"En l'absence de certitude sur l'achèvement des travaux prévus" : le département bloque les travaux d'une portion de l'A69

Le département de Haute-Garonne n'a pas signé les documents nécessaires au lancement des travaux d'une portion de l'autoroute A69, lundi 25 novembre. La Départementale 20, qui contourne Verfeil devait fermer pour neuf mois afin d'être réaménagée. La collectivité est suspendue à la décision du Tribunal administratif déterminant le futur du projet autoroutier.

Les nouveaux travaux sur le secteur de Verfeil (Haute-Garonne), toujours en lien avec l'aménagement de l'autoroute si controversée A69, devaient débuter le 25 novembre 2024. La Départementale 20, qui contourne la commune, sur une distance de 1,5 km, devait être fermée à la circulation pour 9 mois, afin de devenir un tronçon de la future autoroute. Mais le Conseil départemental de Haute-Garonne a tout bloqué. 

La collectivité ne veut pas signer les arrêtés nécessaires de fermeture pour démolition de la RD20 auprès d'Atosca, concessionnaire de l'A69, avant le début du mois de décembre.

Car le 20 novembre dernier, le Rapporteur public a rendu son rapport demandant l'annulation de l'autorisation environnementale de l'A69 pour absence de raison impérative d'intérêt public majeur. Le tribunal administratif de Toulouse décidera-t-il de suivre cet avis consultatif ? La réponse est attendue le 9 décembre prochain.

Dans un communiqué envoyé à France 3 Occitanie, le Conseil Départemental précise : "La collectivité entend ainsi préserver le domaine public routier départemental en l'absence de certitude sur l'achèvement des travaux prévus, et pour ne pas faire peser inutilement sur la population de Verfeil les contraintes de trafic routier liées à la mise en place d'une déviation dont la durée n'est pas maîtrisée à ce jour."

L'espoir des opposants à l'A69

De quoi réjouir les opposants à l'A69. Alain Hébrard, membre du collectif La voie est libre assure que c'est "un des nombreux effets collatéraux de ce dernier rapport. Il y a une prise de conscience des élus. Et cela montre que toutes les procédures d'annulation ne sont pas épuisées, contrairement à ce qu'aiment prétendre nos adversaires".

Le médecin à la retraite concède qu'il ne "s'attendait pas à ce que les travaux de cette portion soient suspendus. On espère que ça va passer de provisoire à définitif." Des travaux qui allaient entraîner une déviation du trafic routier sur la commune de Verfeil, jusqu'en août prochain. "Ça allait être l'horreur pour pas mal de monde." 

Des travaux anticipés à Verfeil

Patrick Plicque, maire de Verfeil, n'a pas eu son mot à dire sur la suspension de ces travaux. "Nous nous étions préparés à ce que de nombreux véhicules traversent la commune pendant 9 mois. Nous avons effectué des travaux sur la route de Puylaurens, également au niveau du rond-point de la gendarmerie. Nous avions aussi demandé à NGE-Atosca de placer des ralentisseurs."

Si les travaux de l'A69 venaient à s'arrêter après le 9 décembre, ces aménagements perdraient de leur sens. Même si la municipalité assume avoir toujours été contre le projet d'autoroute avant sa mise en chantier, Patrick Plicque ne peut que le déplorer : "Si le projet s'arrêtait, que ferait-on de tous ces ponts, toutes ces portions de route déjà construites entre Castres et Toulouse ? Au fond de moi je me dis que c'est quand même dommage d'avoir attendu tous ces mois, toutes ces années pour arriver à ça. Arrêter le chantier en plein milieu, c'est dommage."

Une incertitude qui a de quoi inquiéter les professionnels engagés sur le chantier, mais aussi les chefs d'entreprise du secteur. Guy Bousquet et de ceux-là. Le président de l'association Via 81 déplore : "Aujourd'hui, l'A69 c'est du harcèlement juridique qui doit cesser pour que nous puissions travailler sereinement. Je suis ému et un peu en colère car cela fait douze ou treize recours perdus. Et celui-là, il peut tout changer".

La Voie est Libre, de son côté, n'écarte pas une éventuelle manifestation le 9 décembre prochain, jour de la décision de justice. "Tout dépendra des conditions dans lesquelles sera rendue la décision. S'il y a une audience, sans doute qu'on se mobilisera, on va y réfléchir", conclut Alain Hébrard.