Des parents d'enfants sourds ont exprimé leur colère ce vendredi 27 septembre devant l'école de Ramonville-Saint-Agne (Haute-Garonne). L'établissement accueille moins d'élèves cette rentrée, une dizaine sont privés d'enseignement spécialisé.
Des calicots et des banderoles. Mais pas de porte-voix en ce matin du 27 septembre. Devant le groupe scolaire de Ramonville-Saint-Agne, la plupart des manifestants échangent silencieusement, en langue des signes, et parmi eux, de nombreux parents d'enfants sourds, venus exprimer leur mécontentement.
Dix enfants refusés
En cette rentrée, dix élèves ont vu leur inscription refusée au sein du Pôle d’Enseignement des Jeunes Sourds (PEJS) intégré à l'établissement. Les parents ont été contraints de les scolariser dans des écoles d'enseignement classique.
Un recul incompréhensible aux yeux de Sébastien. Ce papa se réjouissait de voir sa fille s'épanouir depuis son arrivée dans l'institution spécialisée.
Aujourd'hui, on ferme un peu la porte à une organisation qui pourtant marche très bien
Sébastien Arnaud, père d'une enfant sourde
Écoles victimes de leur succès
Reconnues pour la qualité de leur prise en charge des enfants sourds, les écoles maternelle et élémentaire de Ramonville-Saint-Agne accueillaient ces dernières années entre 60 et 70 élèves, délivrant un enseignement bilingue intégrant la langue des signes.
Mais pour cette rentrée 2024-2025, la mairie a décidé de limiter sa capacité à 56 élèves, en se conformant à la convention signée avec le rectorat. "À l’origine, ce pôle d'enseignement ne devait accueillir que 36 élèves", rappelle Christophe Lubac, le maire (Génération.s) de Ramonville-Saint-Agne, qui a accepté de monter à 56 face à l'afflux des demandes. "Mais pas au-delà", pour respecter un équilibre satisfaisant entre enfants entendants et sourds, afin de réussir l'inclusion de ces derniers.
3 PEJS seulement en France
Pour l'élu, la solution n'est pas d'alourdir les effectifs des écoles de sa commune, mais d'aller au-delà de 3 PEJS pour 10 000 enfants sourds scolarisés en France.
Trois PEJS sur l'ensemble du territoire national, ce n'est pas assez. La loi de 2005 en prévoit un dans chaque académie. Le sujet, c'est donc de savoir comment on fait pour en créer de nouveaux
Christophe Lubac, maire de Ramonville-Saint-Agne
Un vœu pieux
De nouveaux Pôles d’Enseignement des Jeunes Sourds ? L’Association des Parents d’Enfants Sourds (APES) 31 mène également la bataille, mais fait le constat que ça reste un vœu pieux. Ses membres militent en faveur de la création de PEJS un peu partout en France, pour ne pas que des familles se retrouvent sans lieu d'accueil pour leur enfant.
Il faut de nouveaux PEJS, tous les enfants sourds ont droit à la même égalité des chances
Brigitte Vivet, présidente de l'Association des parents d'enfants sourds 31
En France, moins d'un enfant sourd sur dix est scolarisé dans une école adaptée.