2003 : Dominique Baudis est mis en cause dans l'affaire Alègre dans une sordide affaire qu'il révèle au journal télévisé. Il ne sera totalement innocenté qu'en 2005 et racontera son calvaire dans un livre. Retour sur l'affaire qui bouleversa la vie de Dominique Baudis qui s'est éteint ce 10 avril.
L'ancien maire de Toulouse, journaliste et défenseur des droits de l'homme Dominique Baudis s'est éteint ce 10 avril à 66 ans d'un cancer généralisé. En 2003, sa vie avait été bouleversée par sa mise en cause dans l'affaire Alègre. Il ne sera jamais mis en examen et sera totalement mis hors de cause en 2005. Ce dossier le marquera profondément.En 2003, Dominique Baudis, alors qu'il est président du CSA, est mis en cause par des prostituées de la région de Toulouse dans l'affaire du tueur en série Patrice Alègre. Accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie, il révèle publiquement cette sordide affaire au journal de TF1 et, le front perlé de sueur - image qui frappe les esprits -, dénonce la calomnie.
Il ne sera totalement innocenté par la justice qu'en 2005 et racontera son calvaire dans un livre, "Face à la calomnie".
"C'est la rage et les bouffées de colère qui m'aident à tenir. Si j'avais mis fin à mes jours, on l'aurait traduit comme un aveu de culpabilité. Bien sûr que je n'en sors pas indemne, j'en sors même très meurtri. Ce drame représente certainement un tournant dans ma vie", confia-t-il lors de la sortie de "Face à la calomnie", journal qu'il a tenu pendant ses 18 mois de cauchemar. Il reproche à son successeur à la mairie de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, de ne pas l'avoir prévenu des accusations et au quotidien La Dépêche du Midi de l'avoir diffamé.
20 heures le journal du 20 Janvier 2005 par Bontrip
En novembre 2013, dans sa dernière intervention télévisée sur notre plateau de La Voix est Libre, il déclarait "J'ai été victime d'un accident du travail un peu violent". Ajoutant que cette expérience l'avait renforcé dans son souhait de défendre les victimes d'injustices.
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Le volet Dominique Baudis dans l'affaire Alègre
Patrice Allègre est un tueur en série arrêté à Châtenay-Malabry le 5 septembre 1997 et condamné le 21 février 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, pour cinq meurtres, une tentative de meurtre et six viols. Lors de l'instruction de son procès, deux prostituées, Fanny et Patricia affirment que patrice Alègre a bénéficié de protection. le tueur aurait été membre d'un réseau de prostitution qui organisait des parties sadomasochiste auxquelles participaient des notables locaux, dont Dominique Baudis.
Le président du CSA révèle lui même sa mise en cause dans le dossier, en direct sur TF1. Il ne sera jamais mis en examen dans cette affaire et le 11 juillet 2005, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Toulouse confirme le non-lieu général dans le volet « viols et proxénétisme en bande organisée » dans lequel Dominique Baudis et d'autres personnalités avaient été mis en cause.
Des dénonciations calomnieuses
Après être revenues sur leurs déclarations, les deux ex-prostituées, Fanny et Patricia, ont été reconnues coupables de dénonciation calomnieuse et respectivement condamnées à deux et trois ans de prison avec sursis par le Tribunal correctionnel de Toulouse le 26 mars 2009.
Karl Zéro, à l'époque présentateur sur Canal+, a bénéficié d'un non-lieu en mars 2007 à la suite de sa mise en examen pour « sortie illicite de correspondance », « violation du secret de l'instruction » et « violation du secret professionnel » après avoir lu en direct à la télévision une lettre du meurtrier Patrice Alègre confirmant l'implication de Dominique Baudis dans cette affaire. En janvier 2009, il est à nouveau mis examen pour « sortie irrégulière de correspondance de prison ». Il a également accusé La Dépêche du Midi et son directeur Jean-Michel Baylet d'avoir contribué à propager la rumeur.
Les suites judiciaires avec le livre "face à la calomnie"
Sous le titre Face à la calomnie, Dominique Baudis publie en 2005 le journal qu'il a tenu pendant dix-huit mois, de 2003 à 2004, victime d'une longue campagne de calomnies. Dans ce livre, il accuse l'ex-gendarme Michel Roussel d'avoir orienté les témoignages des deux anciennes prostituées qui l'avaient impliqué dans l'affaire Alègre. Cela lui vaudra d'être condamné pour diffamation en première instance le 4 janvier 2006. Le 9 août de la même année, la Cour d'appel de Toulouse a confirmé la diffamation ; il est condamné à verser mille euros à Michel Roussel. Dans ce livre, il dit ne pas comprendre l'attitude de son successeur à la mairie de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, qu'il accuse de complaisance à l'égard de la rumeur.
"Affaire Alègre : comment tout à dérapé" : émission mots croisés d'Yves Calvi sur France 2