Les mois de confinement ont logiquement ralenti les marchés immobiliers et bancaires et la ville rose ne fait pas exception. Le nombre de demandes de crédits a baissé chez certains prestataires, la reprise est en cours. Les taux d'intérêts restent bas, malgré une légère hausse.
Avec des taux historiquement bas, le début de l'année 2020 avait bien commencé. Le confinement a entraîné une baisse du nombre de ventes pendant les mois de mars et avril : les visites ont été interrompues et la signatures des actes notariés limités, et ce malgré la mise en place des signatures à distance.
Le groupe ICC Finance, société de courtage, a enregistré une baisse de deux tiers de ses demandes de crédits sur la région toulousaine. Mais l'activité repart. "Nous avons retrouvé une activité presque similaire à celle que nous avions avant la crise sanitaire", explique le co-fondateur, Hugo Cariat, dans un communiqué.
Même constat du côté de la FNAIM, un syndicat immobilier qui compte environ 300 agences sur l’ex-région Midi-Pyrénées. "L'activité a repris comme avant le début du confinement", assure Samuel Sotum, son président. "L'immobilier reste une valeur refuge, les gens ont l'amour de la pierre. De plus, avec le confinement , les gens ont eu le temps de se poser, d'analyser. L'achat immobilier reste une manière de se protéger et est vu comme un investissement sécure." Les projets immobiliers se poursuivent, voire s'accélèrent, pour les foyers qui ont souffert pendant le confinement et qui veulent changer de logement pour investir dans un bien avec jardin par exemple.
Le développement des dossiers dématérialisés
Sur la première partie de l'année, la Caisse d'épargne (qui couvre 1 crédit immobilier sur 5 en Midi-Pyrénées) ne constate de son côté aucun ralentissement et parle au contraire d'une hausse de 20% des crédits habitation sur le 1er semestre 2020. "Malgré un petit creux constaté de mi-mars à début avril, le temps que tout le monde s'adapte, nous n'avons pas eu de baisse des demandes". "99% des agences sont restées ouvertes au public." Le confinement a permis le développement de la relation clients à distance. "Les délais d'obtention sont selon ainsi raccourcis," selon Yann Le Guilloux :
C'est une des évolutions prise pendant le confinement qui va rester, le dossier de demande de crédit immobilier peut désormais être dématérialisé de A à Z.
Un taux d'emprunt plus haut qu'avant le confinement
Autre constat : les taux d'emprunt sont plus haut qu'avant le confinement. Pour ICC Finance, le taux d'emprunt sur 20 ans est passé en 3 mois de 1,12% à 1,25%, soit une légère hausse. Celle-ci devrait pourtant se poursuivre mais de manière modérée.
Quelques indicateurs, comme la création de la dette due à la situation actuelle, laissent penser qu'ils vont continuer à augmenter dans les mois à venir. Néanmoins cela devrait se faire de manière progressive et limitée.
Pour Yann Le Guilloux, de la Caisse d'Épargne, la hausse est minime, de quelques dizièmes de points. "Les banques ont l'argent pour prêter, grâce au soutien de la politique européenne. Il n'y a pas de risque que les taux augmentent."
Malgré tout, au vu du contexte, les banques devraient prendre moins de risques qu'avant. "Sur les années 2017 à 2019, nous avons parfois vu des projets d'achat où le taux d'endettement était un peu limite ou bien des projets où l'apport était faible voire inexistant. Il y a fort à parier que les banques vont être de plus en plus sélectives et qu'elles exclueront du financement les dossiers qui seront jugés tout juste acceptables."
Un avis partagé par le président de la FNAIM, qui prévoit également un durcissement de l'accès au crédit. "Les particuliers gagnant moins de 2500€ par mois risquent d'avoir plus de difficultés à emprunter" précise-t-il. "Cela ne changera pas la donne, sauf peut-être de réduire la capacité de certains investisseurs."
Yann Le Guilloux, mandataire du pôle banque de détail de la Caisse d'Epargne Midi-Pyrénées, affirme :
"La banque ne va pas durcir ses critères, qui restent l'observation du taux d'endettement (ndrl : <35%) et du reste à vivre."
Un reste à vivre évalué à titre d'exemple à 800€ pour une personne seule ou à 1600€ pour un couple avec enfants.
Le marché immobilier dépendant de la santé économique
Si ces critères n'évoluent pas, la santé économique des ménages, elle, est dure à prévoir. Yann Le Guilloux le concède : "il reste une inconnue. Quel sera l'impact du Covid sur l'économie?".
ICC Finance constate que sur la région toulousaine, un client sur 3 est employé d'Airbus ou de ses sous-traitants. La santé du secteur aéronautique aura donc une influence certaine sur les marchés. Difficile de se projeter pour l'instant "nous verrons l'impact dans 6 mois" explique Samuel Sotum.