Une élève-infirmière originaire de Toulouse, guérie du coronavirus : "Personne n'est à l'abri, faites attention à vous"

Charlotte Lopes a 20 ans. La Toulousaine suit des études dans le sud-est pour devenir infirmière. A la mi-mars, la jeune femme est tombée malade du coronavirus. Elle a partagé son long témoignage sur internet. France 3 Occitanie l’a contacté. 

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Au bout du fil, Charlotte parle beaucoup. Un quasi monologue où la jeune femme raconte son expérience de la maladie, d’une voix légèrement rauque, accompagnée d’un accent du sud-ouest. Dans son récit, elle n’oublie aucun détail : la date, l’heure, les symptômes, les personnes croisées, le sentiment d’oppression, la crainte. 

Contactée au téléphone par France 3 Occitanie, l’élève infirmière nous raconte à nouveau l’expérience du Covid-19 qu’elle a partagé sur les réseaux sociaux. 7 jours au cours desquels, elle a tenu à informer, au jour le jour, sa famille de ce qu’elle vivait et dont voici le texte : 
 

"Non Charlotte, pas vous !"

Lorsque les premiers symptômes apparaissent, un puissant mal de dos et une profonde fatigue, la Toulousaine de 20 ans ne pense pas être malade. "Cela ne m’a pas trop inquiétée. J’étais plus préoccupée par mes études que pour ma santé. Je suis toute frêle. Je mesure 1mètre  55 pour 48 kilos. Dès que je suis sous tension, je peux avoir ces symptômes."

Mais lorsqu’elle apprend qu’elle était en contact avec deux personnes positives, la machine s’enclenche. Charlotte Lopes fait alors face à sa propre peur mais également à celle des autres face à cette maladie. "Lorsque j’ai appelé ma formatrice, elle s’est écriée « Non Charlotte, pas vous. » J’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je suis allée me faire dépister dans un laboratoire. Les personnes ont été très humaines, très gentilles, avec beaucoup d’empathie mais les protocoles donnent l’impression que l’on est une pestiférée alors que c’est justement dans ces moments où l’on a envie qu’on nous prenne dans bras et qu’on nous dise que ça va aller. "

Positive au Covid-19

Jusqu’au bout l’étudiante va se refuser à croire qu’elle est atteinte par le coronavirus. « Une forme de déni » reconnaît-elle.

Le diagnostic tombe quatre jours après les premiers signes de la maladie. Charlotte Lopes souffre bien du Covid-19 comme le montre ce document transmis à France 3 Occitanie :
 

 "Chaque jour, j’avais un nouveau symptôme qui s’ajoutait mais qui ne disparaissait pas. Au mal de dos, à la fatigue, se sont ajoutés, la fièvre, la perte de l’odorat, du goût et ces difficultés à respirer avec ce poids sur la poitrine comme si quelqu’un s’était assis de tout son poids sur ma cage thoracique.

La peur de mourir

Ses parents à Toulouse, la jeune femme se retrouve seule dans son appartement, alternant sanglots et crises de panique jusqu’à un dimanche soir, où elle ne se voit plus respirer. Ses parents lui conseillent d’appeler le Samu. La ligne sature. Ils sont injoignables. Ce sont les pompiers qui vont s’occuper d’elle.

Charlotte, 20 ans, prends alors conscience que sa vie est en danger "Je réalise surtout que je suis en chemin vers cet hôpital mais je ne suis pas sûre d’en revenir. Le pompier qui est resté à mon chevet a 19 ans. Il essaye de me faire rire, de me faire penser à autre chose. J’essaye mais je n’y arrive pas. Je lui dis que je veux revoir ma famille. Un autre me demande si ça va, je le regarde en pleurs et lui dit « Je ne veux pas mourir ». Il me prend le bras, me le serre et me dit « ça va aller Charlotte ». C’est le geste le plus réconfortant que j’ai eu."
 
Dans son lit hospitalier, l’étudiante sait que le "compte à rebours" s’est enclenché et qu’il faut prendre son mal en patience. "Inconsciemment, je savais que j’allais m’en sortir, notamment en raison de mon âge mais j’ai été submergée par l’émotion. J’ai passé le plus clair de mon temps à dormir. J’avais les joues creusées, le teint gris. Une vraie mort vivante. C’est dur à accepter qu’il n’y ai aucun traitement. C’est notre corps qui lutte et notre mental qui doit prendre le dessus."

La volonté de témoigner

72 heures après son arrivée, moins fébrile, un médecin lui demande si elle se sent de sortir. La Toulousaine répond "oui", reprend ses affaires et rentre chez elle. "Je suis sortie de là les larmes aux yeux, heureuse de respirer et d’être encore en vie, nous explique-t-elle l’émotion dans la voix. Mais je savais que j’allais encore en chier."
 
Une semaine après, l’élève infirmière a encore quelques courbatures, du mal à respirer et se sait sur la bonne voie. Son témoignage a été énormément partagé sur les réseaux sociaux. Elle a refusé d’accorder des interviews télé ou radio par respect envers ceux beaucoup plus atteints qu’elle a pu l’être. Mais cette histoire elle veut la partager. "Je l’ai partagé au grand public pour que tout le monde prenne conscience du danger que représente le coronavirus. Beaucoup de personnes ayant vécu la même situation m’ont remercié d’y avoir mis des mots. Je m’en suis sortie et je pense aux personnes hospitalisées.

Avant de conclure : "Surtout n’oubliez pas, personne n’est à l’abri. Alors faites attention à vous."
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