Éducation nationale. "On ne va pas dans le bon sens" : Monsieur Le Prof, figure des réseaux sociaux, jette l'éponge

William veut quitter l'éducation nationale. Ce professeur d'anglais a demandé une rupture conventionnelle en octobre dernier. Avec plus de 440 000 abonnés sur Twitter et 250 000 abonnés sur Facebook, Monsieur Le Prof est certainement l'un des professeurs les plus célèbres des réseaux sociaux mais il n'en reste pas moins dans le flou quant à son avenir.

Professeur d'anglais depuis 2011, William anime un compte Twitter satirique en parallèle et répand des anecdotes piquantes sur son quotidien d'enseignant. Suivi par plus de 440 000 abonnés sur Twitter et 250 000 abonnés sur Facebook, Monsieur Le Prof est très populaire sur les réseaux sociaux.

Sur son site internet il propose des lectures, des publications "éthiques et responsables" et des blogs qu'il anime.

Les jeunes m'aiment sur internet mais pas en vrai. Comme je n'ai QUE 18 heures de cours par semaine et pas de vie, faut bien que je m'occupe.

Monsieur Le Prof

Fatigué par des réformes à répétition qui ne lui conviennent pas, il a décidé en septembre 2022 de quitter l'Education nationale à l'aide d'une rupture conventionnelle. Mais sans nouvelles du rectorat de Toulouse, il envisage la démission. Entretien   

France 3 Occitanie : pourquoi avoir raconté le quotidien d’un enseignant ?

Monsieur Le Prof : Lorsque je suis devenu prof, autour de moi, mes amis ou ma famille étaient très curieux de savoir comment cela se passait, comment étaient les élèves, ce qu’ils disaient. Je leur racontais des anecdotes et ça les faisait beaucoup rire. Donc je me suis dit que j’allais raconter ça sur internet sans me dire que ça allait avoir autant d’impact.

Faire partager la réalité du terrain

France 3 Occitanie : qu’est-ce que vous faites sur les réseaux sociaux ?

Monsieur Le Prof : A l’origine, je partageais des anecdotes plutôt humoristiques sur le quotidien de prof qui est quand même fait de moments assez drôles. Entre les élèves qui trouvent des excuses pour ne pas faire les exercices ou des questions rigolotes qu'ils peuvent poser en classe. C’était surtout des anecdotes humoristiques.

Au fur et à mesure des années, c’est devenu un peu plus sérieux car il me semblait qu’il était important de communiquer notamment sur ce que l’on voit, ce que l’on vit de l’intérieur de l'établissement et surtout avec les différentes réformes, du collège de 2016, du lycée de 2019.

Je me suis rendu compte qu’il y avait peu d'écho de ce qui se passait vraiment, on avait le discours politique sur les réformes et de notre côté comment nous on les vivait au quotidien, quels impacts ont-elles sur les élèves ? Donc j’ai commencé à raconter les dessous de l’éducation nationale avec un ton beaucoup plus sérieux.

Dès 2019, lors de la réforme du lycée, je racontais ce qui allait réellement se passer et quel impact cela aurait sur les élèves, par exemple, tout le monde s’étonne en découvrant cette année que les élèves de terminale passent le bac en mars. J'en parlais déjà en 2019.

On savait qu’avec les épreuves du baccalauréat en mars, les élèves ne viendraient plus en cours après. Et nos chers ministres sont apparemment très surpris.

C’est frustrant d’avoir des communicants qui nous vantent des réformes sans dire ce qu’il en sera vraiment. J’avais la volonté de faire partager la réalité du terrain.

Désillusions vis-à-vis de son métier d’enseignant

France 3 Occitanie : pourquoi vouloir quitter l’éducation nationale ?

Monsieur Le Prof : Cela fait un moment que je ressens clairement que l’on ne va pas dans le bon sens au niveau des réformes, cela ne me satisfait pas. A partir du moment où on trouve que son métier perd de son sens, c’est difficile de s’y investir et je ne veux surtout pas devenir le vieux prof blasé.

J’ai un peu fait le tour, j’ai enseigné dans des collèges, dans des lycées et je commençais à étouffer. Il était temps pour moi d’aller vers d’autres horizons et en ce moment, il y a la possibilité de faire une rupture conventionnelle.

Rupture conventionnelle

J'ai fait ma demande en octobre dernier, j'ai été reçu par un RH au Rectorat de Toulouse, qui m'a dit que j'aurais une réponse en mars. Nous sommes le 9 mai et toujours rien. J'ai relancé le rectorat sans réponse, j'ai relancé le RH de proximité, il m'a dit que j'aurais une réponse "prochainement", à l'heure actuelle, je n'ai toujours pas de nouvelle.

D’avoir ce flou, de ne pas avoir de réponse, de ne pas avoir d’interlocuteur, je suis très inquiet.

C'est très frustrant de ne pas avoir de réponse, en 8 mois, il ne s'est rien passé. C'est compliqué, car j’ai un poste qui m’attend en septembre.

J’ai une promesse d’embauche dans une branche totalement différente, c’est un nouveau genre de métier, narratif designer, scénariste de jeux vidéo, c’est un changement de voie total.

J’aimerais pouvoir partir et je pense que ça serait bien pour tout le monde que je parte. 

La réponse du rectorat de Toulouse

Contacté, le rectorat confirme que "le professeur concerné a bien effectué une demande de rupture conventionnelle en octobre. Comme le prévoit le processus, il a été reçu par le DRH adjoint de l'académie de Toulouse dans le mois suivant sa demande. Deux vagues de réponse ont lieu suite à deux commissions par an, au printemps et en septembre. La réponse lui arrivera donc avant la fin du mois", précise le communiqué.

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