Derichebourg vient de signer avec Force ouvrière un accord de performance collective (APC). Près de 200 personnes ont manifesté durant toute la matinée afin de dénoncer la suppresion d'acquis sociaux contre le maintien de l'emploi.
«Nous avons choisi à Force Ouvrière de sauver l'emploi». C'est pour cette raison que le secrétaire général FO du CSE de l'entreprise Derichebourg, Eric Fabre, a signé ce vendredi un accord de performance collective (APC).
Cet accord prévoit la suppression d'acquis sociaux notamment une indemnité de transport, une indemnité de repas, qui « a été remplacée par des tickets-restaurants » et « la suppression du 13e mois pour les salariés qui gagnent plus de 2,5 fois le SMIC », a-t-il indiqué.
L'option d'un Plan de sauvegarde pour l'emploi (PSE), un temps envisagé, est pour le moment écarté, au moins jusqu'en 2021. Ce PSE prévoyait la supression de 700 postes sur les 1.600 salariés que compte ce sous traitant d'Airbus, dont 1.400 travaillent sur les sites de l'agglomération toulousaine.
#Derichebourg :
— Gaëtan Gracia (@GaetanGracia) June 12, 2020
Du fumier pour les fumiers pic.twitter.com/wwdg3BmbIh
Une "douche froide" pour les salariés
Mais cette signature ne passe pas chez une partie des employés. Durant toute la matinée, devant le siège de Derichebourg à Blagnac, où du fumier a été déversé, 200 manifestants ont exprimé leur refus de cette décision, pointant du doigt Force ouvrière comme des "collabos". Deux autres organisations syndycales ont rejetté cet APC (L'UNSA et la CFE-CGC).
"C'est un douche froide déplore l'un des manifestants. On s'attaque encore aux salariés. Jamais on ne remet en question les dividendes ou les postes des dirigeants. C'est toujours à nous de trinquer. On est en train de se faire voler." Un autre salarié explique à quel niveau il risque d'être payé si le projet est signé : "Moi j'ai un salaire de 1700-1800 euros. Avec l'APC, les indemnités transport et repas vont être supprimées. Ce sera 300 euros de moins sur mon salaire, auxquels il faut ajouter la disparition des primes de travail de nuit de 200 euros. Au final, je vais me retrouver avec un salaire de 1200 euros."
Alors que les salariés se sont largement mobilisés pour faire en sorte que l’entreprise
— Manuel Bompard (@mbompard) June 12, 2020
puisse continuer à vivre pendant le confinement, il n'est pas acceptable que les salariés de #Derichebourg payent aujourd’hui la
facture. Non à l'Accord de performance collective mal-nommé ! pic.twitter.com/GQNNTuXn3K
Un APC qui en appelle d'autres ?
Manuel Bompard (France Insoumise) et Hélène Magdo (France Insoumise), candidate sur la liste Archipel Citoyen, étaient présents aux côtés des manifestants. Car après les annonces d'aides du gouvernement de mardi, ce dossier s'avère très politique.
Derichebourg Aeronautics Services est la première entreprise du secteur de l'aéronautique à adopter un APC afin de répondre aux conséquences de la crise sanitaire du coronavirus. Selon elle, son chiffre d’affaires aurait "brutalement chuté de plus de 50 % depuis le mois de mars 2020". Dans un communiqué diffusé ce soir à la presse, la société toulousaine se félicite de la solution trouvée : "Ces efforts partagés, adossés aux mesures d’activité partielle de longue durée déployée par l’Etat, permettront de maintenir l’emploi et assurer la pérennité de l’entreprise."
Un point de vue bien éloigné de celui de cet employé de Derichebourg "la crise est un prétexte à cet accord de performance collective. Nous sommes les premiers mais nous ne serons pas les derniers à le subir." "Avec la quantité de dividendes qu'ils dégagent chaque année, estime un autre, je pense que nous sommes capables d'armortir trois mois de crise et d'attendre des jours meilleurs." Les salariés de l'entreprise se sont réunis en assemblée générale afin de déterminer la suite à donner à leur mouvement de protestation.