La France compte 31 centres de pharmacovigilance. Ils étudient les effets indésirables de certains médicaments. Alors que la campagne de vaccination contre la Covid s'accélère, le centre de Toulouse dévoile son fonctionnement.
C'est le point névralgique où remontent les alertes d'effets secondaires graves. Niché dans les étages de la faculté de médecine, le centre de pharmacovigilance de Toulouse emploie une dizaine de personnes.
À chaque déploiement d'un médicament vers le grand public, il veille à ce que chaque problème survenu chez un patient soit relevé, documenté, enregistré et transmis à l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament.
2.000 cas traités par an
Chaque professionnel de santé peut notifier une observation d'effet indésirable au centre sur tel ou tel médicament. Chaque alerte remontée passe entre les mains d'internes et externes en pharmacie en premier lieu. Ils traitent 2.000 dossiers par an.
Chaucun de ces dossiers est scruté au cas par cas.
On effectue un travail de bibliographie. On regarde dans nos bases de données, françaises et mondiales si un cas similaire a déjà été identifié
Elle travaille par exemple sur "un événement indésirable qui a eu lieu à l'Oncopole concernant un essai clinique d'un anticancéreux. Une fois les dossiers complétés, on les présente à nos responsables", explique l'interne en pharmacie.
Le problème vient du patient ? du médicament ?
Ces responsables, désignées comme seniors dans le jargon médical, sont les deux docteures en pharmacologie attachées au centre. Leur rôle est d'étudier l'imputabilité du médicament dans chaque effet indésirable. De façon à déterminer si le problème est dû au traitement ou au patient lui-même.
Claire De Canecaude, l'une des seniors, précise qu'elle "étudie tous les paramètres : les antécédents du patient, ses pathologies concomitantes, les autres médicaments qu'il prend... On cherche à définir quelle est la responsabilité propre du médicament dans tel ou tel cas. "
Pour cela, deux scores sont établis : un score chronologique basé sur la temporalité entre la prise de la première dose et l'arrivée des symptômes indésirables, et une score sémiologique, c'est-à-dire le lien entre les propriétés du médicament et la survenue de ces mêmes symptômes.
Ecoute et veille auprès des professionnels de santé
Dans le bureau d'en face, Margaux Laforie, elle aussi responsable dans le centre, explique que le travail consiste également à "renseigner les professionnels de santé et les patients autour des effets indésirables reconnus."
Les réponses qu'elles apportent se basent notamment sur les manières de prises en charge des médicaments, sur l'impact que peut avoir telle ou telle consommation d'aliments donnés.
Nous utilisons l'ensemble des données de la science connue pour apporter précisions et des informations transparentes, sans conflit d'intérêt avec les laboratoires pharmaceutiques, sur la balance bénéfice / risque de tel ou tel médicament
La campagne de vaccination accompagnée par le centre
Dans ce contexte de méfiance d'une certaine partie du public auprès du nouveau vaccin contre le coronavirus, le Professeur Jean-François Montastruc, qui dirige le centre de pharmacovigilance de Toulouse depuis 25 ans, se veut rassurant.
"Le centre de pharmacovigilance de Toulouse fait partie d'un comité de centre qui fait remonter toutes les semaines ses résultats", explique le Pr Montastruc, membre de l'Académie de médecine.
Je conçois notre activité comme une activité permettant d'évaluer la balance bénéfice / risque de chaque médicament. Concernant les vaccins, cette balance est largement favorable
Le Professeur Montastruc précise que le système de notification sur lequel travaille son centre est une norme dans le monde entier. "Pour l'instant aucune alerte particulière concernant l'administration de ce vaccin dans le monde n'a fait l'objet d'une alerte." La campagne de vaccination peut donc se développer sereinement en France, selon lui.
Chaque semaine, les données de pharmacovigilance nationale concernant le vaccin Pfizer contre la Covid-19 seront publiées sur le site de l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament.