionnée, précise le communiqué, à l’abandon de "la production d’autorisation de replantation, et au renoncement à la demande d’autorisations de plantations nouvelles pour les campagnes viticoles 2024 à 2029". Donc il ne s'agirait pas d'arrachage définitif.
Selon le président des Vignerons Coopérateurs d’Occitanie, Ludovic Roux interrogé par La Dépêche, le chiffre pourrait atteindre 50 000 hectares rien qu'en Occitanie, ce qui lui fait dire : "moi j'appelle ça un plan social."
La région Occitanie représente 34% de la surface viticole française avec 268 000 hectares.
Crise viticole dans les Pyrénées-Orientales : le préfet confronté au désespoir des exploitants https://t.co/d8ZIgq4UCM via @lindependant
— L’Indep Perpignan (@LIndep_perpi) September 16, 2024
Un secteur en crise profonde
Ces aides viennent compléter le fonds d'urgence de 80 M annoncé par Marc Fesneau pour les viticulteurs durement touchés dans les bassins du grand croissant sud-ouest, sud-est et sud de la vallée du Rhône. Avec le réchauffement climatique, et même si la vigne est plutôt résistante à la sécheresse, des plants crèvent ou produisent moins. Parallèlement, la consommation baisse et les caves ne savent plus que faire de leurs stocks. D'où cette solution en urgence d'arracher des vignes.
En novembre 2023, la Commission européenne avait déjà validé un plan d'arrachage de 8 000 hectares dans le Bordelais, premier vignoble AOC.
Selon Jérôme Despey, président du conseil dédié au vin au sein de l'établissement public
FranceAgriMer , "il y a urgence de pouvoir le valider pour pouvoir le mettre en place d'ici la fin de l'année". Dès la validation, des guichets seront ouverts par FranceAgriMer pour les agriculteurs souhaitant en bénéficier. Marc Fesneau alors ministre de l'agriculture en exercice avait annoncé que 100 000 hectares pourraient être concernés.
parce que c’est ça gérer
— Legras patrick (@patrick_legras) September 19, 2024
la crise viticole ? https://t.co/OWW86NAokN
Le France comptait 800 000 hectares de vignes en 2020. Elle reste le premier producteur mondial de vin (48 millions d'hectolitres en 2023). Mais jusqu'à quand ?