Dans les services Alzheimer des Ehpad, "la surveillance ne peut être effectuée correctement ", cette directrice tire la sonnette d'alarme

Après les deux accidents récents survenus dans des Ehpad en Haute-Garonne, la question de la sécurité se pose. Entretien avec Amandine Marie, présidente de l'association des directeurs d'établissements et de services pour personnes âgées d'Occitanie.

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Deux affaires sont venues récemment bousculer la vie de deux Ehpad près de Toulouse. Les deux drames sont survenus à chaque fois au sein de l'unité Alzheimer.

Une septuagénaire tuée et trois agressions

La première est révélée par nos confrères de La Dépêche. Au début du mois de juillet 2024, une septuagénaire est retrouvée morte dans sa chambre d'un Ehpad de Toulouse. Une enquête confiée aux unités de la Division de la criminalité territoriale a été ouverte pour meurtre. Selon La Dépêche, des témoins "affirment avoir vu un homme sortir de la chambre voisine avec une pantoufle dans la main." Des questions se posent alors sur la culpabilité de cet homme, visiblement atteint de la maladie d'Alzheimer.

Le week-end dernier, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 juillet, trois agressions ont eu lieu dans un Ehpad de Ramonville-Saint-Agne, près de Toulouse. Un pensionnaire est alors retrouvé nu, dans le lit d'une résidente, là encore au sein de l'unité Alzheimer. L'homme s'en serait pris à trois femmes.

Marie Amandine, est présidente de l'association des directeurs et directrices d'établissements et de services pour personnes âgées en Occitanie. Elle tire la sonnette d'alarme.

Comment expliquer les défaillances au sein des Ehpad ? 

"Aujourd'hui, le système de financement n'est pas adapté. 75% des dépenses sont des dépenses de personnel. Il faut vraiment renforcer les effectifs ! Nous sommes des humains qui travaillent avec des humains, le social est au cœur de notre métier et aujourd'hui, on ne mise pas dessus. Depuis des années, nous demandons davantage de financement. Mais depuis la pandémie de Covid, le personnel souffre des effets rebond et on a du mal à voir les choses s'améliorer", déplore Marie Amandine. 

La plupart des incidents ont lieu dans des unités de soins spécialisés, pensez-vous qu'il y a une explication ? 

"On a besoin de renforcer les effectifs, et encore davantage dans des unités de soins spécialisés, comme ceux qui accueillent des personnes souffrant d'Alzheimer. Car ces unités, si elles ne sont pas labellisées, elles ont un mode de financement qui n'est pas spécifique. Dans ce cas-là, l'établissement doit gérer son personnel, et peut-être le réduire sur d'autres unités pour le dédier à celles accueillant des personnes ayant des troubles cognitifs.

Donc en fait, on revient toujours au même constat, on manque de moyens. Et s'il manque des moyens dans les unités comme celles-ci, la surveillance ne peut être effectuée correctement. Le personnel est toujours engagé du mieux qu'il peut, mais les conditions de travail sont difficiles", explique la directrice. 

Les Ehpad ont une mauvaise image depuis un moment, ce sont des drames comme ceux parvenus récemment qui les expliquent ? 

"Il faut noter que les établissements font beaucoup d'efforts pour contrebalancer l'image que certains peuvent avoir de nos structures. Et souvent, les personnes qui viennent pour la première fois dans les Ehpad sont étonnées de voir les conditions d'accueil, de prise en charge et d'implication de nos soignants.

Les événements actuels sont très tristes et nous touchent beaucoup. Les soignants donnent sans compter pour leur métier et c'est très dur lorsqu'il se passe de tels incidents" indique Marie Amandine. 

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