Drogue. "Elle était une proie facile, prise en otage avec ses enfants", une mère cède à la pression et transporte du cannabis

Suspectée d'avoir importé près d'une tonne de cannabis entre l'Espagne et Toulouse, une mère de famille a été condamnée à 3 ans de prison, ce 6 février 2024. Elle avait été interceptée avec 89kg de cannabis en revenant d'Espagne. Compte tenu de son profil, son avocat n'exclut pas de faire appel.

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Comment une maman se retrouve-t-elle à faire la route entre Toulouse et l'Espagne avec l'aide d'un de ses fils, pour ramener 89 kg de drogue dissimulés dans sa voiture ? La question était au centre du procès qui s'est déroulé ce mardi 6 février 2024 au tribunal judiciaire de Toulouse. Sur le banc des prévenus : une mère de famille de 38 ans comparait seule. Elle va écoper d'une peine de trois ans de prison pour avoir importé près d'une tonne de cannabis en une dizaine de trajets.

"Après plusieurs refus, elle a fini par céder"

Selon Me Hemza El Moujaddide, sa cliente vivait dans une certaine précarité. Elle n'a plus d'emploi, doit subvenir aux besoins de ses deux garçons, et elle consomme des produits stupéfiants. "Des personnes connaissant sa précarité, sa situation sociale, ont décidé de lui proposer de faire ce type de trajet. Malheureusement, après plusieurs refus, elle a fini par céder", explique l'avocat.

Elle est tombée dans l'engrenage. Un trajet, deux trajets, trois trajets... Jusqu'au moment où elle a voulu arrêter. Vous savez comment ça fonctionne dans ce type de réseau. C'est dur de dire non à la fin.

Me Hemza El Moujaddide,

avocat de la mère de famille


À la barre, la mère de famille explique avoir accepté ses convois de drogue pour éviter qu'on ne fasse du mal à ses enfants. "Elle était une proie facile aux mains des trafiquants, prise en otage par crainte pour ses enfants", estime Me El Moujaddide. La maman explique qu'elle n'avait guère d'autre choix, qu'elle craignait que quelque chose n'arrive à ses deux garçons âgés de 11 et 15 ans.

14 trajets et une estimation de près d'une tonne de drogue

La mère de famille accepte de faire un premier trajet à l'été 2023. Elle en effectuera quatorze au total, selon les investigations. Jusqu'à ce qu'elle soit dénoncée. Selon son avocat, l'enquête a en effet démarré sur la base d'un renseignement anonyme. Le 10 janvier 2024, elle est arrêtée par les gendarmes qui saisissent alors 80 kg de cannabis tout juste remontés d'Espagne.

Finalement, ça a été en quelque sorte une délivrance pour elle, cette arrestation-là. Ça lui a permis de mettre un terme à tout ça.

Me El Moujaddide,

avocat de la mère de famille

Cette saisie de 80 kg va servir de base à l'estimation totale de la quantité de drogue importée. "Si on multiplie 14 trajets par 80 kilos, ça fait presque une tonne, explique l'avocat. Alors qu'on sait très bien dans ce type de dossier que la quantité n'est pas la même selon les trajets. D’autant plus que d'après ses déclarations et celles de ses enfants, c'était des petites quantités qu'il y avait sur les premiers trajets."

A lire : Trafics de drogue. Le cannabis produit en Catalogne inquiète la France : marché qui explose, fabrication locale, difficultés de traçage

"Une peine raisonnable"

La mère de famille a donc été condamnée à trois ans de prison. "Une peine raisonnable", selon l'avocat de la défense. Le ministère public avait requis quatre ans d'emprisonnement dont un avec sursis. Dans ses arguments de défense, Me Hemza El Moujaddide dit avoir tablé sur l'incertitude concernant la quantité de drogue importée. Mais aussi et surtout sur le profil de sa cliente. "Elle n'est pas l'auteur intellectuel de l'infraction. Ce n'est pas elle qui tire profit de ces trajets-là."

Dans cette affaire, il n'y a pas eu d'autres interpellations, selon l'avocat. "C'est la loi de l'Omerta." Pas question en effet pour la mère de famille de donner les noms des commanditaires. "Avec les possibles représailles derrière, elle ne peut pas se le permettre. Déjà que ces enfants sont seuls, déjà qu'elle faisait ça pour ses enfants... Donner des noms, ce n'est pas possible", indique encore son avocat.

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