Condamné en décembre 2023 à 5 ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes, Florian D., militant anarchiste surnommé aussi "Libre Flot", dénonce dans une interview au média Blast une instrumentalisation de l’antiterrorisme par l'Etat à des fins de répressions. Il a fait appel de sa condamnation.
Se retrouver en prison, accusé de terrorisme pour s’être amusé avec quelques explosifs entre copains et après avoir combattu Daesh en Syrie, c’est ce que dénonce Florian D., militant anarchiste qui travaille aujourd’hui dans un café culturel de Midi-Pyrénées.
Le 22 décembre 2023, celui qui est surnommé "Libre Flot" ainsi que six autres personnes, considérées comme des sympathisants d’extrême-gauche, sont condamnés pour avoir fomenté des projets visant à « troubler gravement l'ordre public » et à « porter atteinte à l'intégrité de policiers ». Considéré comme la tête pensante du groupe, Florian D. écope de la plus lourde peine : 5 ans de prison dont 2 et demi avec sursis. Aujourd’hui libre mais sous contrôle judiciaire, il dénonce ces condamnations et évoque le traumatisme de la prison.
Sous haute surveillance pour avoir combattu Daesh en Syrie
« Toute l’affaire a été montée parce qu’il y a 7 ans, j’ai rejoint les YPG, les unités de protection du peuple au Kurdistan occidental qui est en Syrie, avec qui j’ai combattu contre Daesh », commence Florian D. dans une interview donnée à nos confrères de Blast.
Une fois rentré en France en janvier 2018, "Libre Flot" vit en itinérance dans son camion, parfois sur des ZAD, et réalise rapidement qu’il est surveillé de près par les autorités. « À chaque contrôle routier, les policiers étaient d’abord normaux, mais dès qu’ils cherchaient mon nom, ils montraient des signes de panique ».
"Des conneries de gamins" et de longs mois d'écoute
Quand arrive le confinement au début de l’année 2020, Florian D. rejoint des amis dans la campagne tarnaise. « Pour s’occuper, on a fait des conneries de gamins, on a tenté de faire exploser des pétards confectionnés avec des explosifs. Une fois ça a marché. Sur les écoutes, on entend des débiles qui sont morts de rire, à aucun moment on dit "tient si ça marche on fera çi, on fera ça" », explique Libre Flot" au média Blast. « Même au procès, il est reconnu que l'enquête n'avait identifié aucun projet ».
La police a fait de nous des terroristes, alors qu'en réalité, on était juste des teubés qui faisaient n'importe quoi.
Florian D, militant anarchiste accusé de terrorismeBlast
Ajouté à cela quelques parties d’airsfot dans une maison abandonnée, considérées comme des entraînements paramilitaires par la DGSI, ainsi que des « paroles en l’air incriminantes » tirées d’au moins 10 mois d’écoute, et l’arrestation tombe.
Le traumatisme de l'isolement et la colère de la condamnation
Florian D. est maintenu en isolement durant 15 mois, « une véritable torture blanche » pour le militant anarchiste qui est alors au bord du craquage. Il entame une grève de la faim et fini par être sorti de l’isolement « à deux doigts de mourir » selon ses mots. Des souvenirs encore très difficiles à évoquer pour l'homme de 39 ans.
Être considéré comme un terroriste par la justice, après ce que j'ai fait pour combattre le terrorisme, c'est une insulte que je ne peux pas tolérer.
Florian D, militant anarchiste condamné pour terrorismeBlast
« Si des militants qui ne se connaissent même pas tous entre eux, et qui n'ont pas de projet terroriste précis, peuvent être condamnés pour terrorisme, ce serait une arme de plus pour criminaliser toutes les contestations radicales », redoute "Libre Flot" devant notre confrère de Blast.
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Comme six des sept condamnés dans cette affaire, Florian D. a fait appel de sa condamnation. Pour le moment, aucune date n’a été fixée pour le procès en appel.
Si sa condamnation est confirmée, il sera inscrit au fichier judiciaire des auteurs d’infraction terroriste, l’empêchant d’exercer certains métiers et permettant une surveillance accrue des services de renseignement durant des années.