La sécheresse touche de plein fouet la région d'Occitanie et avec elle l'ensemble de ses cours d'eau, ses fleuves et ses lacs. Des images impressionnantes et alarmantes qui reflètent les premiers effets de la canicule et du dérèglement climatique.
Malgré le thermomètre flirtant avec les 40° degrés en ce milieu d'après-midi, quelques vacanciers n'hésitent pas à se promener sur les quais de Garonne pour admirer le fleuve toulousain. Après la centrale hydroélectrique du Bazacle, le niveau de l'eau est tellement bas que l'on pourrait presque passer d'une rive à l'autre, les pieds secs. Le seuil d'alerte est presque atteint.
Pour ne pas retrouver la Garonne à sec, de l'eau retenue dans les barrages des Pyrénées a été rejeté dans le fleuve afin de lui assurer un débit correct (soutien d'étiage). Elle met près de 24 heures à descendre jusqu'à Toulouse (Haute-Garonne).
Le constat est identique en amont, du côté de la commune de Carbonne (Haute-Garonne), comme le montre cette publication Instagram :
"Il y a besoin de beaucoup d'eau en ce moment. Pour l'eau potable, il y a un million de personnes qui dépendent de la Garonne. Pour l'agriculture, il y a 70 000 hectares qui sont irrigués pour notre alimentation. Et enfin, que ce soit pour les industries, que ce soit la papeterie, ou la centrale nucléaire de Golfech" explique Jean-Michel Fabre, Président du Syndicat mixte d'études et d'aménagement de la Garonne (SMEAG).
Des lâchers d'eau records
25 millions de m3 d’eau ont déjà été déstockées des réserves des Pyrénées. Un record ! Plus du double jamais utilisé les années précédentes.
Il suffit d'ailleurs d'observer les images satellites des lacs des Pyrénées comme l'étang d'Izourt ou l'étang de Gnioure pour observer le phénomène.
Il suffit de revenir sur Terre pour découvrir l'ampleur des quantités d'eau relâchée vers la Garonne.
Des phénomènes précoces
Les randonneurs qui connaissent bien ces endroits ne cachent pas leur surprise face à des niveaux aussi bas. L'inquiétude est d'autant plus grande que "Les Pyrénées ont eu pas mal de pluie au cours des derniers mois et que la neige a fondu très vite. L'eau emmagasinée cet hiver ne va pas suffire à remplir à nouveau ces plans d'eau" constate Jean Olivier de France Nature Environnement Midi-Pyrénées.
L'association environnementale comptait lancer "fin août, fin septembre" sa campagne "A Sec" afin de connaître les niveaux des cours d'eau dans plusieurs régions françaises, dont l'ancienne région Midi-Pyrénées. Finalement, les appels à recenser les rivières "ASSEC" ont déjà commencé.
"On ne pensait pas que cela commencerait aussi tôt, reconnait Jean Olivier. Il faut qu'il y ait assez d'eau dans les rivières pour maintenir la biodiversité mais nous savons aussi que les gros lâchers des barrages peuvent aussi la perturber. On doit prendre cette situation comme une alerte. Elle conforte les modèles sur le dérèglement climatique et ce n'est que le début. Nous n'avons toujours pas pris la mesure du problème. C'est inquiétant." Traverser la Garonne à sec dans les prochaines années n'est désormais plus écarté.