La Croix Rouge se mobilise contre la pénurie de personnel dans le secteur de l'aide aux personnes âgées

L'aide aux personnes âgées, un secteur qui peine à recruter. Pour attirer de nouveaux candidats, l'institut régional de formation de la Croix Rouge à Toulouse organise une journée dédiée aux formations et métiers du grand âge, en partenariat avec des professionnels et des structures qui recrutent.

Mettre en relation les candidats aux métiers du grand âge et les centres de formation, les organismes financeurs et les établissements qui recrutent, tel est l'objectif du speed dating organisé à Toulouse ce jeudi après-midi. Une opération séduction qui vise aussi à répondre aux difficultés de recrutement auxquelles sont confrontés les organismes d'aide aux personnes âgées.

Pourquoi si peu de candidats ?

La prise en charge des personnes âgées en perte d'autonomie est confrontée à un paradoxe avec d’une part le vieillissement de la population donc, une forte croissance de la demande, et de l'autre des difficultés à recruter des personnels compétents et motivés.

Le principal facteur expliquant ces difficultés est la dévalorisation dont souffrent les métiers d'aide aux personnes âgées. Insuffisamment reconnus, peu payés (les salaires dépassent rarement le SMIC) pénibles physiquement et psychologiquement, ils sont victimes d’une image négative.

Des professions plus touchées que d’autres

Une pénurie de personnel qui se fait notamment sentir chez les aides-soignants. Dans son rapport « grand âge et autonomie » remis en octobre dernier à la Ministre des solidarités et de la santé, Myriam El Khomri fait état d’une baisse de 25% des candidatures aux concours d’accès en 6 ans. Un chiffre révélateur de la désaffection pour cette profession.

Les conditions d’exercice sont très difficiles, notamment par manque d’effectif. Les postures, les rythmes de travail sont marqués par une forte pénibilité et se traduisent par un nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles trois fois supérieur à la moyenne nationale note Myriam El Khomri.

On dénombre plus d’accidents du travail chez les aides-soignants que dans les métiers du bâtiment

s’alarme Sarah Lisboa, responsable des ressources humaines à la Croix Rouge Occitanie
 

Des effectifs à flux tendu dans les EPHAD comme dans l’aide à domicile

Installée à Marignac (Haute-Garonne) l'association SAMAID (Service d'aide au maintien de nos aînés à domicile) emploie 25 personnes qui interviennent quotidiennement auprès d'une centaine de personnes âgées. Cette structure associative, comme beaucoup d'autres, peine à trouver des candidats.

Pour Pierre Daspet, secrétaire bénévole de l'association, plusieurs facteurs expliquent ces difficultés. Selon lui, le plus gros handicap est l'éloignement des clients. Dans ce secteur montagneux, les temps de trajet sont très longs pour passer d'une vallée à une autre.

Autre écueil, les rémunérations qui ne sont pas attractives. Résultat, l'association est en permanence sur le fil du rasoir.

Il suffit d'une démission ou d'une maladie pour qu'on se retrouve dans la panade

s'inquiète Pierre Daspet, secrétaire bénévole de l'association SAMAID

Une situation tout aussi alarmante dans les structures d’accueil pour personnes âgées. En Occitanie, la Croix Rouge a recensé une dizaine de postes qui ne trouvent pas preneur depuis plusieurs mois. Et cette pénurie ne se limite pas aux zones rurales. Sur la seule ville de Nîmes, 5 postes sont à pourvoir.
 

Une question de formation ?

Comme l’ensemble des professions sanitaires, la profession d’aide-soignant est réglementée par le code de la santé publique. Dans ce cadre, l’accès aux formations est soumis à des quotas d’effectifs définis par le ministère de la santé et le ministère de l’enseignement supérieur. Un verrou que Myriam El Khomri préconise de faire sauter dans son rapport.

Dans ces professions, on trouve très peu d’apprentis. Développer l’apprentissage permettrait de répondre aux besoins

assure Anne-Marie Khallouki, directrice formations pré qualifiantes à l’institut régional de formation professionnelle de la Croix Rouge Occitanie

Une journée pour susciter des vocations

Cheveux longs et lissés, en jeans et en baskets, Julie est arrivée avant l’ouverture du speed-dating. Cette jeune femme, élève en STAPS à Rodez prépare un diplôme en sport adapté mais explique qu’elle a envie de voir quels sont les débouchés dans le secteur médico-social. Elle se verrait bien aide-soignante mais plutôt dans le secteur du handicap

Je sais qu’il y a de la demande dans le secteur de l’aide médicale. Du coup, je n’exclus pas de suivre un cursus dans ce secteur à la fin de mes études en Staps

confie Julie, participante au speed dating.
 

Orlane elle a déjà un passé professionnel dans le notariat. Aujourd’hui au chômage, elle fait partie de celles qui ont la vocation.
En reconversion, elle souhaite elle aussi devenir aide-soignante. Elle a passé le concours l’an passé et l’a raté. Elle sait qu’elle doit se professionnaliser et elle est venue voir les offres de formation qui pourraient lui correspondre.

Je voulais donner un sens à mon futur métier et l’aide aux personnes âgées est un secteur qui me ressemble et qui répond à ce désir

confie Orlane, participante au speed dating

Des débouchés assurés

Les besoins sont tels que les personnels formés à la prise en charge des personnes âgées n'ont pas de difficulté à trouver un emploi. La pénurie crée une concurrence, non pas entre candidats mais entre employeurs. 

Aujourd’hui, les candidats sont si peu nombreux que les employeurs les « draguent » A la fin de leurs études, 100% des aides-soignants trouvent un emploi

précise Fabienne Bruyère, conseillère en formation continue au Greta
 Les métiers du grand âge en chiffres

830 000 équivalents temps plein employés auprès de personnes âgées en perte d'autonomie

63% des EHPAD déclarent avoir au moins un poste non pourvu depuis 6 mois ou plus

Source : Ministère des solidarités et de la santé - Chiffres au 28/03/2019