Notre côlon est capable de lutter contre le cancer colorectal. C'est le résultat d'une étude de deux chercheuses toulousaines. Cette découverte ouvre la voie à des thérapies plus ciblées et peut-être à un futur vaccin contre le cancer du côlon.
Notre côlon est capable de lutter contre le cancer colorectal. C'est le résultat d'une étude de deux chercheuses toulousaines. Cette découverte ouvre la voie à des thérapies plus ciblées et peut-être à un futur vaccin contre le cancer du côlon. En vidéo, le reportage de Christophe Romain et Laurence Boffet.
La preuve est faite de la capacité de l'intestin à se défendre lui-même contre les tumeurs
Des cancers du côlon qui disparaissent spontanément chez certaines souris... C'est la découverte insolite et hautement prometteuse de Christel Devaud, une chercheuse de l'Oncopole de Toulouse. Ses investigations mettent en évidence la capacité de l'intestin à se défendre lui-même contre les tumeurs et à éradiquer les métastases du cancer colorectal.
Une grande avancée sur le plan de la recherche qui est porteuse de beaucoup d'espoir pour les patients. "Ici, c'est le groupe d'animaux qui a reçu le cancer colorectal métastatique avec une tumeur dans le colon et dans le foie, explique Christel Devaud, chercheuse de l'équipe T2i au Centre de recherche en cancérologie de Toulouse (CRCT) devant les clichés des animaux concernés. Et vous voyez qu'ici, les premiers jours d'implantation, tous les animaux développent exactement les mêmes tumeurs". "Et quelque temps après, la moitié des souris vont développer un cancer colorectal létal et dans l'autre moitié des animaux, on a un rejet complet et durable du cancer colorectal".
Le côlon est la partie de l'intestin qui vient après l'intestin grêle et va jusqu'au rectum. La paroi intérieure du côlon et du rectum est tapissée d'une muqueuse qui peut secréter des excroissances qu'on nomme des polypes. Ces tumeurs sont le plus souvent bénignes, mais certaines s'avèrent cancéreuses.
Qui sont les responsables de la maladie ?
La découverte de Christel Devaud met en lumière un phénomène qu'on ignorait jusqu'alors. Qui sont les responsables de cette résistance à la maladie ? Des lymphocytes T. Des cellules tueuses garantes de la défense de l'organisme et qui ici proviennent directement de l'intestin. Ces résultats obtenus sur l'animal se vérifient aussi chez l'homme. "Quand on a fait cette découverte un peu inattendue de ce pouvoir du côlon, on est allé voir chez les patients si on pouvait trouver ces lymphocytes T tueurs, poursuit Virginie Feliu, ingénieure de recherche dans l'équipe T2i au CRCT. Et ça nous a permis de faire le lien avec ce qu'on avait observé chez la souris qui en fait nous montrait que les patients qui ont ces lymphocytes tueurs activés dans l'intestin, sont des patients qui vont pouvoir mieux combattre la métastase". Les retombées thérapeutiques attendues sont immenses. Un espoir pour les quelque 43.000 nouveaux malades atteints d'un cancer colorectal chaque année.
"Grâce à la découverte qu'on a faite, la perspective en clinique, c'est qu'on va pouvoir identifier probablement les patients qui auront la bonne immunité intestinale et qui seront ceux qui répondront à un traitement par immunothérapie, poursuit Christel Devaud. Et d'autre part, les patients qui ne répondent pas à cette immunothérapie, qui n'ont pas la bonne immunité intestinale, chez ceux-là, on pense qu'on va pouvoir la stimuler par un vaccin que l'on est en train de développer". Mais il faudra encore être patient... Les premières doses de ce vaccin contre le cancer du côlon ne devraient pas être disponibles avant au moins 5 ans.
(Avec Christophe Romain)