L'effondrement de l'immeuble rue Saint-Rome à Toulouse aurait pu toucher un monument historique de la ville. Mais 4 jours après, la tour de Serta est toujours debout. De quand date cette tour, à quoi servait-elle et pourquoi a-t-elle résisté ? Voici quelques éléments de réponse.
L'immeuble du 4 rue Saint-Rome aurait pu entraîner dans sa chute la tour de Serta érigée au-dessus de l'immeuble voisin. Elle est toujours debout quatre jours après et ce n'est peut-être pas dû au hasard.
La tour de Serta menacée
L'effondrement de l'immeuble au 4 rue Saint-Rome ce samedi 9 mars 2024 a ému bon nombre de Toulousains. Il laisse un grand trou béant au cœur de l'un des plus vieux quartiers de la ville. Un vide sur lequel trône désormais une de ces tours dont Toulouse a le secret.
Il s'agit de la tour de Serta, un monument historique, qui aurait pu s'effondrer avec l’immeuble. C’est ce qu'ont craint de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Quatre jours après, les amoureux du patrimoine local poussent un grand ouf de soulagement. La tour a sûrement été secouée mais elle a retrouvé son équilibre.
Vestiges de la période des Capitouls
"Ces tours étaient un symbole de puissance et de richesse à l'époque des Capitouls", raconte Jean-François Latger, architecte urbaniste et administrateur de l'association des Toulousains de Toulouse. "En construisant un édifice au-delà des toitures, le propriétaire faisait connaître son rang de notables". À Toulouse, il existe encore une trentaine de ces tours. La plupart sont classées monument historique et à quelques exceptions près elles sont des propriétés privées.
La tour, qui a résisté à l'effondrement a, elle, été construite en 1533 par Pierre de Serta, un riche marchand devenu Capitoul : "Pierre de Serta a d'ailleurs acheté le 2 rue Saint-Rome, puis le 4, l'immeuble qui s'est effondré." rajoute Jean-François Latger. "Les deux immeubles constituaient un seul et même ensemble mais le 4 a été revendu au début du 17ème siècle".
Pourquoi est-elle encore debout ?
Elle a tenu près de cinq siècles et devrait continuer à dominer le centre-ville encore longtemps. La ville de Toulouse se veut rassurante : "Les expertises réalisées ont montré qu'il n'y avait aucun risque pour la tour. L’édifice sera conforté si besoin, une fois les travaux d'effeuillement terminés." Jean-François Latger a aussi son idée sur la solidité de la tour et sa résistance à l'effondrement.
"Au lendemain des violents incendies, qui ont détruit ce quartier au 15ème siècle, les Capitouls avaient imposé des normes draconiennes pour la reconstruction et notamment que chaque corps de bâtiment ait son propre mur", précise-t-il. "C'est probablement ce qui a sauvé la tour. Car s'il n'y avait eu qu'un seul mur commun, les planchers auraient été scellés entre le 2 et 4 de la rue Saint-Rome, et les dommages auraient été sûrement beaucoup plus importants."