Enfance maltraitée. Le combat continue pour la pédopsychiatre de Toulouse, à nouveau entendue par ses pairs

Huitième audience pour le Dr Eugénie Izard, ce jeudi 24 novembre cette fois-ci devant la Chambre disciplinaire nationale de l’Ordre des Médecins. La pédopsychiatre a été interdite d'exercice pendant trois mois pour le signalement de maltraitances présumées. Le Conseil d‘Etat avait ensuite annulé la sanction.

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Ce jeudi 24 novembre 2022, la Chambre disciplinaire nationale de l'Ordre des Médecins a longuement entendu deux pédopsychiatres, dont le docteur Eugénie Izard de Toulouse. Toutes deux ont été sanctionnées après avoir fait des signalements de soupçons de maltraitances sur de jeunes patients qu'elles suivaient. Une vingtaine de personnes, médecins et membres d'associations de défense des enfants comme "Protéger l'enfant", étaient venues soutenir les deux pédopsychiatres.

En 2015, la pédopsychiatre toulousaine avait été interdite d’exercice pendant trois mois, pour avoir signalé des suspicions de maltraitances au procureur de la République et au juge des enfants. Une sanction pour "immixtion dans les affaires de famille", prononcée par l’Ordre des Médecins en décembre 2020 et annulée par le Conseil d’Etat en mai dernier. Ce jeudi 24 novembre, le Dr Eugénie Izard était à nouveau auditionnée pour la huitième fois.

Aucun regret

Dans une vidéo diffusée sur YouTube, la pédopsychiatre dit ne rien regretter, "l’issue de ce procès m’est égale, je suis fière de tout ce que j’ai fait, je ne regrette rien, je suis fière d’avoir soutenu et soulagé mes patients, tous les enfants et parents protecteurs que j’ai pu avoir."

Dans son cas, le docteur qui milite dans une association de protection de l'enfance, s'est vue reprocher d'avoir épaulé la mère de l'une de ses jeunes patientes. Les deux pédopsychiatres ont notamment fait valoir jeudi qu'en soignant un enfant, elles devaient prendre en compte "les relations intrafamiliales".

.Soutien du syndicat de la Médecine Générale

Dans un communiqué commun, le Syndicat de la Médecine Générale (SMG) et le Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG) ont "demandé que l’ordre des médecins ne puisse plus se saisir de plaintes et condamner un médecin ayant fait un signalement pour suspicion d’enfant en danger".

Le syndicat de médecins UFML-S s'est dit "solidaire" des deux pédopsychiatres et du collectif Médecins Stop Violences qui les soutient.

"Leurs condamnations contribuent à apeurer toute la profession médicale qui devrait au contraire être en première ligne de la protection des enfants", indique dans un communiqué ce collectif.

 "Acharnement du conseil départemental de l’Ordre des Médecins 31"

Toujours dans sa vidéo, la pédopsychiatre dit ne plus compter les moments où elle a été à terre. "Je n’ai pas la réponse à ce qui a poussé le Conseil départemental de l’Ordre des Médecins 31 à s’acharner toutes ces années et j’espère qu’un jour toute la lumière sera faite sur tout cela".

Le Dr Eugénie Izard espère que la Chambre prendra "une décision pour protéger les enfants et choisira de ne pas se laisser abuser par les manœuvres du Conseil départemental de l’Ordre des Médecins 31 qui démontre l’absence d’arguments et un mépris profond pour l’intérêt des enfants". Enfin elle se dit "sereine sur l’issue de cette audience avec l’intime conviction d’être dans le juste et d’avoir tout fait pour protéger sa patiente".

La Commission Inceste a demandé au printemps de conforter les "médecins protecteurs" contre les "poursuites disciplinaires", relevant que seulement 5% de signalements de maltraitances sont faits par les médecins. Chaque année 160 000 enfants seraient victimes de violences sexuelles en France.

 

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