Dominique Baudis, ancien maire de Toulouse, défenseur des droits, ancien journaliste de télévision est mort ce jeudi matin à l'âge de 66 ans d'un cancer généralisé à l'hôpital du Val-de-grâce à Paris. Retour sur la carrière d'un homme qui a marqué la ville rose.
"Modestement bourré d'orgueil, il rêvait d'avoir plusieurs vies", disait justement un des proches de cet homme qui fut le "gendre idéal" pour des millions de téléspectateurs du temps où il présentait le journal télévisé. Davantage séducteur que guerrier, Dominique Baudis - regard bleu et silhouette de jeune homme - était introverti, posé, solitaire, prudent dans sa carrière et discret dans sa vie, alors que tout son parcours professionnel ne fut qu'une longue exposition au public. Apparente contradiction qui ne fut pas toujours simple à résoudre: "Je suis issu d'une famille dont la tradition a été de servir l'Etat et la République. J'ai continué dans cette voie. Alors, oui, la vie publique c'est passionnant, mais le tribut, est parfois très lourd".
Le fils du maire, toulousain et journaliste
Fils de l'homme politique et maire de Toulouse pendant 12 ans, Pierre Baudis, Dominique Baudis effectue ses études au collège du Caousou à Toulouse. Diplômé de Sciences Po à Paris, il débute sa carrière de journaliste au Liban en 1971. Correspondant de l'ORTF puis de TF1 au Proche-Orient, il couvre la guerre du Liban.De retour à Paris, il présente ensuite le journal télévisé de 1978 à 1980, puis celui de FR3 jusqu'en 1982. Et sur TF1 en 1979, en tant que présentateur du JT
La carrière politique
Il renonce au journalisme pour la politique. Son élection à la mairie de Toulouse en 1983 - où il succède à son père, Pierre, maire depuis 1971 - marque le début d'une riche carrière, toujours dans les rangs des centristes où il s'était situé dès 1965 en devenant responsable du mouvement des Jeunes démocrates.Les mandats s'accumulent : en 1984, il est élu au Parlement européen, en 1986, au conseil régional Midi-Pyrénées, qu'il préside, et à l'Assemblée nationale pour un mandat plusieurs fois reconduit, sous l'étiquette UDF. S'il avait voulu, il aurait pu alors être ministre. Mais il assurait préférer s'occuper à plein temps de la ville rose où il sera facilement réélu trois fois. Il sera maire pendant 18 ans.
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Après sa démission de tous ses mandats
Entre 2000 et 20001, il prend la tête du comité éditorial du Figaro. Sa nomination en janvier 2001 à la tête du CSA par le président Jacques Chirac l'oblige à démissionner de tous ses mandats et fonctions. Là, il s'emploie au lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) en mars 2005. En 2007, il est élu à la tête de l'IMA où il succède au gaulliste Yves Guéna, mettant en avant son expérience proche-orientale qui lui a permis d'écrire plusieurs livres sur la région ("La Passion des chrétiens du Liban" en 1978, "La Mort en keffieh" en 1980, "Raymond d'Orient" en 1999, "Les amants de Gibraltar", pour lequel il obtient en 2010 le prix Méditerranée).L'affaire Alègre
En 2003, il est mis en cause par des prostituées de la région de Toulouse dans l'affaire du tueur en série Patrice Alègre. Accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie, il révèle publiquement cette sordide affaire au journal de TF1 et, le front perlé de sueur - image qui frappe les esprits -, dénonce la calomnie. Il ne sera totalement innocenté par la justice qu'en 2005."C'est la rage et les bouffées de colère qui m'aident à tenir. Si j'avais mis fin à mes jours, on l'aurait traduit comme un aveu de culpabilité. Bien sûr que
je n'en sors pas indemne, j'en sors même très meurtri. Ce drame représente certainement un tournant dans ma vie", confia-t-il lors de la sortie de "Face à la calomnie", journal qu'il a tenu pendant ses 18 mois de cauchemar. Il reproche à son successeur à la mairie de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, de ne pas l'avoir prévenu des accusations et au quotidien La Dépêche du Midi de l'avoir diffamé.
Le retour dans les institutions et en politique
En février 2007, il est élu à la présidence de l'Institut du monde arabe (IMA). En 2009, il retrouve un mandat de député européen après avoir été élu dans le Sud-Ouest à la tête de la liste UMP. Vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, il est rapporteur sur les négociations de l'accord d'association UE-Syrie.Il est nommé le 22 juin 2011 pour un mandat de six ans non renouvelable au poste de Défenseur des droits, qui absorbait les missions du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS). Mineurs isolés en détresse, citoyens en butte à l'administration, détenus maltraités... le Défenseur des droits reçoit quelque 100.000 sollicitations en 2012.
Personnalité mesurée, Dominique Baudis reste relativement discret à ce poste. Sur quelques sujets, il tape cependant du poing sur la table, comme sur les Roms, en septembre 2013, lorsqu'il accuse le gouvernement de ne pas appliquer ses propres règles encadrant le démantèlement des bidonvilles.
Il succombe à la maladie à 66 ans
"Dominique Baudis, Défenseur des droits, est décédé le 10 avril à l'hôpital du Val-de-Grâce où il avait été admis le 5 avril dernier à l'issue d'un courageux combat contre le cancer qu'il a mené sans relâche au cours de ces derniers mois", a annoncé l'institution qu'il dirigeait dans un communiqué. Il avait subi deux chimiothérapies. Ses dernières apparitions publiques l'avaient montré considérablement affaibli.Dominique Baudis avait épousé en secondes noces la journaliste et écrivain franco-algérienne Ysabel Saïah-Baudis. Il était père de trois enfants dont Florence, qui s'était engagée en politique à Toulouse sur ses traces. Il est décédé ce jeudi à l'âge de 66 ans d'un cancer généralisé.
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